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Publié le Mercredi 27 Mai 2015

"L'emploi est un statut, une fierté, un moyen d'appartenir à la société"



Intervention de Christian Hutin, député du Nord et vice-président du MRC, à la tribune de l'Assemblée nationale dans le cadre du projet de loi dialogue social et emploi, mardi 26 mai 2015.


Madame la présidente, monsieur le ministre, madame la vice-présidente de la commission, monsieur le rapporteur, au lendemain de nos travaux en commission, un grand journal national titrait « Coup de jeune sur le RSA activité et la prime pour l’emploi ». J’ai trouvé cela très juste, tant sur le plan philosophique et politique que journalistique.

Rappelons l’état des lieux, à savoir la quasi-automaticité de la prime pour l’emploi. J’en sais quelque chose car ma fille, un an après avoir été embauchée avec un petit salaire, a perçu sa prime pour l’emploi. Elle m’a demandé à quoi correspondait cette prime pour l’emploi. Son versement est automatique, pourtant la plupart de nos concitoyens n’en avaient pas connaissance.

Quant au RSA activité, dont le taux de recours atteint 32 %, il n’atteignait pas les jeunes alors même qu’il visait essentiellement le public des jeunes. Mme la ministre, lors des questions au Gouvernement, a indiqué que le nombre des bénéficiaires allait passer de 5 000 à un million. C’est un résultat extraordinaire !

Je remercie le Gouvernement et le rapporteur d’avoir, lors de nos travaux en commission, accepté la philosophie de deux amendements que j’avais déposés avec Jean-Luc Laurent et qui visaient à apporter quelques précisions. Le premier, de nature informatif, destiné à ne pas renouveler les erreurs du RSA activité, a été reformulé avec talent par notre rapporteur Christophe Sirugue ; quant au second, il vise à affirmer qu’on ne peut laisser quiconque imaginer que la majorité des chômeurs ne cherchent pas à trouver un emploi.

L’emploi est un statut, une fierté, un moyen d’appartenir à la société et peut-être même à la Nation.

Ne rejoignons pas le Café du commerce, où on parle de chômeurs professionnels. Allons plutôt voir le film La loi du marché avec Vincent Lindon, qui est beaucoup plus proche de la réalité et qui nous montre la réalité, qui n’est pas le Café du commerce mais la grandeur du cinéma français.

Monsieur le ministre, il y a quelques années, et déjà au cours du mandat précédent, que je dépose, de manière quelque peu cavalière, un certain nombre d’amendements visant à intégrer un certain nombre de salariés au sein du conseil d’administration des entreprises. Je les ai déposés subrepticement, dans différents projets de loi, afin d’abaisser le seuil de 5 000 à 1 000 salariés. Jean-Marc Germain en parlera tout à l’heure. La question des seuils, dont nous avons débattu en commission et sur laquelle nous allons discuter ici, est importante. Les députés du MRC, au nombre de trois, ont déposé une proposition de loi visant à renforcer la présence de salariés dans les conseils d’administration. Elle sera examinée au mois de juin.

Je suis allé jusqu’à proposer, et je peux comprendre que cela soit jugé excessif – cela va plus loin que ce que veulent les frondeurs – que quatre salariés participent au conseil d’administration. Ce serait une avancée extraordinaire.

Je terminerai mon propos en évoquant le burn out. Il y a encore cinq ans, j’ai participé avec un certain nombre d’entre vous à une mission d’information, dont la présidente était Marisol Touraine et le rapporteur Jean-Frédéric Poisson, sur les risques psychosociaux. C’était, à l’époque, un sujet tout à fait nouveau, qui faisait suite aux drames qui étaient survenus chez France Telecom. Nous ne parlions pas encore de burn out, mais nous nous en étions approchés. C’est dire l’évolution qui a eu lieu, depuis quelques années, dans l’esprit des législateurs et des représentants politiques, tout au moins ceux qui sont progressistes, à propos du burn out, et d’autres avancées vont être apportées par ce texte. Elles ne seront pas définitives, nous en avons tous conscience, mais il est important de savoir que le phénomène existe, et dans de nombreux pays. Il est vrai qu’en France, du fait de notre tempérament, nous y pensions peut-être moins qu’ailleurs. Je tiens à remercier le Gouvernement d’y avoir prêté attention dans le cadre des risques psychosociaux.

J’ai appris aujourd’hui, comme beaucoup d’entre vous, que deux étudiants en médecine français se sont suicidés en Roumanie. C’est un geste terrible, que l’on peut lier à la question des études de médecine en France et au numerus clausus. Ces étudiants ont été victimes d’une forme de burn out. Je suis très touché et je considère qu’il est de notre devoir de nous pencher sur ce problème.

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Thierry Cotelle
Président du MRC
Conseiller régional d'Occitanie