Verbatim express
- Aujourd’hui, le peuple grec est pressuré et la situation du pays est extrêmement difficile. Le pays a une responsabilité dans cette situation mais je ne suis pas sûre que le peuple lui-même soit responsable, je suis même plutôt sûre du contraire. La Grèce a des couches intermédiaires : des banquiers, des décideurs économiques et une classe politique qui ont pu poser de sérieux problèmes.
- Si on met tout cela ensemble et que l’on constate qu’à l’extérieur, la Grèce est aux mains des « Docteurs Miracle » de l’Europe, oui le peuple grec a du souci à se faire. Ce sont les médecins de Molière : « La saignée, la saignée, vous dis-je ! ». On doit purger, jusqu’à ce que le pays soit exsangue et quand il le sera, le malade mourra guéri.
- Depuis qu’elle est dans la zone euro, le PIB de la Grèce a été réduit de 25% car c’est un pays touristique. Elle faisait grâce à sa monnaie, des rentrées importantes ; le tourisme représente encore 20% de son économie. Aujourd’hui, elle n’a plus que les salaires comme variable d’ajustement.
- Pierre Moscovici est un représentant particulièrement remarquable de la technostructure politique de la Commission européenne. Ses propos traduisent la voix des politiques sur la Grèce : il me semble que les politiques se sont un peu amollis, je parle notamment de Mme Merkel et de M.Hollande. Nous n’entendons plus dominer la voix de M. Schäuble, qui joue un jeu extrêmement dangereux et néfaste. François Hollande et Angela Merkel sont en réalité effrayés à l’idée que la zone euro pourrait être cassée.
- La zone euro est une véritable religion. C’était une erreur de départ, y compris pour un pays comme le nôtre, mais il ne faut pas qu’on le voie.
- Il n’y a plus d’issue dans cette affaire : on vous demande des réformes structurelles mais ce sont toujours les mêmes. Ce sont des réformes qui vont complétement assécher le pays, créant l’impossibilité de la consommation et des rentrées fiscales, dans un système épouvantable et incontrôlable car on ne peut pas recruter de la fonction publique. Tout cela est d’une absurdité totale.
- Le problème de la dette doit être posé politiquement. Les investissements européens, par exemple, pourraient faire repartir l’économie. Il y a surement un programme de grands investissements, piloté au niveau européen, qui pourrait être fait.
- On peut très bien imaginer un euro-drachme, dans une monnaie commune, qui perdrait 30% par rapport à l’euro actuel.
- En créant une monnaie unique, on a juste oublié une chose : 1 – le marché unique a été fait trop vite, alors que d’autres continents n’avaient pas suivi 2- quand on fait une monnaie, il faut qu’elle en ait tous les attributs. Or, ce n’est pas le cas de l’euro, c’est pourquoi il n’est pas gérable.
- Le Parlement français vote à peine le budget. Nous le votons formellement, sous l’œil de Bruxelles, puisqu’avec le six-pack et le two-pack, il faut que nous remettions notre budget à la Commission européenne qui fait des remarques avant même que nous ayons voté. C’est la raison pour laquelle j’ai voté non au TSCG qui corsette les représentants du peuple français d’une manière qui, à mes yeux, n’est fondamentalement pas démocratique.
- Vous pouvez faire un gouvernement économique de la zone euro par la réunion des Ministres des finances et de l’économie européens, qui au moins sont des représentants de gouvernements qui sont démocratiquement désignés. Ce n’est pas le cas de la BCE.
- La souveraineté est partageable sur des bases démocratiques, c’est-à-dire à la condition que ce soit les gouvernements qui soient représentants de leur peuple et puissent être remerciés par leur peuple lorsque ce dernier n’est pas d’accord. Or tout le système européen consiste à verrouiller la volonté des peuples en imposant des reformes issues de la technostructure.