La 55ème édition du Salon International de l'Agriculture, qui a eu lieu du 24 février au 4 mars 2018, a fait 672 568 entrées, en progression de 50 000 visiteurs /2017. « S’il est l’endroit idéal pour faire de la pédagogie auprès du grand public, il est aussi, pour l’agriculture, la place d’expression d’enjeux politiques (40 visites officielles) et économiques », a souligné le Sia dans un communiqué. Les délégations de 68 pays ont été accueillies au Salon.
La Confédération Paysanne - syndicat pour une agriculture paysanne et la défense de ses travailleurs - avait invité le Mouvement Républicain et Citoyen (MRC) à se rendre à son stand du Salon de l’agriculture afin d’échanger sur le futur de l’agriculture, de l’alimentation et du monde rural.
Cette invitation faisait suite à la rencontre qui avait eu lieu le 29 février 2016 entre Bastien Faudot - alors candidat à l’élection présidentielle 2017 - et des responsables de la Confédération Paysanne, lors du Salon, il y a deux ans.
Mandaté par le secrétariat national du MRC, j’ai participé à deux tables rondes, les après-midi des 26 février et 2 mars, et échangé avec Laurent Pinatel, porte-parole et responsable de la CP, le 2 mars en matinée.
De plus, je me suis rendu au stand de FaireFrance pour participer le 2 mars à midi à la présentation à la presse par les responsables de l’organisation de producteurs de lait European Milk Board: EMB de l’étude réalisée par le cabinet allemand BAL sur le coût de production du lait en France.
J’y ai rencontré les présidents de EMB Romuald Schäber (Allemagne), de FaireFrance Jean-Luc Pruvot, de l’APLI (Association des producteurs de lait indépendants) Boris Gondouin, et le vice-président de OPL (Organisation des producteurs de lait, liée à la Coordination Rurale) Joseph Sabin.
Au stand de FaireFrance, j’ai eu une discussion approfondie avec le président Jean-Luc Pruvot le 2 mars au matin et rencontré des éleveurs qui proposaient la dégustation de lait équitable. Au cours du déjeuner, les conversations avec des éleveurs, femmes et hommes de la Meuse et de l’Aisne, militants de cette organisation d’éleveurs laitiers, ont été fort intéressantes et chaleureuses.
1- Je commencerai par rendre compte de la table ronde du 2 mars au stand de la Confédération Paysanne sur le thème « Accords de libre-échange : stop à la destruction de notre agriculture ! ».
Avec la participation, en plus de l’animatrice du débat, de :
- ses collègues syndicalistes, Thierry Jacquot, porte-parole de la Confédération Paysanne, et Emilie, productrice de viande bovine (elle siège à cette interprofession),
- Jean-Bernard Gonthier, président de la Chambre d’agriculture de l’île de La Réunion, laquelle est concernée (marché du sucre) par l’accord commercial de l’UE avec les pays d’Amérique du sud, dits du Mercosur,
- Karine Jacquemart, directrice de Foodwatch, qui défend la transparence et les droits de l'homme, notamment sur les questions de droit à l'alimentation et de sécurité alimentaire,
- Lora Verheecke, chargée de recherche pour Corporate Europe Observatory (CEO). Elle est spécialiste des questions de lobbying sur les politiques européennes.
Il ressort de cette table ronde un profond pessimisme sur le devenir des filières agricoles françaises (viande bovine, sucre) concernées par l’accord commercial avec les pays du Mercosur, qui signifie davantage d’importation de viande sans savoir comment elle a été produite et remise en cause de tout le travail sur le sucre de canne garanti sans OGM, car il ne sera pas possible de rivaliser avec les prix du sucre brésilien.
Les deux intervenantes extérieures à la Confédération Paysanne ont montré la nocivité pour les Etats de ces accords de libre-échange qui, à la demande des multinationales, sont beaucoup plus que des accords commerciaux abaissant les taxes aux frontières. Ils jouent en toute opacité sur les normes faisant obstacle au commerce et augmentent la capacité des multinationales à attaquer les décisions des Etats. La France va devoir se protéger juridiquement et donc financièrement, contre ses propres multinationales implantées dans d’autres pays. C’est le pouvoir donné aux technocrates et aux tribunaux d’arbitrage. Mais, dans le cadre du Conseil européen, la France peut encore bloquer cet accord.
