Dans ce dialogue sur l’école, ordonné en plusieurs thématiques successives, un ministre libéral de l’éducation, « homme d’entreprise» affronte celui qui fut il y a vingt-cinq ans un ministre de l’éducation républicain.
Son grand intérêt est de faire un point d’arrêt en ce début de 21° siècle sur l’ensemble des problèmes propres à l’école, mais aussi sur la place de l’école dans notre société, et de le faire à partir de deux visions différentes. L’une et l’autre sont d’ailleurs rôdées à la conduite de l’action ministérielle, au cœur de la rencontre des acteurs multiples –enseignants, élèves, syndicats, parents, hiérarchie de l’éducation- des débouchés –derrière l’école, l’emploi- et des valeurs : l’école n’est pas un service public comme un autre, elle est aussi une institution fondamentale de notre République. Sa charge est lourde. Les problèmes récurrents depuis vingt-cinq ans sont donc passés en revue, les évolutions mesurées, les défis analysés et c’est sur cette partie que s’affrontent principalement deux visions différentes.
Le dialogue part d’un angle large : d’abord « le monde nouveau » et ses incertitudes, puis « le modèle social européen ». « L’ école dans le monde d’aujourd’hui » prend la suite, rappelant les données et les comparaisons internationales du coût et des succès ou échecs des systèmes éducatifs qui font de la France un « élève moyen », puis vient « l’école et le marché du travail ». Les analyses menées autour de certains de ces thèmes, si elles ne conduisent pas en apparence à une franche opposition, montrent bien cependant que de part et d’autre on ne met pas le même contenu sous le mot d’ordre de « volontarisme industriel » ou sous l’éloge des « services publics à la française ».
La troisième partie « l’école et ceux qui la font » aborde pour commencer la question des valeurs. On y lit avec intérêt que Luc Chatel « partage globalement l’héritage des valeurs républicaines de l’école que Jean-Pierre Chevènement vient de décrire ». C’est bien là un signe des temps : aujourd’hui les valeurs de la République reçoivent un coup de chapeau d’à peu près tous les responsables politiques. Mais passe-t-on aux travaux appliqués que le vernis se fissure.
D’abord dans l’ « état des lieux ». Ni sur les moyens de redresser le taux de réussite alors que l’échec scolaire se situe entre 20 et 25% d’une classe d’âge à la sortie du collège, ni sur programmes ni surtout sur l’exigence pédagogique elle-même, les deux interlocuteurs ne parlent le même langage. Et chacun en est conscient. Le communicant averti, Luc Chatel, pense que « interdire le portable à l’école c’est comme interdire internet en Tunisie » s’attirant la réplique suivante : « il faut sanctuariser l’école ! Sinon c’est le bazar ! ». Echange significatif entre la résignation aux dérives de la société au nom de la « modernité » et de l’autre la volonté d’arracher l’école à ces dérives, sensibles également dans l’échange sur les programmes ou le redoublement.
C’est sur le pilotage du système éducatif par l’Etat, par où s’achève l’ouvrage, que le clivage est le plus net.JP Chevènement oppose au tout « management » préconisé par son interlocuteur et qui n’est guère autre chose que la gestion de la réduction des dépenses publiques, le « pilotage » par l’Etat consistant non seulement à donner les grandes orientations mais à en maîtriser les incidences (budget, formation des maîtres...).
Ainsi l’hommage final rendu de part et d’autre au « métier magnifique », celui des enseignants, repose-t-il en fin de compte sur des divergences qui ont le mérite d’apparaître au grand jour. Et de nourrir un débat qui s’annonce essentiel dans la campagne présidentielle.
--------
"Le monde qu'on leur prépare" est disponible à la vente sur la page dédiée du blog de Jean-Pierre Chevènement
Son grand intérêt est de faire un point d’arrêt en ce début de 21° siècle sur l’ensemble des problèmes propres à l’école, mais aussi sur la place de l’école dans notre société, et de le faire à partir de deux visions différentes. L’une et l’autre sont d’ailleurs rôdées à la conduite de l’action ministérielle, au cœur de la rencontre des acteurs multiples –enseignants, élèves, syndicats, parents, hiérarchie de l’éducation- des débouchés –derrière l’école, l’emploi- et des valeurs : l’école n’est pas un service public comme un autre, elle est aussi une institution fondamentale de notre République. Sa charge est lourde. Les problèmes récurrents depuis vingt-cinq ans sont donc passés en revue, les évolutions mesurées, les défis analysés et c’est sur cette partie que s’affrontent principalement deux visions différentes.
Le dialogue part d’un angle large : d’abord « le monde nouveau » et ses incertitudes, puis « le modèle social européen ». « L’ école dans le monde d’aujourd’hui » prend la suite, rappelant les données et les comparaisons internationales du coût et des succès ou échecs des systèmes éducatifs qui font de la France un « élève moyen », puis vient « l’école et le marché du travail ». Les analyses menées autour de certains de ces thèmes, si elles ne conduisent pas en apparence à une franche opposition, montrent bien cependant que de part et d’autre on ne met pas le même contenu sous le mot d’ordre de « volontarisme industriel » ou sous l’éloge des « services publics à la française ».
La troisième partie « l’école et ceux qui la font » aborde pour commencer la question des valeurs. On y lit avec intérêt que Luc Chatel « partage globalement l’héritage des valeurs républicaines de l’école que Jean-Pierre Chevènement vient de décrire ». C’est bien là un signe des temps : aujourd’hui les valeurs de la République reçoivent un coup de chapeau d’à peu près tous les responsables politiques. Mais passe-t-on aux travaux appliqués que le vernis se fissure.
D’abord dans l’ « état des lieux ». Ni sur les moyens de redresser le taux de réussite alors que l’échec scolaire se situe entre 20 et 25% d’une classe d’âge à la sortie du collège, ni sur programmes ni surtout sur l’exigence pédagogique elle-même, les deux interlocuteurs ne parlent le même langage. Et chacun en est conscient. Le communicant averti, Luc Chatel, pense que « interdire le portable à l’école c’est comme interdire internet en Tunisie » s’attirant la réplique suivante : « il faut sanctuariser l’école ! Sinon c’est le bazar ! ». Echange significatif entre la résignation aux dérives de la société au nom de la « modernité » et de l’autre la volonté d’arracher l’école à ces dérives, sensibles également dans l’échange sur les programmes ou le redoublement.
C’est sur le pilotage du système éducatif par l’Etat, par où s’achève l’ouvrage, que le clivage est le plus net.JP Chevènement oppose au tout « management » préconisé par son interlocuteur et qui n’est guère autre chose que la gestion de la réduction des dépenses publiques, le « pilotage » par l’Etat consistant non seulement à donner les grandes orientations mais à en maîtriser les incidences (budget, formation des maîtres...).
Ainsi l’hommage final rendu de part et d’autre au « métier magnifique », celui des enseignants, repose-t-il en fin de compte sur des divergences qui ont le mérite d’apparaître au grand jour. Et de nourrir un débat qui s’annonce essentiel dans la campagne présidentielle.
--------
"Le monde qu'on leur prépare" est disponible à la vente sur la page dédiée du blog de Jean-Pierre Chevènement