Résumer le quinquennat de Nicolas Sarkozy en termes de bilan est une tâche peu aisée. Ce quinquennat, contrairement aux mandats précédents, même le mandat interrompu de Georges Pompidou, laisse le sentiment d'une oeuvre mal définie : de Gaulle a exercé ses mandats en vue du projet de redresser la France, Pompidou pour faire la transition vers un conservatisme plus classique, VGE pour moderniser en surface, Mitterrand pour changer la donne en profondeur, Chirac pour maintenir cahin-caha une France fragilisée dans un monde qui lui échappait. Une série de contradictions obscurcissent au contraire non pas l'action, ce qui est normal, mais le fond même du projet de Nicolas Sarkozy.
Que voulait Nicolas Sarkozy ?
Avant tout faire la "rupture" celle que la presse économique appelait de ses voeux depuis une bonne vingtaine d'années. Revoir la protection sociale, limiter le rôle de l'Etat, en bref, mettre la France aux normes libérales. Outre une résistance mal évaluée de la société française, survient la crise financière puis économique qui va le conduire à un discours volontariste parfois même étatiste jusqu'au sein de l'Union européenne. Ainsi éclate en morceaux le projet même qui devait donner son axe au quinquennat. On a donc des morceaux de « rupture » comme la réforme des retraites ou le choix fiscaux sans aucune cohérence d'ensemble. Faute d'avoir cette croissance économique que le candidat était prêt à aller chercher "avec les dents", il eût fallu revoir les priorités de la "réforme", retombée dans la banalité du libéralisme économique le plus classique.
Un quinquennat sécuritaire ? Outre qu'on aurait du mal à voir là un projet en soi, ni le redressement de la délinquance ni surtout la course de rattrapage des fait divers sanglants à coups d'annonces législatives rarement actées n'ont pu donner une cohérence à un discours dont la réactivité et l'agitation même ont été comme un écho aux actes isolés auxquels Nicolas Sarkozy prétendait donner un caractère emblématique.
Une société moins laïque et plus chrétienne (discours au Vatican en 2008, débat sur l'identité nationale) était l'accompagnement en termes de valeurs du projet présidentiel. N. Sarkozy a renoncé à réviser en ce sens la loi de 1905 et, si l'on ne peut que s'en féliciter, on voit bien que c'est plus résignation aux fondamentaux de la société française que compréhension de ses valeurs profondes.
L'atlantisme, projet majeur et traduction en politique étrangère de la "rupture". Nicolas Sarkozy choisit de se prosterner devant Bush, président dévalué et de toute façon sortant en battant froid à son successeur qui était pourtant à l'évidence le bon partenaire. Quant au retour au sein du commandement intégré de l'Otan, il consiste à mettre fin à notre indépendance sans aucune compensation, faisant perdre à la France le rôle qu'elle pouvait encore jouer vis-à-vis de l'Est et, bien sûr, du Sud.
Quid de la réforme des institutions ? En ce qui concerne l'exécutif, elles ont finalement résisté : le partage des rôles entre le président et le Premier ministre est en train de revenir vers la normale, avec pour seul effet collatéral d'avoir désorienté et démotivé l'administration. Quant au Parlement, nouvelle contradiction cette fois, entre les pouvoirs nouveaux censés accroître le rôle des assemblées et une réforme comme la "question prioritaire de constitutionnalité" qui bride au contraire le pouvoir souverain du Parlement de faire la loi. On ne saurait oublier, au titre des contradictions, l'adoption contre le choix référendaire du peuple souverain du traité de Lisbonne.
Trop de vide et trop de plein, ainsi a-t-on envie de résumer le quinquennat qui s'achève : vide des annonces non suivies d'effet, spécialement en matière pénale et policière ; vide d'un message de « rupture » qui n'est que la reprise de la vulgate libérale mise au point au XIXe siècle et qui revient à intervalles réguliers depuis lors. Trop plein de gestes, multiplication de discours volontaristes non suivis d'effet, de symboles inutilement provocateurs (le curé contre l'instituteur)...
