Après Laurent Fabius à la fin juillet, une première depuis dix-sept ans, deux ministres français se sont rendus la semaine dernière en Iran. Manuel Valls a annoncé qu’Hassan Rohani serait à Paris en novembre. C’est une très bonne nouvelle pour la France et l’Iran, la marque d’une nouvelle étape rendu possible par l’accord nucléaire du 14 juillet et une évolution notable de la diplomatie française. Le Proche et le Moyen-Orient apportant rarement de bonnes nouvelles, ce fut pourtant le cas le 14 juillet avec l’annonce d’un accord sur le nucléaire iranien entre l’Iran et le groupe « 5+1 », c’est-à-dire les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité (France, Grande-Bretagne, Russie, Chine, Etats-Unis) et l’Allemagne.
Un accord plutôt que les bombardements
Au-delà des communiqués de satisfaction des chancelleries, il faut mesurer l’importance historique de l’accord. Après douze années de discussion, ce processus avait toutes les chances d’échouer. Pendant ces douze années, l’Iran a connu la double présidence extrémiste de Mahmoud Ahmadinejad et la répression du printemps iranien en 2009. Les pays membres du « 5+1 » ont accumulé les différents sur de nombreux dossiers internationaux. Profitant d’une ouverture après l’élection présidentielle iranienne de 2013 remportée par Hassan Rohani, nous avons donné une dernière chance à la discussion. 18 mois de négociations intenses ont abouti un accord. Dans une région en voie d’ensauvagement, il s’agit d’une victoire pour le dialogue, la négociation et le multilatéralisme. Depuis l’échec du processus de paix israélo-palestinien en 2000 et l’invasion américaine de l’Irak en 2003, la région n’a jamais connu une aussi bonne nouvelle.
Officiellement, l’Iran n’a pas de programme nucléaire militaire et, en tant que pays signataire du Traité de Non-prolifération, n’a pas le droit d’en avoir. Malheureusement les preuves contraires sont apparues il y a une dizaine d’années et se sont accumulées : capacités d’enrichissement anormales, fonctionnement d’un réacteur à eau lourde, découvertes de centres secrets…Sans aller jusqu’à un démantèlement, l’accord du 14 juillet organise le gel de ces actions et les réduisent fortement sous le contrôle étroit de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique pendant les dix années. Au vu des actions effectives de l’Iran, la communauté lèvera progressivement l’ensemble des sanctions (onusiennes, américaines et européennes) qui frappent l’Iran. Le Président Obama a réussi à faire adopter l’accord à un Congrès plutôt hostile. Une première étape est franchie.
Un accord plutôt que les bombardements
Au-delà des communiqués de satisfaction des chancelleries, il faut mesurer l’importance historique de l’accord. Après douze années de discussion, ce processus avait toutes les chances d’échouer. Pendant ces douze années, l’Iran a connu la double présidence extrémiste de Mahmoud Ahmadinejad et la répression du printemps iranien en 2009. Les pays membres du « 5+1 » ont accumulé les différents sur de nombreux dossiers internationaux. Profitant d’une ouverture après l’élection présidentielle iranienne de 2013 remportée par Hassan Rohani, nous avons donné une dernière chance à la discussion. 18 mois de négociations intenses ont abouti un accord. Dans une région en voie d’ensauvagement, il s’agit d’une victoire pour le dialogue, la négociation et le multilatéralisme. Depuis l’échec du processus de paix israélo-palestinien en 2000 et l’invasion américaine de l’Irak en 2003, la région n’a jamais connu une aussi bonne nouvelle.
Officiellement, l’Iran n’a pas de programme nucléaire militaire et, en tant que pays signataire du Traité de Non-prolifération, n’a pas le droit d’en avoir. Malheureusement les preuves contraires sont apparues il y a une dizaine d’années et se sont accumulées : capacités d’enrichissement anormales, fonctionnement d’un réacteur à eau lourde, découvertes de centres secrets…Sans aller jusqu’à un démantèlement, l’accord du 14 juillet organise le gel de ces actions et les réduisent fortement sous le contrôle étroit de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique pendant les dix années. Au vu des actions effectives de l’Iran, la communauté lèvera progressivement l’ensemble des sanctions (onusiennes, américaines et européennes) qui frappent l’Iran. Le Président Obama a réussi à faire adopter l’accord à un Congrès plutôt hostile. Une première étape est franchie.
Une bonne nouvelle ?
