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Publié le Mercredi 22 Janvier 2014 par

La République doit être indifférente aux langues régionales



Tribune de Jean-Luc Laurent, président du MRC et député du Val-de-Marne, parue sur le site Huffington Post, mercredi 22 janvier 2014.


La République doit être indifférente aux langues régionales
Aujourd'hui, les députés sont invités à un exercice particulier: examiner une vraie-fausse révision de la Constitution valant ratification de la Charte européenne des langues régionales. Elaborée au sein du Conseil de l'Europe, la Charte a été signée par la France en 1999 mais n'a jamais été ratifiée au vu de lourdes difficultés juridiques et constitutionnelles mises en évidence à plusieurs reprises par le Conseil d'Etat et le Conseil Constitutionnel. En cas de vote positif du Parlement à la majorité qualifiée, la proposition de loi serait aussitôt... retirée pour laisser place à un texte gouvernemental de même nature.

Je ne suis pas membre de la commission de lois et je ne fais pas partie des éminents juristes qui se disputent depuis 15 ans sur la portée de ce texte et sur sa compatibilité avec un principe constitutionnel fondamental: le Français est la langue de la République.

Je ne suis pas juriste mais je sais qu'aujourd'hui les langues régionales se portent bien et font l'objet d'un soutien important des pouvoirs publics qui permet à 270.000 enfants de recevoir un enseignement en langue régionale. On est bien loin de la persécution jacobine invoquée mécaniquement par les promoteurs des langues régionales.

Je ne suis pas juriste mais je suis convaincu que la nation française doit s'ouvrir au monde et que la priorité doit être l'apprentissage des langues régionales...du monde, celles qui comptent 100 millions de locuteurs (l'allemand, le russe, le chinois, l'arabe, l'espagnol, l'anglais, le portugais, le japonais, l'hindi...) et le soutien déterminé à une Internationale du français, la francophonie. On m'objectera qu'il ne faut pas opposer les langues (y compris patrimoniales comme le grec ancien et le latin), mais à la fin d'une semaine scolaire, on ne peut pas tout faire, tout demander à l'école: il faut donc choisir des priorités.

Je ne suis pas juriste mais je sais que la langue française est liée à la construction de l'Etat depuis l'ordonnance de Villers-Cotterêts. La guérilla folklorique des partisans des langues régionales pourrait faire sourire si elle ne s'inscrivait pas dans un projet plus large d'affaiblissement de cet Etat et de recul de l'uniformité avec une décentralisation de plus en plus à la carte. Contre toutes les forces centrifuges, un Français doit se sentir partout chez lui sur le territoire national. La France est un Etat unitaire et décentralisé, elle n'a pas d'avenir fédéral.

Je ne suis pas juriste mais je sais qu'au XXIe siècle la France doit se réaffirmer comme nation. Les nations ne sont pas mortes et organisent le monde. L'illusion européenne étant largement dissipée, notre pays doit se réaffirmer comme une nation unie et souveraine, une nation tournée vers l'avenir qui n'a pas d'énergie à perdre dans la valorisation des identités locales. Ni pour, ni contre, la République doit être indifférente aux langues régionales. La malheureuse révision constitutionnelle de 2008 qui a introduit les langues régionales dans la Constitution, cet article 75-1 doit garder une portée seulement symbolique.

Je ne suis pas juriste mais je sais que la France doit aussi relever le défi de l'intégration de populations immigrées qui ont du mal à trouver leur place dans notre société et notre nation. Valoriser les identités régionales et recréer des groupes linguistiques autochtones est bien une mauvaise idée au moment où il faut réaffirmer le modèle républicain dont la grandeur et la difficulté reposent justement sur sa capacité à enjamber les identités particulières.

Admettons un instant l'argument des partisans de la Charte des langues régionales qui nous disent que sa portée est symbolique, son contenu inoffensif, et que les jacobins comme moi font beaucoup de bruit pour rien. C'est justement sur ce terrain symbolique qu'il ne faut rien céder. C'est pourquoi, je vote contre ce projet avec les députés MRC. Ce sont les fondements de la République qu'il faut réassurer plutôt que d'alimenter, une fois de plus, une fois de trop, une politique des identités qui mine doucement mais sûrement la cohésion nationale.

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Source : Huffington Post

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Jean-Luc Laurent
Président du Mouvement Républicain et Citoyen. En savoir plus sur cet auteur



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