« Ainsi l'homme qui disait que son ennemi était la finance a embauché depuis le début un financier pur et dur ! Pour rendre service à l'Allemagne et aux banques d'affaires je suppose. De quoi dégoutter totalement pas mal de gens ! Nous, le petit peuple, avons désormais le choix entre le IVème Reich ou Le FN alors ? Bien sûr, on me dira extrémiste mais autour de moi beaucoup sont dégoutés de ces "politicards" sans foi ni loi. A leur soumission à la "finance" comme ceux du 10 juillet 1940 le furent à Pétain. Que pouvons-nous faire désormais ? Bien sûr, je ne suis pas spécialiste… Mais nombreux sont comme moi et nombreux choisiront les extrêmes je le crains. »
Voilà un courriel que j'ai reçu ce matin. Un parmi d'autres. Je connais son auteur, il n'est pas du genre à mettre sa langue dans sa poche. Il est du Nord, patron d'une petite entreprise qu'il a crée à 50 ans, de ses mains pour « rebondir », pouvoir gagner sa vie et nourrir sa famille, après avoir été salarié. Il est plus proche du monde ouvrier que du patronat du CAC 40 avec lequel il n'a rien en commun. Il ne supporte pas le Medef, son évolution et son programme de « réformes » à l'allemande et de ses perspectives purement libérales.
Voilà un courriel que j'ai reçu ce matin. Un parmi d'autres. Je connais son auteur, il n'est pas du genre à mettre sa langue dans sa poche. Il est du Nord, patron d'une petite entreprise qu'il a crée à 50 ans, de ses mains pour « rebondir », pouvoir gagner sa vie et nourrir sa famille, après avoir été salarié. Il est plus proche du monde ouvrier que du patronat du CAC 40 avec lequel il n'a rien en commun. Il ne supporte pas le Medef, son évolution et son programme de « réformes » à l'allemande et de ses perspectives purement libérales.
Il est de ces hommes qui bossent dur, grande gueule et le cœur sur la main. Pas raciste pour un sou, confiant dans la nature profonde des Français, « un peuple ouvert » aime t-il dire. Patriote, il aime son pays, c'est un républicain, il aime le travail et souhaite que celui-ci soit justement récompensé. Il n’a pas peur de la concurrence mais il aime l’égalité alors forcément, ça coince... Et là, il est écœuré, inquiet et en colère. Profondément en colère. Il en a marre !
J'ai voulu en parler, parce que son courriel me semble en résonance profonde avec une grande partie du peuple français qui ne supporte tout simplement plus la situation dans laquelle nous sommes. Sentiment profond que le pays est littéralement « vendu, dépecé. » Dans une superbe chanson, « L'encan », Félix Leclercq parlait de la vente à la découpe de sa Belle Province (le Québec), sur ce disque venait ensuite une autre chanson, « Demain je pars pour la guerre »... L’humiliation n’est jamais bonne conseillère, or c’est ce que produit cette guerre dans laquelle nous sommes engagés.
Nouvelle Guerre de Trente ans, commencée en 1983 avec le « tournant de la rigueur », au nom de l’Europe. Fondamentalement, idéologie de substitution à la nation républicaine. Il suffit de constater comment la machine propagando-médiatique s’est mise en branle pour décrédibiliser Arnaud Montebourg pour, en réalité avoir mis en cause (même modestement), les choix économiques du président de la République et la nature de notre relation avec l’Allemagne. Une bataille de plus dans cette longue guerre qui corrompt et ronge la nation, la république, notre souveraineté donc la démocratie.
Les annonces qui se suivent jusqu'à la nausée de l'augmentation des dividendes aux actionnaires, de l'accroissement sans fin des revenus des plus riches, deviennent insupportables.
La situation, la place et le rôle de la France dans l'Union européenne sont aujourd'hui incompréhensibles. L'austérité est vécue comme une injustice et le discrédit du politique est généralisé. Derrière ce propos, « le IVème Reich ou le FN », qui peut paraître brutal, certains ne manqueront pas de dire « populiste », que faut-il entendre, comprendre que nous ne voulons ni entendre ni comprendre ?
Tout d’abord l’abandon pur et simple des catégories populaires et d’une partie de la classe moyenne. Elles se sentent livrées à elles-mêmes, face à des forces qui les dépassent. Seules face aux grandes tempêtes de la mondialisation financière. Le pays est absent, la patrie n’est qu’une vieille lune archaïque, la nation une nostalgie paralysante à l’heure de l’affirmation communautaire et de la revendication multiculturelle… Bref le sentiment profond, c’est que la France doit se soumettre à l’Europe, au marché, à la concurrence, aux multinationales, à l’Allemagne, à la BCE, à Bruxelles, à Washington… où disparaître.
Trouble profond mais qui est d’abord politique car le peuple français est d’abord un peuple politique. Que la politique le trahisse et il cesse d’être lui-même si ce n’est cet « agrégat inconstitué de peuples désunis » dont parlait Mirabeau.
La perspective tranquille et rassurante d’une intégration dans une Union européenne, qui était en réalité génétiquement programmée pour s’épanouir à l’ombre de la puissance des Etats-Unis d’Amérique et dans le contexte de la Guerre froide, n’est définitivement plus d’actualité.
