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Publié le Jeudi 21 Mai 2015

Peut-on encore faire une critique de bonne foi de la réforme des collèges ?


Mots-clés : école, éducation

Communiqué de Marie-Françoise Bechtel, députée de l'Aisne et vice-présidente du MRC, jeudi 21 mai 2015.


Il est navrant de constater que le débat public sur la question essentielle de la réforme des collèges se noie dans les opérations politiciennes, comme celles menées par Bruno Le Maire sur fond d’action précipitée du gouvernement.

Il appartient certes à l’exécutif de définir les règles qui doivent s’appliquer aux enseignements et aux programmes ; personne ne doit contester cette compétence. La manière de l’exercer a sans doute été trop brutale, en refusant une concertation avec des partenaires de bonne foi qui aurait pu permettre au gouvernement de revoir sa copie.

Car cette copie était sans aucun doute à revoir. La recherche d’un meilleur suivi des élèves en difficulté est certes nécessaire afin de palier l’impasse du collège unique pour tant de jeunes qui en sortent sans qualification et sans connaissances leur permettant de progresser dans la vie. Mais le « soutien personnalisé » ne peut être réalisé au détriment de la recherche de l’excellence qui est une pépite qui se trouve dans toutes, absolument toutes les couches de la société. Encore faut-il se donner les moyens de l’y aller chercher. C’est sur cette promotion du mérite que la réforme pèche largement et de façon rédhibitoire. La suppression des classes bilangues, la dilution des langues anciennes dans des enseignements interdisciplinaires, la restriction des heures consacrées aux disciplines, tout cela ne saurait participer de la démocratisation du collège.

Paradoxe : d’un côté on donne aux établissements le pouvoir de moduler leurs horaires, pouvoir qu’ils ne réclament pas. D’un autre côté on leur impose des enseignements interdisciplinaires qui n’ont d’ailleurs qu’un rapport très lointain avec les disciplines elles-mêmes. Il aurait été bon de faire appel à la capacité d’initiative des enseignants, notamment à travers les pratiques interdisciplinaires mais à la condition que l’acquisition des savoirs y trouve son compte. La lecture de la liste des enseignements interdisciplinaires imposée par en haut laisse pour le moins interloqué : « Corps, santé, bien-être et sécurité », « Transition écologique et développement durable », « Langues et cultures étrangères ou le cas échéant régionales » : on est dans l’effet de mode beaucoup plus que dans le recul qu’exige tout enseignement digne de ce nom. Dans cette organisation qui se veut contemporaine, comme d’ailleurs dans le contenu des programmes, il est désastreux de céder à l’immédiateté de la « doxa », cette opinion supposée commune dont Bachelard avait analysé les ravages. L’école républicaine exige plus et mieux.

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