Union interdépartementale MRC Limousin-Poitou-Charentes

Analyse du MRC LimousinPoitou-Charentes suite à l'annonce de la composition du gouvernement BARNIER.

 

Un gouvernement à droite, hors de toute majorité à l'Assemblée nationale ou la coalition des défaits ; la gauche doit travailler à construire une alternance solide.

 

Suite aux élections législatives, la gauche n'est pas arrivée, à ce stade, au pouvoir car le Président de la République ne voulait ni d'un gouvernement en rupture avec sa ligne politique – bien que le pays ait désavoué clairement celle-ci dans les urnes – ni qu'on paraisse lui imposer un nom de Premier ministre en capacité de mener une autre politique.

Le gouvernement composé à l'initiative du Premier ministre nommé par le Président de la République est un gouvernement de droite assumée mordant sur le centre-droit : une coalition des défaits, qui prend à contrepied l'expression des électeurs aux élections européennes et législatives et dont la durée de vie se trouve placée, de facto, dans la main de l'extrême droite.

Le Président de la République a pris soin d'y placer certains de ses proches et très proches, dont à Bercy et à l'Industrie, et a souhaité donner des gages à la droite réactionnaire avec la personnalité proposée pour le Ministère de l'Intérieur. Dans l'ordre des symboles affichés, le Ministère délégué jusqu'ici en charge des Familles devient celui en charge de la Famille, le Ministère délégué aux Personnes handicapées passe à la trappe. Les portefeuilles clés sont donnés à la droite dure.

Au vu des équilibres issus des urnes à l'Assemblée nationale, et du non respect du vote des électeurs, les gauches vont naturellement déposer une motion de censure. Il apparaît cependant assez évident que le temps donné à ce gouvernement dépendra aussi du moment politique dans lequel l'extrême droite jugera opportun de se positionner pour le mettre à terre.

Quelle que soit sa durée de vie, et au vu des priorités affichées par l'exécutif, ce gouvernement ne pourra ni répondre à la forte demande de nos concitoyens en dépenses sociales pour sauver tout ce qui est en péril, et prioritairement les services publics, l'hôpital, l'éducation, ni mettre en œuvre les investissements nécessaires pour répondre aux défis posés par les conséquences du réchauffement climatique.

Face à ce gouvernement, les gauches peuvent passer de l'insuffisant et temporaire accord électoral du Nouveau Front Populaire – lequel ne rassemble pas toutes les gauches – à la recherche d'une véritable alliance politique construite sur une base programmatique à la fois renouvelée et clairement posée sur des fondamentaux, pour être en mesure de proposer une alternance solide aux prochaines échéances électorales et ainsi rallier une pleine majorité des suffrages.


La Fédération

par Serge MAUPOUET le Vendredi 12 Janvier 2024 à 19:38


Les militants du MRC Limousin-Poitou-Charentes apprennent avec une grande tristesse le décès de Jean-Luc LAURENT, ancien Député, Maire du Kremlin-Bicêtre, Président du Mouvement Républicain et citoyen.

Nous présentons à sa famille et à ses proches nos plus sincères condoléances.

Nous saluons l'engagement indéfectible de Jean-Luc LAURENT, son implication véritable et ses actions continues au service des habitants de sa ville et de sa circonscription, sa persévérance dans ses combats politiques, et son attachement profond à la République souveraine, laïque et sociale.

La Fédération

par Serge MAUPOUET le Dimanche 21 Mai 2023 à 09:52


Le MRC 17 a participé au rassemblement « En mémoire de la Commune de Paris 1871 » (square Foch) à Saintes (17100), ce samedi 20 mai 2023 (à 14h30). Le texte préparé pour la prise de parole du MRC, intitulé "La Commune de Paris (1871) : une mémoire qui vient télescoper l'actualité de 2023" est consultable ci-après. Ce texte avait été mis en discussion, au préalable et de manière élargie, au niveau du MRC Limousin–Poitou-Charentes.

Texte préparatoire à la prise de parole du MRC au rassemblement « En mémoire de la Commune de Paris 1871 » square Foch, 17100 Saintes, samedi 20 mai 2023 (14h30)
 
« La Commune de Paris (1871) : une mémoire qui vient télescoper l'actualité de 2023 »

Lors de la Commune de Paris (de mars à mai 1871), une population rassemblant ouvriers, employés, artisans, boutiquiers, professions libérales, instituteurs, artistes, se mobilise pour un idéal républicain : une République sociale, une démocratie réelle et participative. Elle porte l’ambition d’œuvrer à « un but commun, le bien-être, la liberté et la sécurité de tous ».

