Ce n’est qu’à la fin du bal qu’on paie les musiciens... // Photo Lionel Vadam
M. le Maire, Chers collègues,
Pour aborder le budget primitif qui nous est présenté ce soir, je veux rappeler la formule de l’adjoint aux finances l’an dernier au même moment : « Ce n’est qu’à la fin du bal qu’on paie les musiciens », aviez-vous répondu lorsque je vous avais interrogé sur l’état de l’endettement prévisible à la fin de l’année 2016.
Soit, nous sommes à la fin du bal. Les musiciens ont joué leur musette mais je crains bien qu’ils ne soient jamais payés. Et la soirée risque fort de se terminer par une vraie gueule de bois.
Commençons donc par le commencement, je ne manquerai pas de revenir sur le sujet de l’endettement au cours de mon propos.
Le document qui nous est présenté, au-delà de son indigence habituelle, traduit l’absence totale de gouvernance dans cette ville. Certains chiffres annoncés me paraissent pour le moins étonnants, quand ils ne sont pas totalement erronés. L’empilement d’erreurs et d’approximations me conduit à penser que tout cela a été bouclé dans la précipitation.
Pour aborder le budget primitif qui nous est présenté ce soir, je veux rappeler la formule de l’adjoint aux finances l’an dernier au même moment : « Ce n’est qu’à la fin du bal qu’on paie les musiciens », aviez-vous répondu lorsque je vous avais interrogé sur l’état de l’endettement prévisible à la fin de l’année 2016.
Soit, nous sommes à la fin du bal. Les musiciens ont joué leur musette mais je crains bien qu’ils ne soient jamais payés. Et la soirée risque fort de se terminer par une vraie gueule de bois.
Le document qui nous est présenté, au-delà de son indigence habituelle, traduit l’absence totale de gouvernance dans cette ville
Commençons donc par le commencement, je ne manquerai pas de revenir sur le sujet de l’endettement au cours de mon propos.
Le document qui nous est présenté, au-delà de son indigence habituelle, traduit l’absence totale de gouvernance dans cette ville. Certains chiffres annoncés me paraissent pour le moins étonnants, quand ils ne sont pas totalement erronés. L’empilement d’erreurs et d’approximations me conduit à penser que tout cela a été bouclé dans la précipitation.
Dotations de l’Etat : approximations et double discours.
Sur les recettes de fonctionnement, et singulièrement, la baisse des dotations de l’Etat, il y a comme un léger problème puisque nous avons 3 chiffres différents :
page 3, au milieu, vous évoquez « la baisse continue des dotations (-504 k€) » page 3, en bas, dans le tableau, le chiffre pour 2017 est de 667 027 € dans le tableau du document primitif, en faisant l’addition des chiffres des dotations de l’Etat, on arrive au chiffre de – 243 000 euros. Sur les recettes de fonctionnement, et singulièrement, la baisse des dotations de l’Etat, il y a comme un léger problème puisque nous avons 3 chiffres différents :
Pouvez-vous me confirmer que le bon chiffre est bien celui-là si nous parlons des Dotations de l’Etat ?
Avez-vous calculé combien coûterait à la ville de Belfort votre soutien à François Fillon et son programme de 100 milliards d’économie ?
Si c’est le cas, les chiffres de la page 3 qui s’avèrent totalement fantaisistes. Et quel crédit porter dès lors au tableau affiché tout en bas ? A mon sens, aucun. L’effort cumulé qui est mentionné n’est pas celui des baisses de dotations de l’Etat. Il cumule d’autres baisses.
Une autre question me vient dès lors : au soir du premier tour de la primaire de la droite, dans les 5 secondes qui ont suivi les résultats, avez-vous calculé combien coûterait à la ville de Belfort votre soutien à François Fillon et son programme de 100 milliards d’économie ?
Les difficultés de votre double discours s’amoncellent à l’horizon : vous soutenez aujourd’hui un candidat qui propose une économie de la dépense publique de 100 milliards d’euros, dont 20 pour les collectivités soit le double des efforts proposés par Manuel Valls et que vous n’avez cessé de vouer aux gémonies.
