Nous venons d'apprendre avec émotion et une grande tristesse, la mort ce matin de Pierre Mauroy. La fédération de la Vienne du MRC s'incline avec respect devant sa mémoire et nous pensons à l'homme qu'il a été ainsi qu'au travail immense qu'il a réalisé.
Il était un militant tout d'abord, de la gauche et du Parti socialiste. Il a été de ceux qui avec François Mitterrand et Jean-Pierre Chevènement, ont été en capacité de tracer une perspective politique à la gauche française en créant le Parti socialiste lors du congrès d'Epinay en 1971. Cela a crée les conditions du rassemblement des forces politiques issues du communisme, du socialisme et du radicalisme. Sachant mêler les traditions Démocrates chrétiennes et la sociale-démocratie, c'est tout cet ensemble qui a rendu possible la victoire historique du 10 mai 1981.
Il restera à ce titre, l'emblématique Premier ministre de François Mitterrand celui de la première période du septennat et porteur de toutes les espérances. Sa mémoire sera toujours associée à la retraite à 60 ans, à la cinquième semaine de congés payés, à l'abolition de la peine de mort, aux nationalisations dans les banques et dans l'industrie...Une certaine identité de la gauche et de ses combats. Il a également assumé le virage de la rigueur et l'ouverture de la "parenthèse libérale" de 1983 pour satisfaire aux obligations de la construction européenne. Ce qui nous amènera au Traité de Maastricht en 1992 auquel nous nous sommes opposés.
Mais Pierre Mauroy était également un homme du Nord, profondément attaché à la Région Nord Pas de Calais, dont il fut le premier Président. Il aimait surtout sa bonne ville de Lille. Maire, il en a fait une métropole régionale de premier plan. Il a immédiatement intégré la révolution des Transports et des nouvelles technologies, et il a fait de Lille et de la Communauté Urbaine, un véritable carrefour européen. L'élu local était également un aménageur urbain et un visionnaire.
Il aura profondément marqué sa ville, sa région et notre pays et notre histoire. Jusqu'au bout il a gardé la confiance des milieux populaires auxquels il était très attaché. Sa haute stature, sa courtoisie, son calme, faisaient de lui un homme attachant, ayant un sens aiguë de ses responsabilités et de l'intérêt général. Il a servi sa ville, sa région, son pays et la République avec passion, nous ne l'oublierons pas.
Communiqué de presse de Jean-Luc Laurent, Président du Mouvement Républicain et Citoyen, Député du Val-de-Marne, jeudi 6 juin 2013.
Cet acte inqualifiable, dont les auteurs ne tarderont pas à être connus, ne doit pas être minimisé. La violence d’ordre politique est intolérable et le climat de violence qui s’est installé dans le pays depuis des mois doit cesser. La République réagira et sera intraitable avec les individus et les groupes qui favorisent la haine et prônent la violence.
Pour l’heure, nos pensées vont à la famille, aux amis, aux camarades et aux proches de Clément Méric.
Conformément aux décisions du Conseil national du 24 mars 2013 et du Secrétariat national du 15 mai 2013, vous trouverez, ci-dessous, le texte soumis par la direction nationale au débat interne dans le parti, dans le cadre du processus de convention Europe que nous avons engagé.
Ce texte doit être discuté à tous les niveaux possibles du mouvement. Il est amendable.
Les résultats de ce débat interne nourriront le Conseil national prévu le dimanche 30 juin 2013.
UNE AUTRE EUROPE
Pour le Mouvement républicain et citoyen, l’Europe est un enjeu majeur. C’est une des clés de l’avenir de la France. D’autant que nous ne confondons pas ces deux avenirs. Oui, à nos yeux le futur de la France doit être pensé en lui-même et pour lui-même parce que la France n’est pas " finie " comme JPC a su le montrer dans une approche combinant l’histoire lointaine, l’histoire proche et l’analyse politique.
Cela veut-il dire que l’Europe ne jouerait pas un rôle essentiel dans la construction de notre futur ? Certainement pas. Mais la seule approche qui vaille de la question européenne est celle d’une lecture à la lumière de notre nation – ou plutôt : des nations qui la composent.
Nous touchons là à un identifiant essentiel de notre mouvement depuis sa création en 1992. Pour le MRC, la question européenne est indissociable de la question de la Nation. Corollaire : c’est en l’Etat que réside selon nous le pouvoir légitime de représenter le peuple et de négocier en son nom.
Il y a là une position fondatrice, celle-là même qui distingue le MRC des autres partis de gauche que ce soit le PS, le PC et le Front de gauche ou, bien évidemment le PRG.