Si, dans un contexte de guerre contre la Prusse, la République a été proclamée le 4 septembre 1870, le gouvernement est appuyé depuis février 1871 sur une majorité royaliste et conservatrice. Il conclue une paix vécue par les Parisiens comme une humiliation alors qu’ils ont souffert de longs mois de siège. Quand, le 1er mars, les troupes prussiennes descendent les Champs-Élysées, la ville républicaine et patriote se pare de la couleur du deuil. La tension continue de s’accroître entre le gouvernement et les Parisiens ; une tentative de les désarmer provoque l’étincelle révolutionnaire. Le gouvernement décapitalise Paris et part à Versailles. Les Parisiens proclament la Commune de Paris.

La Commune est une révolution populaire dans sa composition sociale et par le fait que des gens du peuple exercent le pouvoir. Le projet des Communeux s’appuie sur un programme politique. Sa mise en œuvre reste partielle et limitée. Des réformes sont cependant engagées : mesures sociales, éléments de réglementation du travail, égalité salariale entre institutrices et instituteurs, développement de coopératives ouvrières, liberté de la presse, séparation de l’Église et de l’État, école gratuite et laïque, et d’autres propositions tournées vers une société de progrès et d’émancipation des travailleurs par eux-mêmes.

Cette mobilisation et les espérances du Paris populaire sont écrasées par la force et dans le sang, par l'armée dite « versaillaise », lors de la « Semaine sanglante ».

La mémoire de la répression de la Commune de Paris vient télescoper la situation actuelle de reculs sociaux et d'une dérive autoritaire source d'inquiétudes – par sa persistance et son approfondissement – pour la démocratie et son fonctionnement. Cette dérive a des liens avec le néo-libéralisme autoritaire. Cette idéologie met l’État et son autorité au service des marchés, et considère qu'il faut faire passer y compris au forceps des réformes conduites qui ne sont pas acceptées par la population. L’expression du Président de la République, lors d’un débat citoyen dans la Drôme, en janvier 2019, est restée en cela très significative : « la vraie réforme, cela va avec la contrainte, les enfants ! ». Et la contrainte va loin : contrainte à l’encontre des institutions (dérive hyper-présidentialiste, article 47.1 imposant des délais d’examen au Parlement, usage répété du 49.3 à l’Assemblée nationale…), contrainte à l'encontre du monde associatif (menaces sur la Ligue des Droits de l'Homme, dissolutions administratives…), contrainte à l’encontre du monde syndical (recul du paritarisme, entraves à des activités syndicales...), contrainte à l’encontre des citoyens (arrestations et gardes à vues ne pouvant être justifiées, comparutions immédiates, forces de l’ordre allant au contact…), conduisant à un niveau de coercition et de répression inconnu ces dernières décennies et qui s'amplifie depuis la loi Travail, le mouvement des Gilets jaunes, et se poursuit cette année à l'occasion des manifestations contre la contre-réforme des retraites ou contre les méga-bassines.

Les contextes d’hier et d’aujourd’hui sont très différents. Cependant, la commémoration de la Commune est aussi un moment pour regarder le présent. Dans le contexte actuel, et avec à l’esprit les enjeux de la préservation de notre modèle social et des libertés démocratiques, le Mouvement Républicain et Citoyen appelle chacune et chacun à la nécessaire vigilance démocratique.
Communiqué de presse du MRC LIMOUSINPOITOU-CHARENTES
 
Le MRC Limousin–Poitou-Charentes appelle à la vigilance démocratique.
 
 
              Au vu du contexte actuel, le MRC Limousin–Poitou-Charentes relève le travail remarquable réalisé – hier et aujourd'hui – par la Ligue des Droits de l'Homme (LDH), s'inquiète d'une passion du maintien de l'ordre désormais établie jusqu'au plus haut niveau de l'Exécutif, et considère comme nécessaire d'appeler à la vigilance démocratique.
 
