Depuis deux jours, on tente de nous faire passer Waterloo pour Austerlitz et que le Président de la République aurait arraché une immense victoire contre l'Europe entière coalisée. Que sa "méthode" pour remettre la construction européenne sur de bons rails aurait fait ses preuves à cette occasion. "Angéla c'est toi? C'était Junker!" serait-on tenté de dire, car en guise de changement c'est surtout la continuité qui domine.
Fondamentalement rien ne change puisque la durée du détachement passe à 18 mois (12 + 6) quand on sait que la durée moyenne de détachement d’un travailleur est de 98 jours. Par ailleurs, rien sur le transport routier et même plutôt un recul puisque la France accepte un report des mesures indispensables pour lutter contre le dumping social, dans le cadre du Paquet mobilité.
Il ne s'agit que d'un élément de communication politique essayant de nous faire passer des vessies pour des lanternes. Car la réalité est très simple, le travail détaché déstabilise et fragilise notre système social puisqu'il le met directement en concurrence avec celui du pays d'origine du travailleur, c'est un système qui exerce une pression considérable sur les salaires donc sur le coût du travail, seul moyen d'être "compétitif" dans une zone de monnaie unique, c'est également un système qui dresse les salariés les uns contre les autres. C'est la philosophie même du travail détaché qu'il faut combattre en refuser. Nulle victoire présidentielle au service d'une "Europe qui protège", mais maquillage de la réalité.
C’est pourquoi il faut poursuivre la lutte pour corriger cet accord au rabais accepté à des fins purement électoralistes. Car cette directive est l'essence même de ce qu'est devenue la construction européenne: la concurrence de tous contre tous et notamment des systèmes de protections sociales entre-eux.
Christian HUTIN
Député du Nord
Membre de la commission des Affaires étrangères