De cette position de principe découlent nos analyses, notre engagement et nos propositions. Nous avons une ambition pour l’Europe. Mais cette ambition n’est pas un rêve déconnecté des réalités. Nous voulons nous confronter avec les faits sans pour autant en tirer la conclusion que seule la résignation ou la révolte serait possible.
Tel est le pari du MRC.
I/ Il y a une question européenne : elle ne peut plus être niée par qui que ce soit.
Le constat est simple: en France, et à rebours de l’opinion majoritaire, les partis sont pour l’essentiel dans le déni.
Les partis européistes en premier lieu le PS et l’UMP sont dans la dénégation des vices fondamentaux de la construction européenne. C’est là d’ailleurs un trait marquant de la politique française au tournant des années 1990 : Maastricht aura sanctionné la rencontre des deux principaux partis de notre pays autour de l’Europe et du marché. Or il sera impossible de dessiner un " futur européen " si l’on ne prend la mesure de ces défauts. C’est le principal obstacle auquel se heurte toute véritable avancée européenne.
Les " avancées " qui consisteraient en " plus d’Europe ", plus d’Europe " fédérale ", une Europe de l’ " intégration solidaire " sont des impasses. Elles permettent une fuite en avant : on connaît le remède avant de poser le diagnostic.
Nous sommes, nous, au contraire, pour une analyse sans concession des graves dérives qui ont marqué la construction européenne.
Dérive initiale, celle de l’Europe des pères fondateurs : la " méthode inductive " qui devait conduire à une intégration de pays comparables par leur niveau économique et social a débouché sur un édifice complexe dans lequel la bureaucratie de la Commission avait pris le pas. N’oublions pas que la tentation centrifuge par rapport aux Etats date de cette période, avec les arrêts de la Cour de Justice des communautés européennes reconnaissant que la construction européenne constitue un ordre juridique qui s’impose aux Etats nationaux ".
Dérive seconde : l’élargissement au-delà de 15 aux 27, intégrant des zones appelées à se faire une véritable concurrence interne, sans cohésion économique et sociale, avec des pays de l’Est tout tournés vers le grand large comme l’a montré la guerre d’Irak.
Dérive troisième, la plus grave : la création d’une monnaie unique, absurdité qui a ligoté des économies à la fois hétérogènes et concurrentes, endommagé gravement la compétitivité des pays du Sud dont la France et conduit aujourd’hui dans une course effrénée vers un improbable salut. Le " sauvetage de la zone euro " dont on ne sait plus s’il relève de la doctrine de la foi ou des intérêts de l’Allemagne précipite l’Europe ou ce qu’il en reste dans l’impasse de la récession.
Encore faut-il ajouter à ce constat le poids décisif qui a été celui du triomphe du capitalisme financier. Appuyés sur le vent puissant de l’idéologie libérale, boostés par l’effondrement de l’URSS, les marchés " ouverts " ont installé une prédation sans frein qui a asphyxié l’économie réelle. La " concurrence libre et non faussée ", élargissant les marchés, ouvrant les entreprises européennes aux OPA de toute nature, prohibant sévèrement les interventions publiques, cassant les services publics a achevé la déconstruction des Etats nations. Ce biais puissant de la mondialisation libérale qui ne résulte pas directement des structures institutionnelles de l’Europe s’est ajouté à leur effet négatif. Plus de nation, plus d’Etat mais, aux commandes, une élite hors sol dont on ne sait plus si le modèle anglo-saxon la rend plus nocive que la crispation germanique sur les dangers de l’inflation et la courte vue sur les conditions de la prospérité de demain.
L’Europe a ainsi été " construite " depuis plus de trente ans sur un triple déni : déni de souveraineté, déni de prospérité et déni de démocratie.
Et ce serait cette Europe- là que l’on demanderait aux peuples d’accepter ? Passe encore, si l’on est cynique, que la démocratie des décisions y perde si la prospérité était assurée. Mais le referendum sur la " Constitution européenne " l’a bien montré : notre peuple –comme d’autres sans doute- a bien compris que l’un et l’autre y perdraient gravement et simultanément. Fait remarquable : cette prise de conscience a été majoritairement celle de la tranche d’âge des 18-25 ans.
La prise de conscience de l’opinion français trouve un écho de plus en plus fort dans l’euroscepticisme qui monte en Europe, chez des peuples soumis à des gouvernements sans pouvoirs dans une Europe sans gouvernement.