            D'une part, nous savons bien qu'il est dans les gènes de la LDH, fondée en 1898, de conduire des travaux de collecte d'informations, de classement, de synthèse : c'est déjà par un tel travail qu'elle avait participé à la défense et à la réhabilitation d'Alfred DREYFUS.
            Dans l'ex-Poitou-Charentes, la LDH participe par exemple, avec la Libre Pensée, à la poursuite d'un travail de mémoire et historique sur l'incarcération des Communards (à la suite de la "Semaine sanglante") dans les fortifications de défense de l'arsenal de Rochefort, du Château d'Oléron à ce qui est devenu la Centrale de l'Île de Ré.
            Suite à la mise en place d'un "Observatoire des Libertés Publiques et des pratiques policières" par l'équipe régionale de la LDH Picto-Charentaise, le travail documenté (écrits, témoignages, photographies, vidéos...) réalisé à Sainte-Soline, lors de la manifestation contre une mégabassine, semble avoir permis l'intervention télévisée d’un Secrétaire Général adjoint de la LDH présent sur place, le dimanche 26 mars 2023. De plus, le Président de la LDH a pu constater, le mardi 28 mars dans L'Humanité, que "La répression aggrave la situation".
 
            D'autre part, des modalités contemporaines de mise en œuvre des forces de l'ordre républicaines, en France, posent question, notamment au niveau du Conseil de l'Europe et de l'ONU, sans occulter une enquête menée par la Défenseure des Droits.
            Il faut aller des constats à l'analyse. Les constats :
- en avril 2019, le Conseil constitutionnel a dû rappeler au gouvernement que manifester est légitime, à propos de la loi visant à renforcer et garantir le maintien de l’ordre public lors des manifestations ;
- des modalités actuelles du maintien de l'ordre apparaissent notoirement éloignées d'une conception qui avait pu être celle du préfet de Police Maurice GRIMAUD, lequel n'hésitait pas à exposer publiquement une doctrine visant à assurer le maintien de l'ordre "avec le plus de compréhension et de libéralisme possible" ; de nos jours, une évolution vers la recherche, de plus en plus souvent, du contact avec les manifestants, est particulièrement visible depuis la loi Travail.
            L'analyse : cette répression accentuée des mouvements sociaux est à mettre en relation avec une idéologie, celle du néo-libéralisme autoritaire, qui conduit à mettre en œuvre, avec méthode, l'affaiblissement des contre-pouvoirs, qu’ils soient parlementaires, syndicaux, associatifs, sociaux... Les menaces sur les subventions de la LDH, qui viennent d'être faites par un membre éminent de l'Exécutif, le Ministre de l'Intérieur, sont une manière inacceptable de faire pression sur une institution, et ceci participe encore de l'application de cette idéologie.
 
            L'engagement citoyen, social, historique, politique de la Ligue des Droits de l'Homme dérange visiblement le pouvoir en place : nous, MRC, assurons la LDH de notre soutien. Nous  rappelons que le maintien de l'ordre doit rester tenu au service des droits républicains et de la démocratie. Enfin, l'approfondissement constaté de la mise en œuvre d'un néo-libéralisme autoritaire nécessite à l'évidence une vigilance démocratique et une prise de conscience générale : l'enjeu est la préservation de notre système et de nos libertés démocratiques.

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Contact : Serge MAUPOUET, Premier Secrétaire de l'Union interdépartementale MRC Limousin–Poitou-Charentes.
téléphone : 06 46 24 73 19 – courriel : mrc.limousin-poitou-charentes@laposte.net

La Fédération

par Serge MAUPOUET le Mercredi 1 Mars 2023 à 22:51



Le Conseil national du MRC a décidé de réunir un Congrès, convoqué pour le samedi 1er avril 2023.
Une motion d'orientation, disponible sur le site national du MRC, est proposée au débat militant.
En vue du Congrès, l’Union interdépartementale MRC Limousin-Poitou-Charentes a constitué un groupe de travail et a acté une Contribution aux débats sur la contre-réforme des retraites.
Cette contribution est disponible ci-dessous, en version texte, et téléchargeable en haut de cet article en version pdf.
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Contribution du MRC Limousin–Poitou-Charentes sur la contre-réforme des retraites


Groupe de travail et rédacteurs :

Jean-Luc DELCAMPO (MRC 17), Marc DUFLOT (MRC 16), Alain KIMPE (MRC 17),

Alain LAURENT (MRC 87), Michel LE CREFF (MRC 17), Serge MAUPOUET (MRC 17)

 

          Nous croyons utile de rappeler certains principes fondamentaux ou fondateurs de la conception du système de retraites en France, pour étayer les raisons de la lutte du Mouvement Républicain et Citoyen contre l’actuelle prétendue réforme des retraites, prétendue car une réforme est théoriquement un changement pour permettre un progrès. Or, ici, avec ce que le gouvernement propose, il n’y a pas de progrès, il y a des régressions.