Certains doutent que ce soit une bonne nouvelle pour la paix. La région a tout à gagner à réintégrer une grande puissance régionale, qui a longtemps mené une politique très agressive, soutenu le terrorisme. Etouffé par les sanctions, l’Iran de 2015 semble vouloir s’engager sur une autre voie. Il va falloir bâtir la confiance, faire preuve de responsabilité et l’accord permet de sanctionner efficacement tout manquement de l’Iran. L’Iran a une grande influence dans l’Irak voisin, mais aussi en Syrie, au Liban et au Yémen. S’il le veut, l’Iran peut apporter une contribution importante à la stabilité régionale au moment où les fronts sont nombreux. Un an après la proclamation du califat par l’Etat Islamique, l’Iran doit devenir un allié incontournable pour lutter contre ce groupe djihadiste. On sait qu’Israël est très inquiet des menées iraniennes et a longtemps envisagé une intervention militaire. La mise en œuvre de l’accord doit apporter de la sécurité à Israël et devrait même être le point de départ pour dépasser un antagonisme violent.
Renversement d’alliance ?
Certains rêvent d’un renversement d’alliances. Le soutien de l’Arabie Saoudite et des Monarchies du Golfe, qui sont devenus nos alliés proches, à la diffusion d’un islam régressif, leur soutien à des groupes armées terroristes, est de moins en moins acceptable pour la France. Ce sont des puissances incontournables de la région mais il est temps de rééquilibrer notre politique étrangère. Certainstrouveraient plus cohérente une alliance perse ou chiite. Quelques soient les griefs qu’on puisse adresser aux monarchies sunnites et les espoirs qu’on place dans une évolution positive de l’Iran, un grand renversement brutal me semble une chimère. La France, les autres puissances occidentales, la Russie ou la Chine n’ont pas à choisir leur camp dans l'antagonisme entre sunnites et chiites, entre Saoudiens et Iraniens. L’Etat Islamique, autoproclamé à l’été 2014, déclare la guerre aux chiites, auxchrétiens d’Orient, à l’ensemble des minorités religieuses mais aussi au monde sunnite. Comme le dit Olivier Roy, le djihadisme mène la guerre y compris contre à l’islam politique traditionnel. Pour ne pas sombrer dans la violence absolue, les Etats et les peuples de la région doivent dépasser les conflits millénaires et s’unir contre le nihilisme djihadiste. On est encore très loin.
Et maintenant ?
Ce succès de Genève doit se confirmer dans les actes. Il doit être un point de départ pour refonder la lutte contre l’Etat Islamique qui, jusqu’à présent, n’a pu qu’être contenu et très marginalement refoulé. C’est vrai en Irak où les milices chiites ont un rôle militaire capital et où l’Iran doit œuvrer au recul du djihadiste et assécher le terreau du djihadisme par une politique de réconciliation nationale. C’est vrai en Syrie où la guerre civile est entrée dans sa cinquième année. La réconciliation sera difficile entre les factions qui s’opposent à EI mais la communauté internationale doit favoriser une politique réaliste qui se ne fixe plus comme objectif prioritaire la chute de Bachar el-Assad. Avec les Russes et les Iraniens, la France doit redéfinir son approche de la crise syrienne.
Notons le sens des responsabilités de la Russie, allié traditionnel de l’Iran, qui n’a pas fait obstacle à un accord. Cette puissance, qu’on présente parfois comme une puissance folle, ivre de puissance, a fait preuve d’un grand sens des responsabilités en se laissant convaincre sur le mécanisme de retour aux sanctions. Le président Obama tenait à un accord avec Iran, il y est parvenu. Il faut saluer cette rupture nette avec l’impérialisme néo-conservateur de la présidence précédente. Il doit maintenant s’assurer de la levée des sanctions américaines.
La France a été très présente dans la négociation, avec une action déterminée de Laurent Fabius. Elle a plusieurs fois donné le sentiment d’être récalcitrante quand les Américains, en particulier, voulaient avancer vite. En lien avec des choix contestables dans la guerre civile syrienne ou la crise russo-ukrainienne, la position dure de la France n’a pas toujours été comprise et nous l’avons même critiquée. Il faut juger la négociation à ses fruits : l’accord est bon et comme le dit notre Ministre des Affaires Etrangères, il est robuste entre autres grâce à la diplomatie française qui a été innovante et convaincante. Au final, notre politique iranienne est beaucoup plus raisonnable que notre politique syrienne qui a dû mal à rompre avec le slogan « Bachar tombera ».
Les espoirs soulevés par l’accord sont grands, peut-être trop, mais il n’y a pas de fatalité à la guerre. Pour revenir au sujet spécifique de l’accord, il faut souhaiter qu’il fasse école pour les crises de prolifération auxquelles nous sommes exposés. Voilà le sens de l’accord, le commerce n’est pas sans rapport avec la diplomatie mais l’accord de Genève ne peut se résumer au prompt retour des hommes d’affaires occidentaux à Téhéran.