Je cite ici le projet de François Fillon pour étayer mon propos de façon précise et concrète : « les collectivités locales, qui représentent 20% des dépenses publiques, seront également amenées à contribuer en proportion à la maîtrise des dépenses ». Je veux vous poser une question simple : si votre candidat devait l’emporter en mai prochain, comment allez-vous faire ? qu’allez-vous raconter à la population ? comment allez-vous gérer la ville ? Justifierez-vous par exemple l’abandon du projet des berges de la Savoureuse par les choix que vous imposent M. Fillon et vos propres amis ? Vivement demain risque de devenir vivement hier.
Je veux insister sur ce point, car il permet de planter le décor. J’ai une faiblesse que je vous concède : je crois que la parole politique engage, je crois qu’on ne peut pas tenir de double discours impunément.
Dans la situation de notre pays, cela contribue à affaiblir encore davantage la confiance des citoyens. Vous me rappelez régulièrement que j’ai soutenu François Hollande : oui, je l’assume, mais cela ne me fait pas perdre ma liberté. Et vous ? Pouvez-vous vous engager dès maintenant à tenir le même discours dans 6 mois ou un an ? Aurez-vous la même verve pour critiquer les choix que s’apprête à faire votre propre camp ? C’est une question de sincérité. Sans doute est-ce naïf de ma part, mais si on renonce à cette sincérité élémentaire, tout ce que nous faisons est faux. Et nous donnons de fait raison à tous les démagogues. Je ne m’y résous pas.
Dépenses de fonctionnement : entre mensonges et affaissement de Belfort. Une autre question me vient dès lors : au soir du premier tour de la primaire de la droite, dans les 5 secondes qui ont suivi les résultats, avez-vous calculé combien coûterait à la ville de Belfort votre soutien à François Fillon et son programme de 100 milliards d’économie ?
Les difficultés de votre double discours s’amoncellent à l’horizon : vous soutenez aujourd’hui un candidat qui propose une économie de la dépense publique de 100 milliards d’euros, dont 20 pour les collectivités soit le double des efforts proposés par Manuel Valls et que vous n’avez cessé de vouer aux gémonies.
Je cite ici le projet de François Fillon pour étayer mon propos de façon précise et concrète : « les collectivités locales, qui représentent 20% des dépenses publiques, seront également amenées à contribuer en proportion à la maîtrise des dépenses ». Je veux vous poser une question simple : si votre candidat devait l’emporter en mai prochain, comment allez-vous faire ? qu’allez-vous raconter à la population ? comment allez-vous gérer la ville ? Justifierez-vous par exemple l’abandon du projet des berges de la Savoureuse par les choix que vous imposent M. Fillon et vos propres amis ? Vivement demain risque de devenir vivement hier.
Je veux insister sur ce point, car il permet de planter le décor. J’ai une faiblesse que je vous concède : je crois que la parole politique engage, je crois qu’on ne peut pas tenir de double discours impunément.
Dans la situation de notre pays, cela contribue à affaiblir encore davantage la confiance des citoyens. Vous me rappelez régulièrement que j’ai soutenu François Hollande : oui, je l’assume, mais cela ne me fait pas perdre ma liberté. Et vous ? Pouvez-vous vous engager dès maintenant à tenir le même discours dans 6 mois ou un an ? Aurez-vous la même verve pour critiquer les choix que s’apprête à faire votre propre camp ? C’est une question de sincérité. Sans doute est-ce naïf de ma part, mais si on renonce à cette sincérité élémentaire, tout ce que nous faisons est faux. Et nous donnons de fait raison à tous les démagogues. Je ne m’y résous pas.
Une dérive de l’endettement.
Sur l’endettement de la Ville, les données fournies démontrent de façon évidente, une dérive en la matière.
