Le premier tour des élections régionales a laissé le pays en état de choc, plaçant le FN en tête au niveau national. Les treize régions métropolitaines sont en situation de triangulaires et dans plusieurs d'entre-elles la meilleure liste de gauche est troisième et clairement distancée. Ainsi se pose la question du maintien des listes de gauche.
A vrai dire, le débat s'est posé bien avant dimanche soir, puisque dès le début de la campagne, le Premier ministre a annoncé qu'il ferait tout pour "faire barrage" au Front National. Au vu des sondages très difficiles en Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Provence-Alpes-Côte-d'Azur, les propos du Premier ministre traduisaient une préférence pour le retrait, voire la fusion. En réponse au Premier ministre, j'ai dit tout de suite que ce front soi-disant "républicain", hérité des années 90, avait vécu. Les évènements, depuis dimanche soir 20h00, ont conforté dans cette conviction.
La communication de crise contre le long terme
L'absence des institutions régionales est évidemment dommageable, c'est certain. Sous le coup du choc, annoncé, prévisible, prévu, on pourrait vouloir sacrifier tout au barrage. L'institution régionale étant particulièrement déconnectée, la perte n'est finalement pas immense. Il ne s'agit pas de sauver des postes ou des carrières mais bien de faire le meilleur choix collectif. Les promoteurs du "front républicain" devraient par contre anticiper le besoin de contre-pouvoir au sein des assemblées régionales. Parce qu'à l'évidence, le retrait spectaculaire de la gauche ne met pas l'institution régionale à l'abri de victoires des candidats du Front National. Demain dans ces régions, il n'y aura aucun élu de gauche pour contrôler, interpeller les majorités futures qu'elles soient de droite ou d'extrême-droite. Ce choix est perdant-perdant.
A vrai dire, le débat s'est posé bien avant dimanche soir, puisque dès le début de la campagne, le Premier ministre a annoncé qu'il ferait tout pour "faire barrage" au Front National. Au vu des sondages très difficiles en Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Provence-Alpes-Côte-d'Azur, les propos du Premier ministre traduisaient une préférence pour le retrait, voire la fusion. En réponse au Premier ministre, j'ai dit tout de suite que ce front soi-disant "républicain", hérité des années 90, avait vécu. Les évènements, depuis dimanche soir 20h00, ont conforté dans cette conviction.
La communication de crise contre le long terme
L'absence des institutions régionales est évidemment dommageable, c'est certain. Sous le coup du choc, annoncé, prévisible, prévu, on pourrait vouloir sacrifier tout au barrage. L'institution régionale étant particulièrement déconnectée, la perte n'est finalement pas immense. Il ne s'agit pas de sauver des postes ou des carrières mais bien de faire le meilleur choix collectif. Les promoteurs du "front républicain" devraient par contre anticiper le besoin de contre-pouvoir au sein des assemblées régionales. Parce qu'à l'évidence, le retrait spectaculaire de la gauche ne met pas l'institution régionale à l'abri de victoires des candidats du Front National. Demain dans ces régions, il n'y aura aucun élu de gauche pour contrôler, interpeller les majorités futures qu'elles soient de droite ou d'extrême-droite. Ce choix est perdant-perdant.
On l'a vu récemment en Pologne par exemple, la gauche n'est pas immortelle et le risque de disparition existe. Le quinquennat qui s'achève a été marqué par le conformisme européen, une stratégie économique social-libérale, des interventions militaires nombreuses et il se termine par une réaction sécuritaire. Je soutiens certains de ces choix, je me suis opposé à d'autres, mais il faut bien mesurer qu'ils peuvent semer le trouble chez nos concitoyens. La gauche existe-t-elle ? Qu'est-ce qui la distingue de la droite ? On s'habitue à l'idée qu'Emmanuel Macron, l'enfant chéri du quinquennat, serait le parfait candidat pour Matignon en cas d'élection d'Alain Juppé en 2017. L'actuel secrétaire général de l'Elysée, Jean-Pierre Jouyet n'a-t-il pas été ministre des affaires européennes de Nicolas Sarkozy ? Pour un ensemble de bonnes et de mauvaises raisons, par choix ou sous les contraintes, la gauche est en pleine crise d'identité. Le salut ne viendra pas de ce sursaut sacrificiel qu'est le front républicain unilatéral. Il ne faut pas trop habituer nos concitoyens à voir la gauche disparaitre et s'incliner sans combattre. Faire de la gauche une force supplétive de la droite au nom d'une République indéfinie est dangereux.
