Nous voici donc revenus vingt ans en arrière, quand la France se battait seule pour défendre l'idée de la diversité culturelle, qu'on appelait encore "l'exception culturelle" ou – non sans une pointe d'ironie – "l'exception française"...
Vingt ans que la France a su dire "No" au commissaire européen Leon Brittan, favorable au projet du New Transatlantic Market, une zone de libre-échange avec les Etats-Unis sans traitement spécifique pour les industries culturelles. Vingt ans que la France a su convaincre un à un ses partenaires européens de ne pas considérer les biens culturels, et notamment audiovisuels, comme des "marchandises comme les autres". Vingt ans que la France a permis une prise de position salutaire, par le Parlement européen d'abord, par le Conseil ensuite, afin que l'Union n'intègre pas le cinéma et l'audiovisuel dans les accords du GATT puis de l'OMC. Vingt ans que la France veille à faire confirmer cette position lors des différentes négociations commerciales multilatérales.
Preuve d'un certain "French flair", puisqu'elle aura permis de sauvegarder et de développer les industries culturelles du continent, mais surtout de servir de base à un modèle de défense de la diversité culturelle mondiale, notamment au sein de l'Unesco, avec une déclaration et une convention internationales, adoptées en 2001 et en 2005. Une victoire pour les industries vieillissantes et parfois naissantes, qui, au-delà de l'aspect strictement économique, sert à sauvegarder une transmission sociale par le vecteur de l'image face au risque avéré d'une globalisation, voire d'un impérialisme culturel.
Vingt ans que la France a su dire "No" au commissaire européen Leon Brittan, favorable au projet du New Transatlantic Market, une zone de libre-échange avec les Etats-Unis sans traitement spécifique pour les industries culturelles. Vingt ans que la France a su convaincre un à un ses partenaires européens de ne pas considérer les biens culturels, et notamment audiovisuels, comme des "marchandises comme les autres". Vingt ans que la France a permis une prise de position salutaire, par le Parlement européen d'abord, par le Conseil ensuite, afin que l'Union n'intègre pas le cinéma et l'audiovisuel dans les accords du GATT puis de l'OMC. Vingt ans que la France veille à faire confirmer cette position lors des différentes négociations commerciales multilatérales.
Preuve d'un certain "French flair", puisqu'elle aura permis de sauvegarder et de développer les industries culturelles du continent, mais surtout de servir de base à un modèle de défense de la diversité culturelle mondiale, notamment au sein de l'Unesco, avec une déclaration et une convention internationales, adoptées en 2001 et en 2005. Une victoire pour les industries vieillissantes et parfois naissantes, qui, au-delà de l'aspect strictement économique, sert à sauvegarder une transmission sociale par le vecteur de l'image face au risque avéré d'une globalisation, voire d'un impérialisme culturel.
On croyait Hollywood – avec son puissant et agressif lobby de la Motion Picture Association – calmé vis-à-vis de la politique culturelle prônée par l'Europe, et désormais par le reste du monde, permettant de déroger aux règles marchandes en aidant les industries culturelles nationales. Une "paix des braves" semblait régner, notamment en raison du besoin hollywoodien d'alliés forts, comme l'Europe, dans le combat qu'ils mènent contre le piratage.
Enjeu de civilisation
Et bien voilà que, comme au temps du New Transatlantic Market, des voix européennes se lèvent afin de proposer de ne pas exclure les biens culturels de la négociation du futur accord de libre-échange avec les Etats-Unis, avec l'argument fallacieux – déjà utilisé il y a vingt ans – que, perdu pour perdu, autant se servir du secteur audiovisuel et culturel comme monnaie d'échange au profit d'autres secteurs ayant de meilleures projections économiques.
Une traîtrise qui fait fi du poids économique désormais important du secteur en Europe (25,5 % de part de marché contre 54,5 % pour les Etats-Unis), et surtout de la valeur symbolique de cet enjeu de civilisation qu'est la diversité culturelle.
La position sera bien évidemment défendue par notre pays, comme le confirment le rapport Lescure, transmis au président de la République le 13 mai dernier, ainsi que la proposition de résolution européenne présentée devant l'Assemblée nationale. Cependant, malgré le vote du Parlement européen le 23 mai en faveur d'un retrait des services culturels et audiovisuels du mandat de négociation, la tâche risque d'être plus compliquée qu'il y a vingt ans, en raison de la crise traversée par l'Europe et du prétexte qu'elle fournit à certains, qui reprennent à tort les écrits de Sainte-Beuve : "En ce qui touche les intérêts de l'esprit, les ruines, une fois faites, par le temps qui court, ont grande chance de rester des ruines, et, quand la société a tant à lutter pour subvenir au strict nécessaire, il peut arriver que le jour de la réparation se fasse longtemps attendre pour le superflu."
Mot le plus inapproprié pour parler de culture, surtout en période de crise.
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Source : LeMonde.fr
Enjeu de civilisation
Et bien voilà que, comme au temps du New Transatlantic Market, des voix européennes se lèvent afin de proposer de ne pas exclure les biens culturels de la négociation du futur accord de libre-échange avec les Etats-Unis, avec l'argument fallacieux – déjà utilisé il y a vingt ans – que, perdu pour perdu, autant se servir du secteur audiovisuel et culturel comme monnaie d'échange au profit d'autres secteurs ayant de meilleures projections économiques.
Une traîtrise qui fait fi du poids économique désormais important du secteur en Europe (25,5 % de part de marché contre 54,5 % pour les Etats-Unis), et surtout de la valeur symbolique de cet enjeu de civilisation qu'est la diversité culturelle.
La position sera bien évidemment défendue par notre pays, comme le confirment le rapport Lescure, transmis au président de la République le 13 mai dernier, ainsi que la proposition de résolution européenne présentée devant l'Assemblée nationale. Cependant, malgré le vote du Parlement européen le 23 mai en faveur d'un retrait des services culturels et audiovisuels du mandat de négociation, la tâche risque d'être plus compliquée qu'il y a vingt ans, en raison de la crise traversée par l'Europe et du prétexte qu'elle fournit à certains, qui reprennent à tort les écrits de Sainte-Beuve : "En ce qui touche les intérêts de l'esprit, les ruines, une fois faites, par le temps qui court, ont grande chance de rester des ruines, et, quand la société a tant à lutter pour subvenir au strict nécessaire, il peut arriver que le jour de la réparation se fasse longtemps attendre pour le superflu."
Mot le plus inapproprié pour parler de culture, surtout en période de crise.
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Source : LeMonde.fr