On voit bien se dessiner une alternative à l’européisme du PS –tous courants confondus-. C’est l’approche par " l’Europe des peuples " du PCF et de JL Mélenchon. Mais que signifie cette Europe réduite au sans frontiérisme –héritier de l’internationalisme- des travailleurs, des laissés pour compte de la crise, sans perspective politique, fondée sur une critique justifiée de l’euro mais sans aucune proposition alternative crédible ?
De même que l’européisme socialiste nie la nation, l’ " Europe sociale ", et " anti-patriarcale "du Front de gauche nie l’Etat en refusant d’y voir le protecteur naturel des plus faibles et le porteur légitime de la souveraineté nationale.
Quant au PRG, inutile d’épiloguer sur sa vision constante d’une Europe fédérale " plus intégrée , plus citoyenne " dotée d’un gouvernement et notamment d’un ministre des affaires étrangères européen qui persisterait à prolonger l’idéal des pères fondateurs.
Le Front national enfin, s’alimente au constat de l’échec européen. Il y trouve toutes les denrées nécessaires au véritable détournement des valeurs patriotiques auquel il se livre de façon de plus en plus systématique : la promotion des marchés financiers par les instances de l’UE lui permet de renouer non sans gourmandise avec la détestation des élites mondialisées qui fut un des fonds de commerce de l’extrême-droite avant 1940 ; l’ouverture des frontières lui offre un boulevard pour se concentrer sur les dangers de l’immigration ; le déclin des valeurs nationales telle la laïcité est l’occasion permanente de stigmatiser l’islam. En bref si l’UE n’était pas ce qu’elle est, jamais le FN n’aurait l’audience qu’il a dans notre pays. Et cela vaut pour la montée de l’extrême-droite dans toute l’Europe.
Conclusion : connaître la force des obstacles
Avec JP Chevènement, nous avons analysé depuis 20 ans les erreurs, les blocages et pour finir, depuis le TSCG, les tendances suicidaires d’une Europe qui s’enfonce dans le crépuscule des idoles financières, d’une technocratie sans vision, sans ambition et sans patriotisme fût-il européen. Une Europe qui organise sa propre impuissance dans un monde où jamais la souveraineté de nations puissantes ou l’influence d’aires de civilisation n’a été plus impérieuse.
L’" Europe européenne " du général de Gaulle, est-elle un rêve dépassé ?
Nous préférons rechercher avec quels moyens la construire demain même si nous savons que l’UE d’aujourd’hui se caractérise par une interdépendance dont il faut aussi prendre la mesure.
II/ Notre Europe, c’est une autre Europe
La " confédération européenne " du plan Fouchet était, nous l’avons souvent souligné, une idée forte . Elle a trouvé un écho affaibli dans l’idée de " coopérations renforcées " censée offrir un alternative intergouvernementale aux solutions de type fédéraliste.
Il y a certainement là une piste pour une réorientation de l’Europe. L’exemple du " deuxième pilier" , celui de la PESC (défense et politique étrangère) est parlant : on voit très bien comment il a été impossible –et fort heureusement- d’ " intégrer " des actions autres que mineures dès lors que les intérêts nationaux des Etats membres ne sont pas convergents voire même compatibles.
Mais est-ce d’une Europe réorientée que nous avons besoin aujourd’hui ou devons-nous concevoir une ambition plus forte ? La question mérite d’être débattue
A/ Des vertus d’une Europe réorientée
Modifier l’Europe : comment ? Avec qui ?
1/L’objectif, en cas de nouvelle crise de l’euro (Espagne par exemple) serait de faire intervenir la BCE pour acheter directement des titres de dette publique à dix ans (en tout cas l’annoncer pour dissuader la spéculation), lancer une politique du " quantitative easing " pour faire baisser le cours de l’euro, articulée avec un plan de relance à l’échelle européenne
2/Si aucun accord ne se dessinait pour faire de la BCE une banque centrale comme les autres, il deviendrait nécessaire de négocier avec tous les partenaires européens- et d’abord l’Allemagne qui tient la clé d’une opération " ordonnée " de mutation de l’euro, de monnaie unique en monnaie unique en monnaie commune, en se fixant l’objectif pour celle-ci d’une quasi parité avec le dollar. Au sein d’un SME bis de nouvelles parités seraient fixées pour corriger les écarts de compétitivité ( réévaluation pour l’euromark, dévaluations plus ou moins limitées pour les autres monnaies).
Un plan d’aide correspondant à une tranche du MES (à fixer) serait mis en oeuvre pour aide les pays les plus fragiles à supporter le choc d’une dévaluation.