Un cordon sanitaire qui valide le discours du Front National
Le plus gros défaut du front républicain est de totalement accréditer l'idée du "seul contre tous" affichée contre le Front National. Face à des partis que trop de choix rapprochent, le Front National prétend incarner l'alternance, et en avoir le monopole. La posture choisie du "front républicain" vient valider symboliquement cette prétention. Ce cordon sanitaire entérine à gauche une vision d'une France malade, de citoyens pathologiques qu'il faudrait soigner et guérir. Ces millions Français ne sont pas des patients pour les bons docteurs de la gauche. Ils sont des citoyens adultes et responsables. La presse de gauche leur attribue des peurs et des angoisses, ils ont souvent des colères et des revendications : l'aspiration à la sécurité, à la prospérité, à l'ordre et la justice, l'envie de maitriser leur destin, d'avoir notre avenir collectif dans une communauté politique nationale qui garde du sens. Le souverainisme intégral du Front National de Marine Le Pen prétend répondre à cela.
Arrêter la morale, recommencer la politique
Le cordon sanitaire est une impasse politique. On a cru que les années 2000 et le vieillissement du chef, nous débarrasseraient du Front National. Il n'en est rien. Le FN n'a jamais été aussi fort : il est aux portes du pouvoir. Des conquêtes régionales seraient symboliquement très fortes à moins de 18 mois de la présidentielle, même s'il ne faut pas oublier que les conseils régionaux restent des nains politiques. 49,9% ou 50,1% : le mal sera fait. Ce retour en force du front républicain est un choix de court-terme, un choix de communication. Ses promoteurs se préoccupent du nord et du sud en faisant mine de ne pas voir la position de force du Front National en Normandie ou en Bourgogne-Franche-Comté. Comme la droite de Nicolas Sarkozy n'applique pas la réciproque, la gauche se croit renforcée dans sa supériorité morale et politique. Il est temps de proposer autre chose aux Français et ce nouveau départ ne peut se faire dans les manœuvres fatiguées et la rhétorique dite "antifasciste".
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Source : Huffington Post
Un cordon sanitaire qui valide le discours du Front National
Le plus gros défaut du front républicain est de totalement accréditer l'idée du "seul contre tous" affichée contre le Front National. Face à des partis que trop de choix rapprochent, le Front National prétend incarner l'alternance, et en avoir le monopole. La posture choisie du "front républicain" vient valider symboliquement cette prétention. Ce cordon sanitaire entérine à gauche une vision d'une France malade, de citoyens pathologiques qu'il faudrait soigner et guérir. Ces millions Français ne sont pas des patients pour les bons docteurs de la gauche. Ils sont des citoyens adultes et responsables. La presse de gauche leur attribue des peurs et des angoisses, ils ont souvent des colères et des revendications : l'aspiration à la sécurité, à la prospérité, à l'ordre et la justice, l'envie de maitriser leur destin, d'avoir notre avenir collectif dans une communauté politique nationale qui garde du sens. Le souverainisme intégral du Front National de Marine Le Pen prétend répondre à cela.
Arrêter la morale, recommencer la politique
Le cordon sanitaire est une impasse politique. On a cru que les années 2000 et le vieillissement du chef, nous débarrasseraient du Front National. Il n'en est rien. Le FN n'a jamais été aussi fort : il est aux portes du pouvoir. Des conquêtes régionales seraient symboliquement très fortes à moins de 18 mois de la présidentielle, même s'il ne faut pas oublier que les conseils régionaux restent des nains politiques. 49,9% ou 50,1% : le mal sera fait. Ce retour en force du front républicain est un choix de court-terme, un choix de communication. Ses promoteurs se préoccupent du nord et du sud en faisant mine de ne pas voir la position de force du Front National en Normandie ou en Bourgogne-Franche-Comté. Comme la droite de Nicolas Sarkozy n'applique pas la réciproque, la gauche se croit renforcée dans sa supériorité morale et politique. Il est temps de proposer autre chose aux Français et ce nouveau départ ne peut se faire dans les manœuvres fatiguées et la rhétorique dite "antifasciste".
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Source : Huffington Post