C'est au pied du mur que des millions de spectateurs ont découvert que la Coupe du Monde n'était pas, pour la première fois, intégralement diffusée sur des chaines gratuites. A l'issue de la première semaine, TF1 a diffusé seulement 8 des 21 matchs et la suite du premier tour sera pire. Alors même que la troisième journée sera sportivement décisive pour la suite de la compétition : Belgique-Russie ou Pays-Bas/Chili ne seront pas visible sur TF1. Et au deuxième tour, plusieurs 8 ème de finale et 1 quart de finale seront diffusés exclusivement sur BeIN Sports. Comme prévu les Français sont privés de l'évènement qui est devenu plus qu'à moitié invisible. Les spectateurs reçoivent bien le message à travers les nombreuses publicités diffusées sur TF1 pour vanter la diffusion intégrale sur BeIN Sports.
Je suis intervenu plusieurs fois ce printemps pour dénoncer cette situation que je juge scandaleuse parce qu'elle fait passer un évènement planétaire accessible en une manifestation pour spécialistes. Cette diffusion à péage coupe l'évènement du très grand public et casse la temporalité de la compétition comme si on sautait les deux tiers des actes 1 et 2 d'une pièce de théâtre. Cette privatisation de l'évènement joue d'ailleurs, à moyen terme, contre les diffuseurs traditionnels et valide l'escalade excessive des droits de diffusion. TF1 scie la branche sur laquelle cette chaine est assise.
Je suis intervenu plusieurs fois ce printemps pour dénoncer cette situation que je juge scandaleuse parce qu'elle fait passer un évènement planétaire accessible en une manifestation pour spécialistes. Cette diffusion à péage coupe l'évènement du très grand public et casse la temporalité de la compétition comme si on sautait les deux tiers des actes 1 et 2 d'une pièce de théâtre. Cette privatisation de l'évènement joue d'ailleurs, à moyen terme, contre les diffuseurs traditionnels et valide l'escalade excessive des droits de diffusion. TF1 scie la branche sur laquelle cette chaine est assise.
Cette question est-elle vitale ? Je suis député et je me bats pour le redressement du pays englué dans une grave crise politique et économique. Je sais bien que la diffusion de la Coupe du Monde est un petit sujet mais la vie publique est aussi une enfilade de "petites questions". On dit souvent que les politiques sont déconnectés, ce serait dommage que les députés délaissent les questions du quotidien.
Les pouvoirs publics ont-ils leur mot à dire ? On m'a parfois objecté que seule la loi du marché devait l'emporter et qu'il n'y aurait rien à dire au fait que TF1 et BeIN Sports se mettent d'accord sur le dos des téléspectateurs. C'est faux. En matière de communication, les pouvoirs publics (le gouvernement, le Parlement et l'autorité indépendante) ont un rôle à jouer, fixer des règles et faire valoir le droit à l'information. C'est exactement ce que prévoit la loi en protégeant un certain nombre d'évènements sportifs. Ce n'est pas un hasard si les JO sont intégralement visibles. Ce ne sont pas les lois du marché qui font que le Tour de France est visible par tous. Ces deux évènements sont intégralement protégés par le décret de 2004 qui fixe la liste des évènements qui doivent être visibles par tous. Vendredi, Olivier Schrameck, président du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel, a exprimé plus de volontarisme que le gouvernement en demandant une loi pour intervenir dans la négociation des droits.
Est-ce combat d'arrière-garde ? La Belgique et la Grande Bretagne sont au contraire à l'avant-garde d'un mouvement de lutte contre la privatisation des évènements sportifs après avoir décidé de les réserver aux chaînes visibles par tous. L'UEFA et la FIFA ont d'ailleurs attaqué la Belgique et la Grande Bretagne et ont perdu au niveau européen. La Cour de Justice de l'Union européenne a validé le primat du droit à l'information sur la liberté du commerce.