La France doit à nouveau apprendre à jouer sa propre partition dans le « concert des nations » et retrouver le goût des grands espaces, conformément à son génie. A ce jeu-là, l’Allemagne a pris une longueur d’avance. Elle a reconstitué sa zone d'influence en Europe ainsi que sa puissance politique, et a imposé sa monnaie. Dans cette affaire, ce qui est grave, ce n’est pas la puissance allemande, c’est la faiblesse française.
Aujourd'hui notre pays est blessé, bien souvent les Français se sentent humiliés, atteints dans leur honneur et leur dignité. Ils ne supportent pas, et ils ont raison, ce sentiment d'abaissement et de déclassement social, économique, diplomatique, politique de leur pays. Ils ne supportent pas, et ils ont raison, que leurs enfants puissent vivre moins bien qu'eux. Ils ne supportent pas, et ils ont raison, qu'on essaie de leur faire croire que le progrès social est un luxe qu'on ne peut plus se permettre. Car ils savent au fond d’eux-mêmes que cela va à l’encontre de leur propre identité, de leur histoire et de l’avenir qu’ils veulent tracer. Pour eux-mêmes mais aussi comme message universel adressé à l’humanité toute entière.
-------------
Source : Marianne.net
J'ai voulu en parler, parce que son courriel me semble en résonance profonde avec une grande partie du peuple français qui ne supporte tout simplement plus la situation dans laquelle nous sommes. Sentiment profond que le pays est littéralement « vendu, dépecé. » Dans une superbe chanson, « L'encan », Félix Leclercq parlait de la vente à la découpe de sa Belle Province (le Québec), sur ce disque venait ensuite une autre chanson, « Demain je pars pour la guerre »... L’humiliation n’est jamais bonne conseillère, or c’est ce que produit cette guerre dans laquelle nous sommes engagés.
Nouvelle Guerre de Trente ans, commencée en 1983 avec le « tournant de la rigueur », au nom de l’Europe. Fondamentalement, idéologie de substitution à la nation républicaine. Il suffit de constater comment la machine propagando-médiatique s’est mise en branle pour décrédibiliser Arnaud Montebourg pour, en réalité avoir mis en cause (même modestement), les choix économiques du président de la République et la nature de notre relation avec l’Allemagne. Une bataille de plus dans cette longue guerre qui corrompt et ronge la nation, la république, notre souveraineté donc la démocratie.
Les annonces qui se suivent jusqu'à la nausée de l'augmentation des dividendes aux actionnaires, de l'accroissement sans fin des revenus des plus riches, deviennent insupportables.
La situation, la place et le rôle de la France dans l'Union européenne sont aujourd'hui incompréhensibles. L'austérité est vécue comme une injustice et le discrédit du politique est généralisé. Derrière ce propos, « le IVème Reich ou le FN », qui peut paraître brutal, certains ne manqueront pas de dire « populiste », que faut-il entendre, comprendre que nous ne voulons ni entendre ni comprendre ?
Tout d’abord l’abandon pur et simple des catégories populaires et d’une partie de la classe moyenne. Elles se sentent livrées à elles-mêmes, face à des forces qui les dépassent. Seules face aux grandes tempêtes de la mondialisation financière. Le pays est absent, la patrie n’est qu’une vieille lune archaïque, la nation une nostalgie paralysante à l’heure de l’affirmation communautaire et de la revendication multiculturelle… Bref le sentiment profond, c’est que la France doit se soumettre à l’Europe, au marché, à la concurrence, aux multinationales, à l’Allemagne, à la BCE, à Bruxelles, à Washington… où disparaître.
Trouble profond mais qui est d’abord politique car le peuple français est d’abord un peuple politique. Que la politique le trahisse et il cesse d’être lui-même si ce n’est cet « agrégat inconstitué de peuples désunis » dont parlait Mirabeau.
La perspective tranquille et rassurante d’une intégration dans une Union européenne, qui était en réalité génétiquement programmée pour s’épanouir à l’ombre de la puissance des Etats-Unis d’Amérique et dans le contexte de la Guerre froide, n’est définitivement plus d’actualité.
La France doit à nouveau apprendre à jouer sa propre partition dans le « concert des nations » et retrouver le goût des grands espaces, conformément à son génie. A ce jeu-là, l’Allemagne a pris une longueur d’avance. Elle a reconstitué sa zone d'influence en Europe ainsi que sa puissance politique, et a imposé sa monnaie. Dans cette affaire, ce qui est grave, ce n’est pas la puissance allemande, c’est la faiblesse française.
Aujourd'hui notre pays est blessé, bien souvent les Français se sentent humiliés, atteints dans leur honneur et leur dignité. Ils ne supportent pas, et ils ont raison, ce sentiment d'abaissement et de déclassement social, économique, diplomatique, politique de leur pays. Ils ne supportent pas, et ils ont raison, que leurs enfants puissent vivre moins bien qu'eux. Ils ne supportent pas, et ils ont raison, qu'on essaie de leur faire croire que le progrès social est un luxe qu'on ne peut plus se permettre. Car ils savent au fond d’eux-mêmes que cela va à l’encontre de leur propre identité, de leur histoire et de l’avenir qu’ils veulent tracer. Pour eux-mêmes mais aussi comme message universel adressé à l’humanité toute entière.
-------------
Source : Marianne.net