Je ne peux accepter que l'on fasse porter la responsabilité du chômage, non seulement sur le code du travail mais en fait sur les salariés eux-mêmes.
Les annonces faites par le Premier ministre du contenu des ordonnances visant à réformer notre code du Travail vont profondément déstabiliser la nature des relations sociales dans notre pays. Je tiens tout d'abord à m'insurger contre le fait qu'elles furent en premier lieu, présentées au vice-chancelier et ministre des Affaire étrangères d'Allemagne, monsieur Sigmar Gabriel au conseil des Ministres, avant même que les organisations syndicales et donc l'ensemble des Français puissent en avoir connaissance. Nous savons également que dans ces ordonnances, de nombreuses recommandations de la commission européenne ont été reprises quasiment mot pour mot dans les textes présentés. Le Président de la République à beau jeu de dénoncer la trahison de "l'esprit européen" par les pays de l'Est au sujet du travail détaché ( à juste titre), quand "en même temps" il applique avec zèle les orientations bruxelloises qui organise le démentellement de notre contrat social. Il faudra sortir de ces contradictions qui ne peuvent qu'aboutir à de fortes déconvenues.
Je m'étais opposé à la loi El Khomri, je me suis opposé à la possibilité donnée au Gouvernement de réformer par ordonnances, je m'oppose aujourd'hui à cette atteinte grave et à ce recul de la situation des salariés de ce pays. Je suis très inquiet sur l'idée de fusion des instances représentatives, sur la mise en place de référendum dans les entreprises, les planchers et plafonds pour les indemnités devant les Prud'hommes ne seront pas compensées par les 25% d'augmentations des montants versés. Je suis scandalisé par l'exonération qui sera faite aux grands groupes de pouvoir licencier encore plus facilement même en cas de profits sur l'ensemble de leurs activités. Le rapport de force en faveur de l'entreprise est désormais une évidence et porte un coup à l'idée même de démocratie et de dialogue social. C'est une erreur politique, économique, sociale et stratégique évidente. C'est un recul sur 150 ans de conquêtes sociales.
Ce n'est pas le code du travail qui fait ou défait les emplois, c'est le carnet de commande et la bonne santé économique du pays. Je ne peux accepter que l'on fasse porter la responsabilité du chômage, non seulement sur le code du travail mais en fait sur les salariés eux-mêmes. Les causes du chômage de masse sont bien plus profondes. Il faut interroger l'euro et sont fonctionnement qui favorise la rente plutôt que l'investissement, qui contribue à creuser irrémédiablement notre déficit commercial. Il faut interroger l'organisation fiscale, budgétaire et fiancière de l'Union européenne qui favorise et met en place de profondes divergences au sein même de l'Europe et fait reposer sur le monde du travail et sur les salariés les efforts de compétitivité par le phénomène bien connu des économistes de déflation compétitive. Il faut interroger ce qui se passe au niveau international avec la poursuite de la guerre des monnaies et un dollar dont Donald Trump organise très discrètement la dévaluation (que nous ne pouvons plus effectuer monnaie unique oblige). C'est donc encore et toujours par la baisse sur les salaires qu'on cherche à faire baisser les coûts. Politique à courte vue.
Ce n'est pas en ce soumettant aux conditions de Bruxelles et de Berlin que la France retrouvera les moyens de sortir du piège dans lequel le chômage de masse l'a plongé depuis maintenant plus de trente ans.