L’annonce de la fusion d’Alstom-Siemens, constitue en réalité une prise de contrôle du fleuron industriel français par le groupe allemand. On ne peut qu’être scandalisés car ce sont en réalité des intérêts exclusivement financiers qui ont conduit à cette transaction.
La situation actuelle du groupe procède d’une histoire au long cours, commencée il y a 30 ans lorsqu’en 1986 le gouvernement de Jacques Chirac décidait la privatisation du groupe. Cette démission de la puissance publique signifiait une chose : Alstom n’était déjà plus dans leur esprit une industrie d’intérêt public et national.
La suite a été aggravée par des décisions stratégiques chaotiques des dirigeants de l’entreprise, de l’acquisition hasardeuse d’ABB conduite par M. Bilger en 1999 jusqu’à la liquidation du secteur de l’énergie par M. Kron en 2014 dans les conditions que l’on sait.
L’histoire d’Alstom est un exemple emblématique du renoncement des élites politiques et financières françaises. Car politiquement, c’est le dogme libéral toute puissant qui a encouragé la démission de la puissance publique en considérant qu’une telle entreprise pouvait voir son sort se jouer sur une partie de Monopoly.
Il reste une porte étroite aujourd’hui pour empêcher un immense gâchis : que l’Etat revienne sur sa décision et acquiert les 20% d’actions pour lesquelles il s’était engagé voici 2 ans. A défaut, le 17 octobre prochain, nous resterons désormais spectateurs d’une filière de haute technologie qui a conçu et inventé le plus beau train du monde, le TGV.
Il existe une autre voie : celle de la constitution d’un vrai champion européen du transport ferroviaire, qui pourrait associer de façon équilibrée Alstom et Siemens, mais aussi les Etats français et allemands, et les autres partenaires européens. Là alors, nous serions fondés à parler d’ « Airbus du ferroviaire ». Pour y parvenir, il faut beaucoup de volonté politique et s’en donner les moyens.