          La retraite par répartition a été obtenue par le monde du travail, à la Libération, dans le prolongement du programme du Conseil national de la Résistance (CNR) : en mars 1944, ce programme tendait à la réalisation d’un « plan complet de Sécurité sociale visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail ». En matière de retraite, ceci exigeait de bâtir une assurance vieillesse et de construire un système garantissant la pérennité de pensions de retraite décentes.

          Plusieurs principes fondamentaux ou fondateurs sont alors retenus pour cette reconstruction : l’obligation, le modèle assurantiel et la répartition.
          Tout d’abord, l’obligation : tous les salariés sont obligatoirement assujettis à l’assurance vieillesse. Il y a ici un contrat social, une exigence de solidarité et une brique nécessaire à l’établissement d’une confiance à long terme dans le système mis en place.
          Ensuite, est fait le choix du financement par les bénéficiaires, c’est-à-dire la mise en place d'un modèle assurantiel. Pourquoi ce choix ?
- Parce que la cotisation ouvrière est alors perçue comme un élément essentiel pour asseoir la dignité du travailleur, et placer le système en rupture avec toute idée d’assistanat ou de bienfaisance.
- Ceci est d’ailleurs en pleine cohérence avec le projet d’ensemble de la Sécurité sociale qui ne se limite pas à rechercher l’amélioration des conditions de vie : il s’agit de permettre la fondation d’un « ordre social nouveau » – sur la base d’un idéal républicain de Fraternité et de Justice – au sein duquel les travailleurs seraient détachés de tout « sentiment d'infériorité » par rapport aux classes possédantes. Dans ce projet émancipateur, il est alors crucial que ce soit la cotisation de l’ouvrier, produit de son travail, qui lui ouvre droit à la prestation induite.
- Ce choix vient aussi justifier la gestion de la Sécurité sociale par les représentants des syndicats. Le financement se fait par cotisations professionnelles, de manière bipartite, par les assurés et les employeurs, sans participation de l’État. Aujourd’hui, on peut estimer que 80 % du financement du système social repose toujours sur le travail.
          Enfin, est tranchée la question de la capitalisation ou de la répartition, au bénéfice de la répartition :
- Avec un système fondé sur la répartition, il est possible de servir des retraites sans attendre le délai requis par une capitalisation qui devrait s’étendre sur des décennies avant d’ouvrir des droits.
- Même si, à l’époque de la création du système, ce n’est pas encore un argument de ceux qui la mettent en place, la « solidarité générationnelle » s’instaure de fait, et la prise de conscience de son importance est majeure depuis les années 1990 : le système de répartition est un fondement de notre système social.

          Ces quelques rappels sont utiles pour porter la réflexion au-delà de considérations purement paramétriques, et prendre en compte le fait que la question du financement des retraites c’est plus largement la question du financement de l’État-providence du XXIe siècle, alors que la situation sociale se dégrade. Ainsi, l’espérance de vie ne progresse plus, deux tiers des plus de 60 ans sont au RSA, au chômage ou en-dehors de l’emploi, et trop de seniors liquident leurs pensions alors qu’ils sont déjà en inactivité y compris pour raisons de santé... Même si certains voudraient travailler plus, ils ne le peuvent pas.

          Ces rappels des principes fondateurs viennent aussi permettre de relever que le monde du travail subit une offensive néo-libérale sans précédent, offensive qui recherche :
- la baisse des prélèvements obligatoires et des cotisations sociales des employeurs ;
- la baisse des dépenses publiques ;
- une réduction du champ de la protection sociale ;
- l’accroissement de la rémunération du capital au détriment de la rémunération du travail ;
- l’extension des domaines ouverts au marché, des privatisations (y compris en bradant notre patrimoine national), la réduction voire le démantèlement des services publics ;
- la financiarisation de l’économie.


          Alors que le système actuel n’est pas en péril financier (déficit de 2,9 milliards d’euros en 2018, selon le Conseil d’Orientation des Retraites et, pour la décennie 2030 autour de 10 milliards de déficit par an sur un volume de prestations de 350 milliards), le problème réside essentiellement dans la réduction des volumes des ressources affectées aux retraites : le déficit n’est pas la conséquence des dépenses liées aux retraites, mais celle de la restriction de ressources affectées aux retraites (non compensation des allégements ou exonérations de cotisations sociales décidés par l’État pour la Sécurité sociale). D’autant que les réserves du système actuel de retraites sont conséquentes (130 à 150 milliards).