J’avais annoncé l’an dernier une hausse de l’endettement de la Ville d’environ 3,2 millions d’euros. Vous aviez contesté ce chiffre et c’est à ce moment-là que M. Vivot avait répondu de façon sibylline que « ce n’est qu’à la fin du bal qu’on paie les musiciens ». Eh bien, il suffit ce soir de regarder vos propres tableaux qui établissent effectivement, une augmentation de l’encours de la dette de 3 millions d’euros, passant de 68,97M€ à 71,97 M€.
Et je le dis ici, même si le chiffre n’apparaît pas, l’addition sera la même pour 2017, ou presque : vous prévoyez de contracter 10,4 M d’emprunts nouveaux contre 7,5M de remboursement en capital. Ca fera une addition de +2,9 M d’euros d’endettement. Fin 2017, la ville devrait donc approcher les 75 millions d’euros de dette, un montant jusqu’ici jamais atteint.
Vous disiez même ... : « Nous ferons face à nos échéances. Nous allons nous rétablir en trois ans en avançant sur nos différents projets ». Vous ne rétablissez rien du tout : fin 2017, il y aura 75 millions d’euros d’endettement lorsque fin 2013, dernière année de mandat complet de votre prédécesseur, la dette était de 66 millions d’euros
Ce n’est pas un problème en soi.
Sur le fond, cela n’aurait guère d’importance si cette augmentation résultait d’une politique d’investissement ambitieuse. J’y reviendrai car les chiffres sont là aussi très fantaisistes.
Cela devient un problème parce que vous avez dit le contraire aux Belfortains pendant toute votre campagne vous avez dénoncé la « dette abyssale de la ville ». Il suffit de retrouver vos propos. Vous disiez même, le 19 octobre 2014 : « Nous ferons face à nos échéances. Nous allons nous rétablir en trois ans en avançant sur nos différents projets. »
Vous ne rétablissez rien du tout : fin 2017, il y aura 75 millions d’euros d’endettement lorsque fin 2013, dernière année de mandat complet de votre prédécesseur, la dette était de 66 millions d’euros. A ce rythme, c’est une augmentation du stock de dettes de l’ordre de 4 à 5% par an.
D’ailleurs, l’approximation des chiffres continue puisque vous tablez sur une baisse des charges financières de 266 000 euros. Sans doute y’a-t-il l’extinction de vieux emprunts, mais cela reste mystérieux car en 2016, le taux d’intérêt moyen, selon les données fournies était de l’ordre de 2,86%. Cela signifie que vous misez sur un taux d’intérêt qui passerait à 2,37% en 2017. On peut s’en réjouir. Mais on peut aussi s’en inquiéter car tous les experts envisagent à l’inverse l’augmentation des taux en 2017 avec le retour de l’inflation. Tout cela ne me paraît pas très prudent.
Sur le fond, cela n’aurait guère d’importance si cette augmentation résultait d’une politique d’investissement ambitieuse. J’y reviendrai car les chiffres sont là aussi très fantaisistes.
Cela devient un problème parce que vous avez dit le contraire aux Belfortains pendant toute votre campagne vous avez dénoncé la « dette abyssale de la ville ». Il suffit de retrouver vos propos. Vous disiez même, le 19 octobre 2014 : « Nous ferons face à nos échéances. Nous allons nous rétablir en trois ans en avançant sur nos différents projets. »
Vous ne rétablissez rien du tout : fin 2017, il y aura 75 millions d’euros d’endettement lorsque fin 2013, dernière année de mandat complet de votre prédécesseur, la dette était de 66 millions d’euros. A ce rythme, c’est une augmentation du stock de dettes de l’ordre de 4 à 5% par an.
D’ailleurs, l’approximation des chiffres continue puisque vous tablez sur une baisse des charges financières de 266 000 euros. Sans doute y’a-t-il l’extinction de vieux emprunts, mais cela reste mystérieux car en 2016, le taux d’intérêt moyen, selon les données fournies était de l’ordre de 2,86%. Cela signifie que vous misez sur un taux d’intérêt qui passerait à 2,37% en 2017. On peut s’en réjouir. Mais on peut aussi s’en inquiéter car tous les experts envisagent à l’inverse l’augmentation des taux en 2017 avec le retour de l’inflation. Tout cela ne me paraît pas très prudent.