3/Il conviendrait ensuite de procéder à une révision des Traités européens qui :
-reverrait en l’allégeant le mécanisme trop lourd des coopérations renforcées. Objectif : permettre à certains Etats de conduire ensemble des projets d’envergure (modèle : Airbus) en matière de développement économique, de recherche, d’infrastructures
-reviendrait par un traité modificatif sur certaines clauses des traités actuels : compétence " transversale " de la Commission, mode d’adoption des décisions les plus importantes avec restauration de la règle de l’unanimité, prévalence du Conseil sur la Commission, révision du pilier " PESC " et bien entendu police budgétaire dévolue à l’Union avec les règles issues du TSCG, du " six pack " et du " two pack "
- permettrait l’adoption –par le mécanisme des coopérations renforcées revu- d’un plan de relance pour l’ensemble de la zone euro
Si l’Allemagne refusait aussi bien le plan A (revoir le rôle de la BCE) que le plan B (mutation ordonnée de l’euro) de monnaie unique en monnaie commune), elle prendrait la responsabilité d’un éclatement sauvage de la zone euro.
Si l’Espagne était contrainte à la sortie (avec une dévaluation compétitive), la France devrait l’accompagner dans ce choix. Ce serait la survie de notre industrie qui serait en jeu.
Si l’Allemagne refusait une remise en ordre négociée dans l’intérêt européen, les autres pays seraient amenés à en tirer les conséquences.
B/ Une Europe autre, toute autre
C’est l’alternative la plus ambitieuse. Elle est au niveau de nos exigences et, osons-le dire, de nos analyses de longue portée. Elle peut être portée par une crise, envisagée ci-dessus, qui proviendrait du refus de l’Allemagne de négocier dans le sens de l’intérêt européen.
1/ Une réécriture plus fondamentale que celle envisagée ci-dessus des traités européens rechercherait une Europe remise sur ses pieds pour obtenir une Union intergouvernementale : décisions prises à l’unanimité du Conseil, réduction de la Commission à un organe d’exécution, maintien du Parlement comme émanation des Parlements nationaux, réduction des compétences de la CJE. La révision des statuts de la BCE dépend quant à elle des différentes hypothèses de crise de la zone euro mais la sortie programmée de la zone euro (plan B) fait naturellement partie de cette Europe " autre ". Il ne faut cependant pas s’interdire une révision des mécanismes institutionnels de l’UE dans le cas où l’euro serait maintenu avec au minimum mise en œuvre du plan A : sans celui-ci refaire une Europe institutionnelle n’aurait aucun sens.
Une refonte large des Traités constitutifs a été entreprise par les militants du " Cercle du 29 Mai 2005 " dont certains membres ou proches du MRC. Figure en Annexe ce texte très bien pensé (cf aussi propositions de B. Moschetto, pour l’essentiel compatibles avec ce projet). Il pourrait servir d’index à la réflexion : que ne pouvons-nous plus accepter en Europe ? Avec quels éléments du Traité peut-on trouver un compromis ? Un atelier " Pour un nouveau Traité européen " devrait être mis en place sur cette base.
2/ Serait inévitable la constitution d’un cercle de pays prêts à accepter le nouveau Traité et à aller de l’avant dans des coopérations intergouvernementales vers lesquelles auraient basculé l’essentiel des compétences. Dès lors que le Traité nouveau constitue un cercle de démocratie, respectueux des souverainetés, s’engageant sur une intégration en certains domaines, il n’y a aucun inconvénient à élargir ce cercle.
3/L’institution de traités de partenariat avec d’autres zones du monde (Russie, Maghreb et Moyen-Orient, Amérique latine) accompagnerait cette rénovation. Plus réaliste et plus ambitieuse à la fois que la PESC, cette voie permettrait une véritable réémergence de la zone européenne dans le monde multilatéral en lieu et place de la recherche laborieuse d’un accord sur les questions diplomatiques d’ailleurs totalement irréaliste sur les grands enjeux (tel le Moyen-Orient). Les partenariats seraient économiques et culturels, la question des accords commerciaux étant complexe dans le jeu de l’OMC auquel l’Europe seule ne pourra s’opposer totalement mais dans lequel elle pourra peser. On ne refera sans doute plus les accords de Lomé mais l’Europe pourrait exiger ses accords spécifiquement dévolus au développement de l’Afrique subsaharienne.