2- Ensuite, je vais rendre compte de la table ronde organisée par la Confédération Paysanne le 26 février sur le thème « Lait : quelles initiatives pour rémunérer les producteurs ? »
Les initiatives présentées étaient les suivantes :
- FaireFrance, une marque pour promouvoir un revenu équitable (fair) de 500 éleveurs français engagés financièrement dans le capital de la société SAS et, aussi, personnellement (quelques jours par an), dans le contact pédagogique avec les consommateurs dans les magasins de distribution des produits ou dans les foires. Le lait vendu par Faire France doit rémunérer les producteurs au niveau du coût de production moyen d’un litre de lait, estimé actuellement à 45 centimes (0,10 €/l de plus que le prix payé actuellement par les industriels et coopératives de transformation).
- L’initiative de Nicolas Chabanne, qui a créé par Internet la Société des consommateurs - chapeautée par « C’est qui le patron ? » - à partir d’une idée simple, en 2014, selon laquelle il manquait environ 0,08 € par litre aux producteurs pour vivre normalement. Les 7850 internautes volontaires qui ont soutenu le projet décident du prix de vente en magasin. Cela fait vivre plus correctement 250 éleveurs avec une dépense supplémentaire de 4 € par an pour les consommateurs.
- La Coopérative Biolait, qui a été créée il y a une vingtaine d’années par six producteurs qui ne voulaient plus subir l’asservissement des grandes laiteries (transformateurs de lait, coopératives y compris) et voulaient produire du lait dans des conditions équitables (revenu, environnement). Actuellement, 1200 producteurs lui ont délégué le pouvoir de traiter avec les transformateurs ou les distributeurs (ou les deux), ce qui représente 28 % du marché bio français. Biolait privilégie les contractualisations à cinq ans, voire plus. Les adhérents de Biolait ont perçu en moyenne 470 €, toutes primes comprises, par tonne de lait vendu en 2017 (1 l de lait normal pèse 1,03 kg).
- Le Commerce Équitable France distribue des produits (à 70 % bio) dans le cadre d’un engagement dans la durée (minimum 3 ans) garantissant un niveau de prix correct aux producteurs. Il est demandé aux consommateurs de consommer différemment.
3- Enfin, j’étais présent le 2 mars à la présentation par les éleveurs laitiers de European Milk Board: EMB de l’étude que les organisations françaises membres de EMB* avaient demandée au bureau allemand BAL
* Voir Une étude du bureau allemand BAL révèle la situation réelle des coûts de production du lait en France - EMB (président Romuald Schäber), APLI (président Boris Gondouin), OPL (vice-président Joseph Sabin), FMB Grand Ouest (vice-président Denis Jehannin)
La Confédération Paysanne - syndicat pour une agriculture paysanne et la défense de ses travailleurs - avait invité le Mouvement Républicain et Citoyen (MRC) à se rendre à son stand du Salon de l’agriculture afin d’échanger sur le futur de l’agriculture, de l’alimentation et du monde rural.
Cette invitation faisait suite à la rencontre qui avait eu lieu le 29 février 2016 entre Bastien Faudot - alors candidat à l’élection présidentielle 2017 - et des responsables de la Confédération Paysanne, lors du Salon, il y a deux ans.
Mandaté par le secrétariat national du MRC, j’ai participé à deux tables rondes, les après-midi des 26 février et 2 mars, et échangé avec Laurent Pinatel, porte-parole et responsable de la CP, le 2 mars en matinée.
De plus, je me suis rendu au stand de FaireFrance pour participer le 2 mars à midi à la présentation à la presse par les responsables de l’organisation de producteurs de lait European Milk Board: EMB de l’étude réalisée par le cabinet allemand BAL sur le coût de production du lait en France.
J’y ai rencontré les présidents de EMB Romuald Schäber (Allemagne), de FaireFrance Jean-Luc Pruvot, de l’APLI (Association des producteurs de lait indépendants) Boris Gondouin, et le vice-président de OPL (Organisation des producteurs de lait, liée à la Coordination Rurale) Joseph Sabin.
