Nous pouvons lire ou entendre, ici ou là que le MRC se serait engagé dans un processus de création d'une nouvelle formation politique avec Marie-Noëlle Lienemann et Emmanuel Maurel suite à leur départ du PS, ce qui entrainerait de fait, la disparition du Mouvement Républicain et Citoyen. C'est aller un peu vite en besogne. Des discussions sont certainement nécessaires, probablement mêmes utiles avec ces deux personnalités ainsi qu'avec Jean-Luc Mélenchon.
Afin de formaliser ces conversations, nous avons accepté de créer une association (rien de plus) et d'y participer: nos "Causes communes". Tout comme le MRC a donné son accord pour engager formellement la recherche d'un éventuel accord pour les élections Européennes avec Jean-Luc Mélenchon qui est sur ce point, probablement celui dont nous sommes le moins éloigné de l'ensemble des futurs compétiteurs.
Mais notre position, à notre connaissance, ne va pas au-delà: pas de précipitation. Il ne saurait être question pour nous d'une quelconque posture "identitaire" ou d'un refus d'évoluer. Nous connaissons trop ce type d'argument qui est de même nature que celui que nous oppose aujourd'hui nos adversaires: "les identitaires d'un côté contre les progressistes" de l'autre.
C'est notre congrès des 01 et 02 décembre prochains qui tranchera puis éventuellement celui qui suivra en 2020. Il est donc prématuré de parler de nouveau parti politique, même si cette question fut au centre de notre conseil national de ce dimanche 14 octobre où il n'y a pas eu unanimité (c'est le moins qu'on puisse dire) et qui a même donné lieu à des échanges tendus, preuve s'il en est que ça ne va pas de soi.
En réalité, une multitude de questions reste à ce jour sans réponse. Des plus prosaïques jusqu'aux plus politiques en passant par la méthode. Nous avons pu mesurer l'inquiétude, les interrogations légitimes, voire la méfiance que soulevait cette perspective. Les militants du MRC sont aguerris et possèdent une forte culture politique qui va de pair avec une excellente mémoire. Ils comprennent donc parfaitement les enjeux auxquels notre pays est confronté, ils savent également se placer dans la longue durée et ont clairement conscience que ce n'est pas par des jeux d'appareils, souvent artificiels, qu'on répondra à l'immensité de la crise morale et politique que traverse le pays.
La République est aujourd'hui attaquée sur une multitude de fronts. Par la globalisation financière, par les entrepreneurs identitaires et communautaires qui s'attaquent à la nation républicaine, par le démantèlement des services publics, par le carcan des politiques européennes, par l'affaiblissement de l'esprit civique et du patriotisme, par la perte de territoires entiers passés sous le contrôle du crime organisé, par l'annonce faite par Gérard Collomb que les Français soient bientôt face à face plutôt que côte à côte, par le terrorisme islamiste...C'est aujourd'hui à ces défis là que le peuple français demande et bientôt, exigera des réponses et des propositions. Voyons l'Italie, voyons l'Allemagne, voyons l'Europe centrale et Orientale, voyons le Brexit...Il n'est pas interdit de s'interroger sur le regard qu'auront les Français quant à l'annonce de la création d'un parti supplémentaire…
Car aujourd'hui c'est quoi la gauche républicaine? Que recouvre ce terme. Où en sommes-nous, collectivement, sur la laïcité, sur la citoyenneté, sur l'énergie (en particulier le nucléaire), l'enjeu migratoire, la défense, la construction européenne et en particulier le fonctionnement de l'euro, l'austérité budgétaire, la sécurité, la lutte contre les communautarismes et les offensives de l'islam politique, la désindustrialisation, la compétitivité, la souveraineté nationale ...? Il faut en parler et prendre un minimum de temps pour ce faire au regard des enjeux que cela recouvre.
Nous n'avons cessé, avec Jean-Pierre Chevènement, de prendre tous les risques depuis près de 40 ans. Pour avoir porté une analyse exigeante et rigoureuse sur la réalité de la situation et des politiques portées qui ont désespéré les classes populaires et qui s'attaquent aujourd'hui aux classes moyennes. Nous avons été brocardés, parfois insultés. Aujourd'hui les effets sont là. Montée des extrémismes partout en Europe qui s'appuient sur des angoisses culturelles et identitaires profondes et sur des situations économiques et sociales dégradées qui favorisent partout des inégalités sans cesse plus marquées. Nous n'avons cessé de mettre en garde, d'avertir mais également de proposer un autre chemin, une autre politique. Plutôt que de préparer un "Front populaire du XXIème siècle", ce qui ne manque pas d’intérêt mais qui ne s'adresse qu'à une partie du peuple français. Il serait certainement plus rassembleur de proposer de se mobiliser pour définir le programme d'un nouveau Conseil National de la Résistance où nous pourrions puiser au meilleur de notre tradition politique. Car c'est de cela dont il s'agit afin de desserrer l'étreinte mortelle dans laquelle notre pays est tenu par les politiques néolibérales qui fracturent son identité même, c'est à dire son imaginaire duquel tout procède.
Nous nous réjouissons, évidemment, que d’éminentes personnalités soient de plus en plus nombreuses, à nous rendre hommage pour avoir vu clair si tôt, même s'ils nous combattaient à l'époque. Mais qu'importe, ce n'est pas cela le plus important. Ce qui compte c'est d'offrir une véritable perspective politique au pays et dans ce cadre, le MRC, avec d'autres, est indispensable parce qu'il fixe un repère, une boussole républicaine dont il ne demande qu'à partager le cap, là où il a toute sa place.
Claude NICOLET
Premier secrétaire du MRC Nord