Investissements : le trou noir.
De l’endettement en plus donc, en total contradiction avec vos promesses, mais admettons que ce soit justifié par la qualité de vos investissements.
De la dette, mais pour quoi faire ?
D’abord, encore et toujours, il y a les chiffres :
page 8, le tableau fourni détaille les dépenses d’équipement à hauteur de 22 420 654 € :
- Dont travaux et projets structurants : 16 228 954 €
- Dont acquisitions immobilières et bâtiments : 6 632 000 €
- Dont subventions d’équipement : 409 700 €
Ma calculatrice indique un total de 23 270 654 € soit une différence de 850 000 €, ce qui ne me paraît pas négligeable. Là encore, merci de nous préciser quel est le chiffre sur lequel nous sommes sensés voter ce soir ?...
Je suis tenté de vous poser la même question : on vote sur 10,7 M€ ou bien sur 8,5 M€ ce soir ? Cela fait tout de même une différence de 2,2 M d’euros
Mais ce n’est pas fini, le plus mystérieux se situe dans l’inventaire de ce qui devrait correspondre à des investissements nouveaux à hauteur de 10,7 M€. Je me suis amusé (façon de parler) à faire la somme de tous les projets, et là aussi, la calculatrice, juge de paix, donne un chiffre différent : les projets d’investissements nouveaux que vous nous présentez se montent à 8 544 000 €. Je suis tenté de vous poser la même question : on vote sur 10,7 M€ ou bien sur 8,5 M€ ce soir ? Cela fait tout de même une différence de 2,2 M d’euros. Un détail sur lequel j’aimerais beaucoup obtenir des précisions.
Cet écart peut s’expliquer par deux hypothèses :
Autre question, il n’y a, sauf erreur de ma part, aucune précision sur les 6,6 M d’euros d’acquisitions foncières. J’imagine que c’est pour l’achat de l’hôpital, mais je continue de m’interroger sur cette somme et sur l’équilibre général de cette opération. La valeur du foncier doit être assez proche des travaux de dépollution et des travaux de démolition à mettre en œuvre. Pour la Ville, cela va représenter un coût important alors que nous maîtrisons largement les choses à travers le PLU.
Quand je vois cette propagande, j’ai l’impression que Belfort est un peu devenu Cuba sans le soleil
Sur la nature des investissements, je n’en rajouterai pas sur la promenade au bord de l’eau. Je continue de m’opposer à cet investissement qui ne correspond à aucune utilité pour la Ville. Vous finirez par vous en rendre compte, mais malheureusement trop tard.
Sur le reste, je relève la très faible part des investissements dédiés aux écoles de la part de la Ville :
Ce qui fait un total de 517,5 K€ pour les écoles, soit, sur les 10,7 M€ des nouveaux projets, représente moins de 5%. Il est peu probable que ce montant ait jamais été aussi bas, et il traduit bien un choix politique de votre part qui vient percuter une fois de plus votre communication politique omniprésente.
En témoigne votre dernier tract : Damien Meslot et son équipe font de l’école une priorité. Vous prétendez même que la Ville investit chaque année 20% du budget en faveur de l’éducation. Pouvez-vous, M. Vivot nous fournir le détail de ces 11 500 000 euros dont vous faites la réclame dans les boîtes aux lettres ? Quand je vois cette propagande, j’ai l’impression que Belfort est un peu devenu Cuba sans le soleil.
En témoigne votre dernier tract : Damien Meslot et son équipe font de l’école une priorité. Vous prétendez même que la Ville investit chaque année 20% du budget en faveur de l’éducation. Pouvez-vous, M. Vivot nous fournir le détail de ces 11 500 000 euros dont vous faites la réclame dans les boîtes aux lettres ? Quand je vois cette propagande, j’ai l’impression que Belfort est un peu devenu Cuba sans le soleil.
Bastien FAUDOT,
Conseiller municipal de la Ville de Belfort
Conseiller départemental du Territoire de Belfort
Conseiller municipal de la Ville de Belfort
Conseiller départemental du Territoire de Belfort