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Publié le Jeudi 13 Octobre 2011

Projet de l’UMP pour la culture : trop de mots, pas assez d’idées…


Mots-clés : culture, ump

Tribune d'Olivier Amiel, délégué national du Mouvement Républicain et Citoyen à la culture, parue sur le site du quotidien Les Echos, le 12 octobre 2011


Projet de l’UMP pour la culture : trop de mots, pas assez d’idées…
Le projet de l’UMP "La culture : au cœur de la cohésion nationale" avance 52 propositions qui se répètent très souvent avec de trop faibles nuances. Cette débauche argumentaire permet seulement un étalage d’idées inconséquent. Une rationalisation formelle du programme aurait déjà été plus judicieuse et moins prétentieuse.

Dans le fond, le programme de l’UMP a la grande faiblesse de surestimer le bilan de Nicolas Sarkozy et surtout de ne proposer que des mesures déjà présentes dans la lettre de mission adressée à la ministre de la Culture en 2007… soit un aveu d’inaction pour le quinquennat du Président de la République !

Une des contre-vérités les plus flagrantes de son bilan vient de la prétendue "réforme sans précédent" des enseignements artistiques. De bonnes intentions dès 2007 qui sont largement contredites par le triste record de suppressions de postes d’enseignants… Un constat que confirme le nombre important de "nouvelles" propositions répétitives sur ce même sujet.

L’UMP considère également la démocratisation culturelle comme un succès du mandat de Nicolas Sarkozy donnant à plusieurs reprises le chiffre de 4,5 millions d’entrées supplémentaires dans les musées depuis la mise en place de mesures de gratuité, notamment pour les jeunes. Cette affirmation masque la réalité sociologique bien connue de la reproduction sociale avec l’effet pervers d’une gratuité qui profite toujours aux mêmes classes. Ces 4,5 millions d’entrées supplémentaires ne sont pas un indicateur suffisant d’un meilleur accès à la culture si elles profitent toujours aux mêmes publics.

L’injustice des "héritiers" disposant du patrimoine culturel doit cesser par l’initiation et le goût dans le plus haut lieu de l’égalité républicaine : l’école. La farce du rapport devient grotesque quand l’UMP propose pour 2012 afin de "faire venir à la culture des publics qui en sont éloignés" de créer un "Pass Culture" : une mesure que Nicolas Sarkozy présentait déjà et sous ce même nom dans la lettre de mission du 1er août 2007…

Si on peut partager l’argument selon lequel il n’est pas sain d’avoir une surenchère budgétaire en matière culturelle, les rédacteurs du projet de l’UMP ne manquent pas d’aplomb de soutenir l’absence d’un désengagement de l’État dans certains domaines comme le spectacle vivant : la stagnation d’un budget équivaut au fil des ans à une baisse effective de celui-ci.

Le projet n’oublie pas le marqueur habituel à droite du développement de l’initiative privée avec quelques bonnes idées comme l’extension à l’ensemble des commerces culturels indépendants de l’exonération de la contribution économique territoriale. Les nouvelles technologies y ont également une place très importante avec la taxation des industriels du secteur qui semble difficile, voire impossible à mettre en place, et une longue et peu justifiée apologie d’HADOPI.

Cependant, il passe très rapidement sur l’importante question de l’intermittence du spectacle, se satisfaisant de la simple prorogation des règles actuelles jusqu’au 31 décembre 2013. Avouons pour ce point qu’il ne s’agissait malheureusement déjà pas d’une priorité de Nicolas Sarkozy en 2007. Pourtant, en ne décidant rien sur ce secteur en crise depuis maintenant dix ans, la droite laisse s’empirer la situation avec le risque d’une remise en cause globale du système de l’intermittence qui permet pourtant à la France d’avoir un milieu artistique dynamique.

Le régime est bon s’il ne profite qu’aux artistes qui en ont réellement besoin. Une réforme est donc nécessaire afin de sauver un aspect primordial de l’exception culturelle française. Finalement, si on ne peut qu’approuver le fait que la démocratisation réelle de l’accès à la culture doit être le chantier principal pour l’après 2012, force est de constater que tout reste encore à faire dans ce domaine, comme bien d’autres, suite à cinq ans d’immobilisme.

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Source : Les Echos

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