Didier Motchane nous a quittés ce dimanche 29 octobre. La fédération du Nord du MRC est profondément affectée par cette nouvelle. Nous tenons tout d'abord à adresser à sa famille nos condoléances les plus sincères.
Si l'homme n'avait pas la notoriété de beaucoup de responsables politiques, il a néanmoins pesé d'un poids considérable dans la vie politique française. Intelligence prodigieuse, immensément cultivé il faisait des analyses acérées et il était de ceux qui regardent les choses, les Hommes et les situations en face, droit dans les yeux, sans se soucier trop de l'accessoire. Avec Jean-Pierre Chevènement, Alain Gomez, Pierre Guidoni et Georges Sarre, il est l'un des fondateurs à la fin des années 60, du CERES, le Centre d'études, de recherches et d'éducation socialiste.
Innombrables sont celles et ceux qui en seront membres et forgeront leurs premières armes politiques à cette école de l'exigence et de la rigueur. Didier Motchane donnera au futur parti socialiste son logo, le fameux poing et la rose. Nous avons eu la chance de le connaître dès 1990 et de travailler un peu avec lui quand il était au cabinet de Jean-Pierre Chevènement, Ministre de l'Intérieur. Il était impossible de rester insensible à la puissance de sa conversation, de sa lucidité exacerbée qui accompagnait dans le même temps une grande détermination.
Il fut de ces hommes qui ont rendu possible la victoire de François Mitterrand en 1981 en forgeant l'outil de la victoire lors du congrès d'Epinay de 1971; le Parti socialiste. Il a incontestablement marqué de son empreinte, la vie politique française et son héritage est encore à découvrir. Sa capacité conceptuelle et philosophique lui permettait de voir loin, très loin bien au delà de lui-même et de la souffrance qui tout au long de sa vie n'a jamais cessé de l'accompagner. Il y avait du stoïcisme romain chez cet homme, qui forçait l'admiration.
Le courage le caractérisait, dans sa vie mais aussi dans ses engagements. Dès 1983 il refuse le tournant libéral qui se traduit par la rigueur et le choix de l'Europe comme nouvel horizon pour mieux masquer les renoncements à "transformer la vie." Il sera donc de la lutte contre le Traité de Maastricht, de l'aventure de la création du Mouvement des Citoyens (MDC), de la campagne présidentielle de Jean-Pierre Chevènement en 2002, du NON au TCE en 2005 et du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), tentatives de reconstruire au cœur la gauche française une alternative sociale, républicaine, progressiste et patriote au social-libéralisme triomphant et à l'abandon des catégories populaires qui se tournaient déjà vers le Front national ce qui annonçait les débâcles à venir.
Jusqu'à la fin, intelligence intacte, il aura conservé cette capacité à dire les choses. A les faire apparaître. A rendre intelligible ce qui semble obscur. A nous permettre de grandir et de progresser. C'est une perte immense. Nous lui devons tant. Au revoir camarade.
Claude NICOLET
Premier secrétaire du MRC Nord