          Un autre volant du problème réside dans la situation des finances publiques, suite à la stratégie de réduction d’impôts du premier quinquennat Macron, en faveur du capital et des plus riches. Cela, et la crise du Covid, ont conduit à une hausse de 16 points de la dette publique. La réactivation du respect des critères de convergence du traité de Maastricht et du Pacte de stabilité et de croissance de 1997 (3% de déficits budgétaires et une dette inférieure à 60% du PIB), avec une surveillance multilatérale et des procédures pour déficit excessif (amende possible entre 0,2 et 0,5% du PIB) induira inéluctablement une politique d’austérité qui pèsera sur les classes populaires et moyennes. On peut rappeler ici la recommandation CSR 2019.1.4 de la Commission européenne adressée à la France en 2019 dans le cadre du « semestre européen » ; d’où les explications du Président Macron relatives au fait que la réforme dégagerait des marges de manœuvre budgétaires pour financer d’autres politiques publiques – dépendance, école, santé, transition écologique, etc. Déshabiller Pierre pour habiller Paul.

          La protection sociale n’est pas de la compétence de l’Union Européenne, mais, par le biais d’une définition « libérale » de la notion de dépenses publiques, celle-ci entre dans le calcul du déficit budgétaire, et donc dans le collimateur de la Commission européenne. Ajoutez-y « la concurrence libre et non faussée », et vous avez le ressort essentiel de la dégradation de notre modèle social. Et d’aucuns sont partie prenante de cette dégradation.
          Par conséquent, la question du financement des retraites revient non pas à poser les questions paramétriques de la réforme actuelle, dont le point central porte sur le recul de l’âge légal de 62 ans (depuis 2010) à 64 ans, mais bien les questions relatives aux recettes.

          D’une part, il faut s’opposer à la réforme actuelle car :
- avec un passage à 64 ans, les salariés les plus modestes risquent de ne plus accéder à la retraite, alors que l’espérance de vie en bonne santé, selon l’INSEE, n’était en 2020 que de 64,4 ans pour les hommes et 65,9 ans pour les femmes et que les ouvriers vivent moins longtemps en bonne santé que les cadres ;
- avec un passage à 43 annuités pour avoir le taux plein, la décote, pour tous ceux ne pouvant valider 172 trimestres, entraînera une baisse générale des pensions ;
- la pension minimum annoncée à environ 1 200 € brut (en additionnant pension de base et retraite complémentaire, et avant prélèvements sociaux) sera essentiellement illusoire, car elle ne sera pas atteinte sans avoir cotisé à temps plein 43 annuités au SMIC, ce qui exclura les temps partiels et, par voie de conséquence, beaucoup de femmes ;
- seuls certains critères de pénibilité seraient pris en compte (charges lourdes, vibrations mécaniques...), la réforme va précariser les travailleurs ayant commencé à travailler jeune et dans des métiers où les critères de pénibilité sont nombreux ;
- le gouvernement s'obstine à présenter le montant des retraites comme un prélèvement fait sur la richesse nationale ; il refuse de mentionner qu’en contrepartie les retraités paient des impôts et des taxes. Ils assument aussi, bénévolement, une bonne part de la vie démocratique en s’impliquant dans les collectivités locales. Ils participent également à la vie associative tant dans le sport, la culture, que l’aide à la personne, à tel point que les dons aux associations et les frais de bénévolat sont officiellement reconnus par les impôts. Combien cela coûterait-il de payer à leur place des professionnels pour répondre à ces besoins ? C'est pourtant aussi ce qui nous attend si l’on retarde l'âge de la retraite.

          Mais il faut aller plus loin, prendre le contre-pied d’un gouvernement qui organise la régression sociale des salariés et lutter pour que l’État-providence soit réorienté vers les citoyens : exiger la remise en cause des exonérations de cotisations (poursuivies depuis 1993, accrues en 2015 avec le Pacte de responsabilité et de solidarité), la suppression de cadeaux fiscaux, l’élargissement de l’assiette aux revenus financiers pour compléter la cotisation par la contribution, des hausses de salaires plutôt que le recours à des primes, prévoir des mesures en faveur des femmes pour revenir sur les réformes régressives qui, depuis 1993, les ont particulièrement pénalisées (rétablissement du bénéfice pour les mères des huit trimestres supplémentaires par enfant, de la majoration de 10% du montant de la pension par enfant à partir du troisième).
          Nous devons refuser collectivement la réforme par la régression et imposer une autre réforme, pour le progrès social, dans une logique de solidarité nationale et d’humanisme républicain.



Version du texte de la Contribution au 1er mars 2023.

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