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Publié le Samedi 22 Octobre 2011

"Sortir la France de l'impasse": l'urgence de l'histoire



Note de lecture de "Sortir la France de l'impasse" par Marie-Françoise Bechtel, vice-présidente du Mouvement Républicain et Citoyen.


"Sortir la France de l'impasse": l'urgence de l'histoire
Dans "La France est-elle finie ?", JP Chevènement s’était donné pour tâche un inventaire des raisons historiques pour lesquelles la France avait dévissé au cœur du monde globalisé . Il en avait explicité les causes, mesuré l’ampleur et défini les grands défis.

Avec "Sortir la France de l’impasse", il entend s’attaquer à l’urgence qui en résulte : résoudre la crise historique dont il avait montré les tenants et aboutissants.

L’impasse c’est celle du « projet européen de la France ». Notre situation actuelle ne résulte pas de la marche mécanique d’une  Europe  qui nous eût été imposée et dont le projet français aurait été absent. C’est au contraire l’erreur dans la formulation de ce projet, vieux maintenant de plus de quarante ans, qui est la source des déviances d’une construction qui tourne aujourd’hui le dos à la prospérité du continent qu’elle avait la charge d’unir. Sous le patronage de Jean Monnet, la France a participé activement au projet initial d’une Europe plus chrétienne-démocrate que social-démocrate. Elle a ensuite accepté le saut dans le néo-libéralisme. Mieux, elle l’a parfois appuyé.

L’Europe est donc devant un tournant historique. La crise mondiale rend incontournable la remise en question des options fondamentales sur lesquelles elle a été bâtie. Si la « crise » est un phénomène qui frappe toutes les zones du monde  chacune de ces zones est aujourd’hui devant des enjeux spécifiques. Pour l’Europe, c’est autour de l’euro que doit être cherché une sortie de crise car « la crise de l’euro est (...) l’ avatar de la crise du capitalisme financier globalisé entamée depuis 2007-2008. ».

En sortir, comment ? Là où certains voudraient hâter le temps historique et préconisent une sortie immédiate de l’euro, JP Chevènement préfère soupeser le possible au trébuchet du réel, ce qui ne l’empêche pas au contraire de garder l’oeil fixé sur un horizon ambitieux. De là la formulation de deux hypothèse . La première est la redéfinition du rôle de la Banque centrale européenne qui « est cruciale ». C’est le plan A : prise à pension de la dette publique par la BCE dont la mission serait élargie au soutien de la croissance notamment par une politique de change mettant fin à la surévaluation de l’euro qui est un obstacle majeur aux exportations. La mise en œuvre, comme aux Etats-Unis, de la planche à billets ne créerait en effet qu’une inflation modérée et « la dévaluation de l’euro est nécessaire à la réindustrialisation de l’Europe ». Cette piste plus solide que la mutualisation d’une dette européenne devenue colossale par une politique d’eurobonds aujourd’hui privilégiée par les sociaux-démocrates demande toutefois un dialogue franc avec l’Allemagne pour lequel il faudra trouver -dans les doutes sur son avenir ?- des éléments de persuasion. Ce sera donc une tâche difficile.

C’est pourquoi un plan B doit être prêt car « aucun pays digne de ce nom ne peut s’enfermer dans une politique sans alternative ». Il faut donc « organiser la mutation de l’euro de monnaie unique en monnaie commune », comme le fut l’écu. Ainsi la dévaluation compétitive serait-elle possible tout en maintenant un « toit européen » pour l’émergence à terme d’une devise européenne « entre le dollar et le yuan » 

Plan A demandant beaucoup d’énergie et de détermination pour convaincre le partenaire allemand, ou plan B pour faire face aux aléas aujourd’hui imprévisibles de la zone euro, nécessitent une « Europe européenne », refondant le pacte européen autour de nations qui ont suffisamment en commun pour faire quelque chose ensemble.

Mais rien de tout cela ne peut être accompli sans « remettre debout le peuple français ». Pourquoi ? Parce que la démission de nos élites se traduit tout particulièrement aujourd’hui dans un anti populisme tenant à leur « médiocrité (...) leurs intérêts (faisant) le reste », qui diabolise la nation pour retirer au peuple sa légitime fierté d’être français. Or cette démonisation de la nation de la part d’élites par ailleurs admiratrices du projet national américain, est étroitement liée à l’origine de la construction européenne. Présente chez Jean Monnet, elle a prospéré dans notre pays sur le terreau de la défaite, qui alimente aujourd’hui la « repentance ». Le désarroi de la jeunesse, la crise de la démocratie, les difficultés de l’intégration lui sont pour l’essentiel imputables. Tous ces manques décrivent en creux les tâches de l’avenir : redresser la nation par l’école, la cohésion sociale par une intégration ambitieuse refusant les idéologies compassionnelles, la démocratie par la remise en selle de l’idéal républicain civique, patriotique et porteur de l’intérêt général.

Ce qu’il faut attendre du Président de la République est donc un projet hautement politique, sachant renouer avec le « roman national (qui) n’a aucune raison de s’interrompre aujourd’hui ». Sans doute cette phrase est-elle la plus significative d’un ouvrage qui entend répondre à l’interrogation préalable : « La France est-elle finie ? ». Et le point d’interrogation qui le conclut a valeur, d’hypothèse, d’espoir et de défi .

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"Sortir la France de l'impasse" est disponible à la vente sur la page dédiée du blog de Jean-Pierre Chevènement

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