Dans le manque de sens de ce quinquennat, les circonstances, sans doute, ont eu leur place. Mais savoir les intégrer, savoir dépasser son projet initial comme la plupart de ses prédécesseurs ont su le faire, voilà ce qui aura manqué à Nicolas Sarkozy.
Que voulait Nicolas Sarkozy ?
Avant tout faire la "rupture" celle que la presse économique appelait de ses voeux depuis une bonne vingtaine d'années. Revoir la protection sociale, limiter le rôle de l'Etat, en bref, mettre la France aux normes libérales. Outre une résistance mal évaluée de la société française, survient la crise financière puis économique qui va le conduire à un discours volontariste parfois même étatiste jusqu'au sein de l'Union européenne. Ainsi éclate en morceaux le projet même qui devait donner son axe au quinquennat. On a donc des morceaux de « rupture » comme la réforme des retraites ou le choix fiscaux sans aucune cohérence d'ensemble. Faute d'avoir cette croissance économique que le candidat était prêt à aller chercher "avec les dents", il eût fallu revoir les priorités de la "réforme", retombée dans la banalité du libéralisme économique le plus classique.
Un quinquennat sécuritaire ? Outre qu'on aurait du mal à voir là un projet en soi, ni le redressement de la délinquance ni surtout la course de rattrapage des fait divers sanglants à coups d'annonces législatives rarement actées n'ont pu donner une cohérence à un discours dont la réactivité et l'agitation même ont été comme un écho aux actes isolés auxquels Nicolas Sarkozy prétendait donner un caractère emblématique.
Une société moins laïque et plus chrétienne (discours au Vatican en 2008, débat sur l'identité nationale) était l'accompagnement en termes de valeurs du projet présidentiel. N. Sarkozy a renoncé à réviser en ce sens la loi de 1905 et, si l'on ne peut que s'en féliciter, on voit bien que c'est plus résignation aux fondamentaux de la société française que compréhension de ses valeurs profondes.
L'atlantisme, projet majeur et traduction en politique étrangère de la "rupture". Nicolas Sarkozy choisit de se prosterner devant Bush, président dévalué et de toute façon sortant en battant froid à son successeur qui était pourtant à l'évidence le bon partenaire. Quant au retour au sein du commandement intégré de l'Otan, il consiste à mettre fin à notre indépendance sans aucune compensation, faisant perdre à la France le rôle qu'elle pouvait encore jouer vis-à-vis de l'Est et, bien sûr, du Sud.
Quid de la réforme des institutions ? En ce qui concerne l'exécutif, elles ont finalement résisté : le partage des rôles entre le président et le Premier ministre est en train de revenir vers la normale, avec pour seul effet collatéral d'avoir désorienté et démotivé l'administration. Quant au Parlement, nouvelle contradiction cette fois, entre les pouvoirs nouveaux censés accroître le rôle des assemblées et une réforme comme la "question prioritaire de constitutionnalité" qui bride au contraire le pouvoir souverain du Parlement de faire la loi. On ne saurait oublier, au titre des contradictions, l'adoption contre le choix référendaire du peuple souverain du traité de Lisbonne.
Trop de vide et trop de plein, ainsi a-t-on envie de résumer le quinquennat qui s'achève : vide des annonces non suivies d'effet, spécialement en matière pénale et policière ; vide d'un message de « rupture » qui n'est que la reprise de la vulgate libérale mise au point au XIXe siècle et qui revient à intervalles réguliers depuis lors. Trop plein de gestes, multiplication de discours volontaristes non suivis d'effet, de symboles inutilement provocateurs (le curé contre l'instituteur)...
Dans le manque de sens de ce quinquennat, les circonstances, sans doute, ont eu leur place. Mais savoir les intégrer, savoir dépasser son projet initial comme la plupart de ses prédécesseurs ont su le faire, voilà ce qui aura manqué à Nicolas Sarkozy.