Le sport business est aujourd'hui en crise et n'évite les remises en cause que par l'arrivée d'investisseurs irrationnels, et aux poches profondes, comme les Qataris ou les oligarques russes. L'attribution de la Coupe du Monde 2022 au Qatar consacre cette fuite en avant. Les chaines à péage se révèlent utiles pour faire sortir certains sports de l'ombre mais à haute dose le bienfait devient poison. Le passage, pour la première fois cette année, au tout privé de la Ligue des Champions coupe cette compétition du très grand public. Le championnat de France de football est totalement invisible hors des chaines à péage. L'Angleterre a fait là-aussi un choix différent mixant diffusion lucrative et visibilité de certains matchs. Ce ne sont pas des fatalités mais des choix faits par les organisateurs des compétitions ou par les pouvoirs publics.
Et après ? La France organise le Championnat d'Europe des Nations 2016. La France organise et finance cette compétition, à commencer par la construction ou la rénovation de beaucoup de stades. Les droits de diffusion ont déjà été achetés par BeIN Sports qui, pour le moment, n'a pour seule obligation que la diffusion des matchs de l'équipe de France et de la finale. C'est très peu et ça n'est pas normal. Il faut donc modifier le décret de 2004 pour intégrer l'ensemble de la compétition parce qu'elle est organisée en France. Pour cette Coupe du Monde, il est trop tard mais pour l'Euro 2016 il est plus que temps.
Les pouvoirs publics ont-ils leur mot à dire ? On m'a parfois objecté que seule la loi du marché devait l'emporter et qu'il n'y aurait rien à dire au fait que TF1 et BeIN Sports se mettent d'accord sur le dos des téléspectateurs. C'est faux. En matière de communication, les pouvoirs publics (le gouvernement, le Parlement et l'autorité indépendante) ont un rôle à jouer, fixer des règles et faire valoir le droit à l'information. C'est exactement ce que prévoit la loi en protégeant un certain nombre d'évènements sportifs. Ce n'est pas un hasard si les JO sont intégralement visibles. Ce ne sont pas les lois du marché qui font que le Tour de France est visible par tous. Ces deux évènements sont intégralement protégés par le décret de 2004 qui fixe la liste des évènements qui doivent être visibles par tous. Vendredi, Olivier Schrameck, président du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel, a exprimé plus de volontarisme que le gouvernement en demandant une loi pour intervenir dans la négociation des droits.
Est-ce combat d'arrière-garde ? La Belgique et la Grande Bretagne sont au contraire à l'avant-garde d'un mouvement de lutte contre la privatisation des évènements sportifs après avoir décidé de les réserver aux chaînes visibles par tous. L'UEFA et la FIFA ont d'ailleurs attaqué la Belgique et la Grande Bretagne et ont perdu au niveau européen. La Cour de Justice de l'Union européenne a validé le primat du droit à l'information sur la liberté du commerce.
Le sport business est aujourd'hui en crise et n'évite les remises en cause que par l'arrivée d'investisseurs irrationnels, et aux poches profondes, comme les Qataris ou les oligarques russes. L'attribution de la Coupe du Monde 2022 au Qatar consacre cette fuite en avant. Les chaines à péage se révèlent utiles pour faire sortir certains sports de l'ombre mais à haute dose le bienfait devient poison. Le passage, pour la première fois cette année, au tout privé de la Ligue des Champions coupe cette compétition du très grand public. Le championnat de France de football est totalement invisible hors des chaines à péage. L'Angleterre a fait là-aussi un choix différent mixant diffusion lucrative et visibilité de certains matchs. Ce ne sont pas des fatalités mais des choix faits par les organisateurs des compétitions ou par les pouvoirs publics.
Et après ? La France organise le Championnat d'Europe des Nations 2016. La France organise et finance cette compétition, à commencer par la construction ou la rénovation de beaucoup de stades. Les droits de diffusion ont déjà été achetés par BeIN Sports qui, pour le moment, n'a pour seule obligation que la diffusion des matchs de l'équipe de France et de la finale. C'est très peu et ça n'est pas normal. Il faut donc modifier le décret de 2004 pour intégrer l'ensemble de la compétition parce qu'elle est organisée en France. Pour cette Coupe du Monde, il est trop tard mais pour l'Euro 2016 il est plus que temps.