Au stand de FaireFrance, j’ai eu une discussion approfondie avec le président Jean-Luc Pruvot le 2 mars au matin et rencontré des éleveurs qui proposaient la dégustation de lait équitable. Au cours du déjeuner, les conversations avec des éleveurs, femmes et hommes de la Meuse et de l’Aisne, militants de cette organisation d’éleveurs laitiers, ont été fort intéressantes et chaleureuses.
1- Je commencerai par rendre compte de la table ronde du 2 mars au stand de la Confédération Paysanne sur le thème « Accords de libre-échange : stop à la destruction de notre agriculture ! ».
Avec la participation, en plus de l’animatrice du débat, de :
- ses collègues syndicalistes, Thierry Jacquot, porte-parole de la Confédération Paysanne, et Emilie, productrice de viande bovine (elle siège à cette interprofession),
- Jean-Bernard Gonthier, président de la Chambre d’agriculture de l’île de La Réunion, laquelle est concernée (marché du sucre) par l’accord commercial de l’UE avec les pays d’Amérique du sud, dits du Mercosur,
- Karine Jacquemart, directrice de Foodwatch, qui défend la transparence et les droits de l'homme, notamment sur les questions de droit à l'alimentation et de sécurité alimentaire,
- Lora Verheecke, chargée de recherche pour Corporate Europe Observatory (CEO). Elle est spécialiste des questions de lobbying sur les politiques européennes.
Il ressort de cette table ronde un profond pessimisme sur le devenir des filières agricoles françaises (viande bovine, sucre) concernées par l’accord commercial avec les pays du Mercosur, qui signifie davantage d’importation de viande sans savoir comment elle a été produite et remise en cause de tout le travail sur le sucre de canne garanti sans OGM, car il ne sera pas possible de rivaliser avec les prix du sucre brésilien.
Les deux intervenantes extérieures à la Confédération Paysanne ont montré la nocivité pour les Etats de ces accords de libre-échange qui, à la demande des multinationales, sont beaucoup plus que des accords commerciaux abaissant les taxes aux frontières. Ils jouent en toute opacité sur les normes faisant obstacle au commerce et augmentent la capacité des multinationales à attaquer les décisions des Etats. La France va devoir se protéger juridiquement et donc financièrement, contre ses propres multinationales implantées dans d’autres pays. C’est le pouvoir donné aux technocrates et aux tribunaux d’arbitrage. Mais, dans le cadre du Conseil européen, la France peut encore bloquer cet accord.
2- Ensuite, je vais rendre compte de la table ronde organisée par la Confédération Paysanne le 26 février sur le thème « Lait : quelles initiatives pour rémunérer les producteurs ? »
Les initiatives présentées étaient les suivantes :
- FaireFrance, une marque pour promouvoir un revenu équitable (fair) de 500 éleveurs français engagés financièrement dans le capital de la société SAS et, aussi, personnellement (quelques jours par an), dans le contact pédagogique avec les consommateurs dans les magasins de distribution des produits ou dans les foires. Le lait vendu par Faire France doit rémunérer les producteurs au niveau du coût de production moyen d’un litre de lait, estimé actuellement à 45 centimes (0,10 €/l de plus que le prix payé actuellement par les industriels et coopératives de transformation).
- L’initiative de Nicolas Chabanne, qui a créé par Internet la Société des consommateurs - chapeautée par « C’est qui le patron ? » - à partir d’une idée simple, en 2014, selon laquelle il manquait environ 0,08 € par litre aux producteurs pour vivre normalement. Les 7850 internautes volontaires qui ont soutenu le projet décident du prix de vente en magasin. Cela fait vivre plus correctement 250 éleveurs avec une dépense supplémentaire de 4 € par an pour les consommateurs.
- La Coopérative Biolait, qui a été créée il y a une vingtaine d’années par six producteurs qui ne voulaient plus subir l’asservissement des grandes laiteries (transformateurs de lait, coopératives y compris) et voulaient produire du lait dans des conditions équitables (revenu, environnement). Actuellement, 1200 producteurs lui ont délégué le pouvoir de traiter avec les transformateurs ou les distributeurs (ou les deux), ce qui représente 28 % du marché bio français. Biolait privilégie les contractualisations à cinq ans, voire plus. Les adhérents de Biolait ont perçu en moyenne 470 €, toutes primes comprises, par tonne de lait vendu en 2017 (1 l de lait normal pèse 1,03 kg).
