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Publié le Lundi 6 Avril 2015

Laïcité: la RATP se trompe


Mots-clés : laïcité

Par Claude Nicolet, Secrétaire national du MRC en charge de la Citoyenneté et de la Laïcité, lundi 6 avril 2015.


A vouloir mettre la laïcité à toutes les sauces, on ne lui rend pas nécessairement service, alors que notre pays et la République en ont le plus profond besoin.

Depuis quelques jours, une polémique enfle quant à l'attitude de la RATP qui a retiré de ses panneaux publicitaires parisiens, les affiches d'un spectacle intitulé "les prêtres". Ce concert, comme ils s'en donnent des milliers chaque année en France, se veut également un acte de solidarité "pour les chrétiens d'Orient." Là comme ailleurs, il convient d'aborder ces sujets avec calme et sérieux.

Ce retrait se faisant au nom de la laïcité et de la neutralité qu'une entreprise publique doit, selon la direction de la RATP, mettre en oeuvre, disant s'interdire de prendre partie à un conflit dans le monde.

Dans le cas présent, il convient de préciser un certain nombre de points. Tout d'abord que la loi de séparation des Eglise et de l'Etat de 1905, stipule clairement que l'Etat ne subventionne aucun culte et ne salarie aucun de ses ministres (hormis les départements concordataires). Ce n'est pas de cela dont il s'agit. Ni dans la lettre, ni dans l'esprit de la loi.

Il s'agit d'un concert, d'une initiative privée. Dont la dimension religieuse est réelle, mais la République laïque, garantit la liberté de conscience et la liberté de culte dès lors que cet exercice ne trouble pas l'ordre public et ne remet pas en cause les libertés qui lui sont attachées. Il n'y a dans le cas présent ni trouble à l'ordre public, ni remise en cause d'une liberté quelconque, ni prosélytisme.

La référence aux "Chrétiens d'Orient" pose semble t-il problème. Il s'agirait d'une prise de position qui engagerait la RATP. En aucun cas.

L'entreprise est-elle engagée par les milliers de messages publicitaires qui ornent les murs du métro ou des bus dont elle a la responsabilité? Dont beaucoup font l'apologie de "valeurs" dont la moralité ou l'éthique sont bien souvent plus que discutables et parfois choquent les consciences.

D’autant plus qu’il s'agit d'un message de solidarité vis à vis d'une minorité dont la persécution, à grande échelle, ne fait aucun doute. Massacres qui sont en partie le résultat d'un certain nombre de politiques occidentales irresponsables.

Comment voir, dans un message publicitaire de nature privée, une atteinte à la laïcité, quand un spectacle, "les prêtres", se veut solidaire de ses coreligionnaires massacrés au Proche-Orient par des groupes fanatiques que nous combattons par ailleurs? Groupes terroristes qui n'hésitent pas à se rendre coupables de crimes contre l'Humanité, comme au Kenya, s'il s'avère que les 149 victimes de l'attentat sur le campus universitaire de la ville de Garissa le furent parce qu’elles étaient Chrétiennes.

La laïcité est d'abord la certitude pour tous de croire ou de ne pas croire, de faire vivre la liberté de conscience. Dans les massacres de masse qui se déroulent au Proche-Orient et dans une partie de l'Afrique, notre conscience de citoyen, au nom de la fraternité, des valeurs universelles qui existent et de notre commune humanité, est engagée.

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