Intitulé du communiqué : "Les contre-réformes selon Macron, des retraites à la voie professionnelle : c’est non !". Organisations signataires : NUPÉS (EELV, LFI, PCF, PS) ainsi que le NPA, le MRC et le POI.
"Les contre-réformes selon Macron, des retraites à la voie professionnelle : c’est non !"
Ce 4 mai 2023, un Président de la République restant sourd et aveugle au mécontentement populaire – et aux manifestations qu’il prend beaucoup de soin à cantonner au plus loin de lui par un service d’ordre manifestement démesuré – est venu présenter sur le site des lycées Palissy son plan de destruction de l’enseignement professionnel public.
En ayant pris de multiples précautions pour s’assurer de l’absence de contradiction, devant un public choisi, ne rassemblant qu’une partie de la communauté éducative, sans concertation préalable avec les organisations représentatives des personnels, Emmanuel Macron a présenté, après sa contre-réforme de l’assurance-chômage et sa contre-réforme des retraites, sa nouvelle contre-réforme de la voie professionnelle. Ainsi se poursuit, avec un redoutable esprit de système une œuvre de destruction massive du modèle social français et de l’école républicaine, prenant à rebours tout un héritage républicain et une vision véritablement progressiste de la société.
Le Président n’a pas voulu voir et entendre les centaines de manifestants venus exprimer leurs revendications à l’appel de l’Intersyndicale, à laquelle la NUPÉS (EELV, LFI, PCF, PS) ainsi que le NPA, le MRC et le POI signataires de ce texte ont apporté leur soutien. Les manifestants ont été tenus éloignés à des centaines de mètres du lycée par un cordon sécuritaire jamais vu à Saintes. Les élèves et les professionnels accédant au lycée ont dû montrer patte blanche et subir plusieurs fouilles, alors que les fédérations de parents n’ont pas reçu d’invitation à se rendre sur place, comme s’il était inutile d’échanger avec les parents et leurs représentants concernant l’avenir de leurs enfants.
L’idéal qui a soutenu la création de l’enseignement public consistait à vouloir former des citoyens éclairés, des salariés à l’esprit formé et critique, à permettre aux jeunes de s’élever au-dessus de leur condition d’origine.
L’actuel projet présidentiel et gouvernemental, concernant la voie et les lycées professionnels, consiste à orienter de manière de plus en plus précoce, à réduire les temps d’enseignement et à faire des cadeaux au patronat, en lui offrant une main-d’œuvre jeune, docile et à fort peu de frais.
Ainsi la gratification relative aux stages était déjà possible, mais elle devait être financée par les entreprises ; avec les annonces du Président Macron, cette gratification sera prise sur le budget de l’État : non pour permettre aux familles de faire face aux frais de formation par le biais de la solidarité nationale redistributrice mais pour se substituer aux entreprises, grandes gagnantes de cet arrangement à bas coût pour le patronat.
Pour alimenter cette main-d’œuvre, le projet veut susciter des vocations dès la classe de Cinquième, chez des collégiens âgés seulement de douze ans : gageons qu’on ira inégalement susciter ces vocations précoces selon les quartiers d’origine et les catégories sociales des parents.
Des temps d’enseignement réduits, aussi bien en enseignement général qu’en enseignement professionnel, une volonté de coller seulement au marché de l’emploi local restreindront les capacités d’adaptation des jeunes à des postes de travail variés, réduiront leur mobilité professionnelle tout autant que les perspectives de prolongement des études.
Le Président de la République et le gouvernement montrent par leur projet qu’ils considèrent les jeunes essentiellement comme des facteurs de production, et tirent le système éducatif vers une vision passéiste et rétrograde. Tout ceci sent le XIXe siècle et la réaction et non pas le XXIe siècle et le progrès.
Pour nous, c’est clair, nous disons : non !