- Le Commerce Équitable France distribue des produits (à 70 % bio) dans le cadre d’un engagement dans la durée (minimum 3 ans) garantissant un niveau de prix correct aux producteurs. Il est demandé aux consommateurs de consommer différemment.
3- Enfin, j’étais présent le 2 mars à la présentation par les éleveurs laitiers de European Milk Board: EMB de l’étude que les organisations françaises membres de EMB* avaient demandée au bureau allemand BAL
* Voir Une étude du bureau allemand BAL révèle la situation réelle des coûts de production du lait en France - EMB (président Romuald Schäber), APLI (président Boris Gondouin), OPL (vice-président Joseph Sabin), FMB Grand Ouest (vice-président Denis Jehannin)
Au vu de la situation critique du secteur laitier, le président français Emmanuel Macron avait annoncé que, désormais, le calcul du prix du lait devait se faire sur la base des coûts de production. En effet, depuis des années, les producteurs laitiers opèrent dans un marché qui ne leur permet pas de couvrir leurs coûts, avec des prix souvent même en deçà des seuls coûts de production, sans prendre en compte la rémunération du producteur, pourtant primordiale pour assurer la pérennité du secteur.
Le résultat de l’étude confirme que le niveau du prix de revient du lait pour les producteurs, rémunération du travail (1,5 SMIC) incluse, se situe à 0,45 €/l, soit 20 à 30 % plus élevé que les niveaux de prix payés actuellement aux producteurs dans les conditions habituelles (hors label, appellation protégée et bio). Cette moyenne cache des différences entre régions de production. Cela va de 0,40 €/l dans l’ouest à 0,50 €/l ou plus dans les endroits peu favorables.
Les représentants français de EMB demandent aux pouvoirs publics de définir un cadre permettant, enfin, d’aboutir à des prix rémunérateurs pour les producteurs.
Le résultat de l’étude confirme que le niveau du prix de revient du lait pour les producteurs, rémunération du travail (1,5 SMIC) incluse, se situe à 0,45 €/l, soit 20 à 30 % plus élevé que les niveaux de prix payés actuellement aux producteurs dans les conditions habituelles (hors label, appellation protégée et bio). Cette moyenne cache des différences entre régions de production. Cela va de 0,40 €/l dans l’ouest à 0,50 €/l ou plus dans les endroits peu favorables.
Les représentants français de EMB demandent aux pouvoirs publics de définir un cadre permettant, enfin, d’aboutir à des prix rémunérateurs pour les producteurs.
Ce Salon de l’agriculture 2018 est à replacer dans l’actualité d’une agriculture française marquée par les incertitudes, les inquiétudes et les controverses. Les manifestations ont été le fait d’agriculteurs qui protestaient contre la diminution des aides européennes ou pour un meilleur rapport de force avec la grande distribution ou encore pour obtenir un délai plus long avant la suppression du glyphosate, produit de traitement herbicide très utilisé par les céréaliers.
Il ne faut pas occulter le fait que les suicides d’agriculteurs sont 20 % plus nombreux que dans le reste de la population. Le secteur de l’élevage laitier est particulièrement concerné en raison de la baisse des revenus de la production laitière, liée à la suppression en avril 2015 de l’instrument de régulation qu’étaient les quotas laitiers au niveau européen.
Les inquiétudes sont très fortes en élevage bovin lait et viande en raison de perspectives défavorables sur les prix (marché laitier et accords de libre-échange Mercosur).
Il ne faut pas occulter le fait que les suicides d’agriculteurs sont 20 % plus nombreux que dans le reste de la population. Le secteur de l’élevage laitier est particulièrement concerné en raison de la baisse des revenus de la production laitière, liée à la suppression en avril 2015 de l’instrument de régulation qu’étaient les quotas laitiers au niveau européen.
Les inquiétudes sont très fortes en élevage bovin lait et viande en raison de perspectives défavorables sur les prix (marché laitier et accords de libre-échange Mercosur).