À Mme Constanza,
« Envie de Fraise » est un joli succès. Votre préoccupation majeure reste la demande : vous avez tout particulièrement besoin de clients heureux et ayant un peu de pouvoir d’achat. L’Europe à l’allemande, centrée sur l’austérité budgétaire et la déflation salariale, ne va pas vous apporter beaucoup de clients. Au vu de la natalité allemande, je serais même inquiet pour votre marché. Votre entreprise n’a rien à gagner à une course au low cost à travers le moins-disant social. Tout employeur a besoin de mobiliser ses salariés. Avec la loi El Khomri et la priorité donnée aux accords d’entreprise, les mauvais patrons vont chasser les bons en organisant une concurrence par le bas. Vous avez aussi besoin d’une administration réactive et d’un financement bancaire recentré sur l’économie réelle.
À Madame Roy,
Vous vivez un drame familial terrible avec la mort de votre fils. L’islam radical et le djihadisme ne sont pas une maladie mais une idéologie politique et religieuse. Les discours et les prêcheurs doivent être poursuivis. La religion, la spiritualité et la quête sens ont leur place dans la société mais cette radicalisation est une trahison même de ces aspirations. Il n’y a pas de place pour l’islam politique en France. Trop de complaisances ont laissé ces recruteurs avoir pignon sur rue. Les services de l’Etat, éducatifs, sociaux et policiers, doivent être mobilisés pour protéger notre jeunesse.
À Monsieur Demeyer,
Vous n’êtes pas –jusqu’à preuve du contraire- un salaud, un fasciste ou un raciste. Comme beaucoup d’électeurs du Front National, vous avez raison d’être inquiet de l’avenir de notre pays. La droite comme la gauche ont abandonné la nation et laissé tomber le drapeau. Le Front National n’a eu qu’à se baisser pour le ramasser. Une partie de la gauche veut faire l’impasse sur la nation en ne croyant plus qu’aux individus ou en se noyant dans une Europe post-nationale. Longtemps aveuglés, certains politiques commencent à réagir mais ils font semblant. Beaucoup d’orphelins de la nation trouvent asile au Front National. Revenez ! Si vous êtes de gauche et patriote, si vous ne supportez plus les inégalités sociales et que vous aimez la France, venez nous voir. Face à des adversaires qui ne parlent que de gouvernance et de saut fédéral européen, le FN recycle la question de la souveraineté à son profit. Ne croyez pas qu’il en ait le monopole. Attaché à la souveraineté nationale, le Front National détourne cette juste cause au profit d’une défense du communautarisme blanc, d’une chasse aux boucs émissaires et de la préférence pour l’isolement. C’est le contraire de la France.
À Monsieur Belkaid,
J’observe à distance mais avec beaucoup d’intérêt la Nuit Debout : le regard condescendant de la gauche gestionnaire à l’égard de cette jeunesse mobilisée dit la rupture abyssale qui existe avec les citoyens. L’effondrement démocratique, c’est la crise de souveraineté que nous vivons : la démocratie est une forme vidée de sa substance. C’est, ce que j’appelle avec d’autres, le tournant postdémocratique. Personne ne peut se satisfaire de ce théâtre d’ombres. Sur le plan politique, il faut remettre la délibération collective au cœur de nos institutions avec en particulier un usage fréquent et dédramatisé du référendum législatif, mais aussi le rééquilibrage du rôle du parlement face à la toute-puissance de l'exécutif. Nuit Debout est aussi un mouvement social, une révolte contre la dérive néo-libérale. A la fuite en avant fédérale comme à la démolition du modèle social européen par la baisse des salaires et des protections, la France doit mener la contre-attaque si elle veut continuer d’être la France. Reconquérir notre souveraineté est une condition pour réaliser la transformation sociale : c’est le message que je veux faire passer à Nuit Debout car je souhaite que cette mobilisation réussisse. C’est une belle épopée politique pour notre jeunesse qui ne veut pas se résigner.