4/’Une négociation sur la régulation monétaire internationale serait un acte essentiel de cette Union rénovée. A la condition que soit créée une Europe véritablement intergouvernementale, avec décision à l’unanimité, il serait utile qu’un seul siège soit attribué à l’Europe au G8 qui serait spécifiquement chargé de cette dernière question. Sur un plan général d’ailleurs toute délégation à l’UE dans le cadre de négociations internationales doit être subordonnée à un accord des gouvernements sur la position à défendre
La droite et la justice
Rachida Dati, Nathalie Koscisko-Morizet, Claude Goasguen et Nadine Morano – pardon à ceux qu’on oublie – n’ont pas eu de mots assez durs pour condamner le ministre de l’Intérieur Manuel Valls après les émeutes des soit disant supporters du PSG au Trocadéro – certains ont même réclamé, avec le sens de la mesure qu’on leur connaît, sa démission ! Mais étrangement, tous font silence à propos des nouvelles découvertes des enquêteurs sur Claude Guéant, ou plutôt sur l’argent de Claude Guéant.
Après l’histoire à dormir debout des deux tableaux d’un peintre flamand du XVIIème siècle notoirement inconnu, vendus 500.000 euros à un « avocat malaisien », après les factures d’électroménager payées en liquide avec les primes secrètes du ministère de l’Intérieur – « 20.000 à 25.000 euros » -, voici maintenant un virement de 25.000 euros en provenance de Jordanie.
On est curieux de savoir ce qu’il a bien pu vendre en Jordanie pour ce prix-là ! Trêve de plaisanterie, la vie de Claude Guéant ressemble de moins en moins à celle d’un ministre d’Etat ou d’un haut fonctionnaire. Or, là, visiblement, les Robespierre de l’UMP, les Dati, NKM, Morano ou Goasguen, sont étrangement muets. Même pas un petit commentaire…
On peut, certes, comprendre l’embarras de Jean-François Copé, le patron de l’UMP : commenter les déboires de Claude Guéant, c’est prendre le risque de voir republier dans la presse les photos de ses baignades dans la piscine de Ziad Takieddine. Donc profil bas. Mais les autres ?
Dès que Le Canard Enchaîné a révélé le contenu de la perquisition effectuée au domicile de Claude Guéant, quelques sarkozystes ont aussitôt cru bon de prendre sa défense. « Guéant, un homme intègre »… « Guéant, un grand républicain » … « Guéant qui a consacré sa vie au service de l’Etat »… Les yeux dans les yeux, Guéant forcément innocent.
Mais depuis que Claude Guéant s’est auto-accusé, d’une certaine manière, de fraude fiscale et peut-être de détournement de fonds publics, les mêmes sont retournés à la niche. Courageux, mais pas téméraires.
En vérité, à l’UMP, on a visiblement un rapport à la justice à géométrie très variable. Quand Nicolas Sarkozy est mis en examen dans l’affaire Bettencourt pour abus de faiblesse, Henri Guaino dénonce une justice aux ordres, pilotée de l’Elysée. Il insulte et menace le juge d’instruction chargé de l’affaire et il se trouve même 105 députés de l’opposition pour soutenir ce comportement antirépublicain.
Mais quand le parquet, pourtant censé défendre la politique pénale du gouvernement, requiert un non-lieu pour Eric Woerth, mis en examen pour trafic d’influence passif et actif dans le cadre de la même affaire Bettencourt, les mêmes à l’UMP sont bizarrement aux abonnés absents.
A les entendre, la justice serait donc aux ordres dans un cas, mais pas dans l’autre. François Hollande – avec la Garde des Sceaux Christiane Taubira - tirerait les ficelles d’une justice « politique » dans un cas, pas dans l’autre.
Les Français, eux, ne sont pas dupes. Ils ont compris que, pour l’UMP, au-delà de l’hystérie ambiante, la justice est juste quand elle épargne ses amis. Elle est par nature injuste quand elle est implacable avec les siens.
Or, depuis un an, s’il y a matière à critiquer la politique menée par François Hollande sur certains points, il est un domaine où, indiscutablement, les progrès sont notoires par rapport au quinquennat de Nicolas Sarkozy : la justice, sur des affaires ultra-sensibles, agit visiblement en toute indépendance.
La même semaine, le parquet peut en effet requérir un non-lieu pour Eric Woerth et souhaiter un renvoi devant le juge pour Bernard Squarcini, l’ancien patron de la DCRI, un tout proche de Nicolas Sarkozy. Mieux, si Jérôme Cahuzac a finalement été contraint d’avouer publiquement qu’il est un délinquant fiscal, c’est bien parce que l’instruction a pu avancer sans frein, ni consigne politique.
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