Certains doutent que ce soit une bonne nouvelle pour la paix. La région a tout à gagner à réintégrer une grande puissance régionale, qui a longtemps mené une politique très agressive, soutenu le terrorisme. Etouffé par les sanctions, l’Iran de 2015 semble vouloir s’engager sur une autre voie. Il va falloir bâtir la confiance, faire preuve de responsabilité et l’accord permet de sanctionner efficacement tout manquement de l’Iran. L’Iran a une grande influence dans l’Irak voisin, mais aussi en Syrie, au Liban et au Yémen. S’il le veut, l’Iran peut apporter une contribution importante à la stabilité régionale au moment où les fronts sont nombreux. Un an après la proclamation du califat par l’Etat Islamique, l’Iran doit devenir un allié incontournable pour lutter contre ce groupe djihadiste. On sait qu’Israël est très inquiet des menées iraniennes et a longtemps envisagé une intervention militaire. La mise en œuvre de l’accord doit apporter de la sécurité à Israël et devrait même être le point de départ pour dépasser un antagonisme violent.
Renversement d’alliance ?
Certains rêvent d’un renversement d’alliances. Le soutien de l’Arabie Saoudite et des Monarchies du Golfe, qui sont devenus nos alliés proches, à la diffusion d’un islam régressif, leur soutien à des groupes armées terroristes, est de moins en moins acceptable pour la France. Ce sont des puissances incontournables de la région mais il est temps de rééquilibrer notre politique étrangère. Certainstrouveraient plus cohérente une alliance perse ou chiite. Quelques soient les griefs qu’on puisse adresser aux monarchies sunnites et les espoirs qu’on place dans une évolution positive de l’Iran, un grand renversement brutal me semble une chimère. La France, les autres puissances occidentales, la Russie ou la Chine n’ont pas à choisir leur camp dans l'antagonisme entre sunnites et chiites, entre Saoudiens et Iraniens. L’Etat Islamique, autoproclamé à l’été 2014, déclare la guerre aux chiites, auxchrétiens d’Orient, à l’ensemble des minorités religieuses mais aussi au monde sunnite. Comme le dit Olivier Roy, le djihadisme mène la guerre y compris contre à l’islam politique traditionnel. Pour ne pas sombrer dans la violence absolue, les Etats et les peuples de la région doivent dépasser les conflits millénaires et s’unir contre le nihilisme djihadiste. On est encore très loin.
Et maintenant ?
Ce succès de Genève doit se confirmer dans les actes. Il doit être un point de départ pour refonder la lutte contre l’Etat Islamique qui, jusqu’à présent, n’a pu qu’être contenu et très marginalement refoulé. C’est vrai en Irak où les milices chiites ont un rôle militaire capital et où l’Iran doit œuvrer au recul du djihadiste et assécher le terreau du djihadisme par une politique de réconciliation nationale. C’est vrai en Syrie où la guerre civile est entrée dans sa cinquième année. La réconciliation sera difficile entre les factions qui s’opposent à EI mais la communauté internationale doit favoriser une politique réaliste qui se ne fixe plus comme objectif prioritaire la chute de Bachar el-Assad. Avec les Russes et les Iraniens, la France doit redéfinir son approche de la crise syrienne.
Notons le sens des responsabilités de la Russie, allié traditionnel de l’Iran, qui n’a pas fait obstacle à un accord. Cette puissance, qu’on présente parfois comme une puissance folle, ivre de puissance, a fait preuve d’un grand sens des responsabilités en se laissant convaincre sur le mécanisme de retour aux sanctions. Le président Obama tenait à un accord avec Iran, il y est parvenu. Il faut saluer cette rupture nette avec l’impérialisme néo-conservateur de la présidence précédente. Il doit maintenant s’assurer de la levée des sanctions américaines.
La France a été très présente dans la négociation, avec une action déterminée de Laurent Fabius. Elle a plusieurs fois donné le sentiment d’être récalcitrante quand les Américains, en particulier, voulaient avancer vite. En lien avec des choix contestables dans la guerre civile syrienne ou la crise russo-ukrainienne, la position dure de la France n’a pas toujours été comprise et nous l’avons même critiquée. Il faut juger la négociation à ses fruits : l’accord est bon et comme le dit notre Ministre des Affaires Etrangères, il est robuste entre autres grâce à la diplomatie française qui a été innovante et convaincante. Au final, notre politique iranienne est beaucoup plus raisonnable que notre politique syrienne qui a dû mal à rompre avec le slogan « Bachar tombera ».
Les espoirs soulevés par l’accord sont grands, peut-être trop, mais il n’y a pas de fatalité à la guerre. Pour revenir au sujet spécifique de l’accord, il faut souhaiter qu’il fasse école pour les crises de prolifération auxquelles nous sommes exposés. Voilà le sens de l’accord, le commerce n’est pas sans rapport avec la diplomatie mais l’accord de Genève ne peut se résumer au prompt retour des hommes d’affaires occidentaux à Téhéran.