François Hollande, pour être élu, peut-il n'être que le candidat des partisans du «oui» à l'Europe? Cette question mérite d'être posée. L'idéal serait même que François Hollande y réponde. Après le dernier «sommet» européen, il a en effet déclaré qu'il renégocierait le traité prôné par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy. C'est déjà ça. Mais ce n'est «que ça».
La situation actuelle n'est que le résultat d'un long processus. Celui qui de la fin des années 70 à aujourd'hui a tout fait pour déréguler, abaisser les droits de douanes, déséquilibrer les rapports de forces entre monnaies. L'euro n'est pas responsable de tout cela. Il n'a été que l'instrument efficace d'une idéologie, un outil parmi d'autres, dans la boite des néo-libéraux.
Or les contradictions sont aujourd'hui d'une telle puissance qu'elles finiront par l'emporter. La réaffirmation de la souveraineté allemande, éclatante suite à la décision du tribunal constitutionnel de Karlsruhe du 30 juin 2009, pose une question existentielle à la construction européenne, si cette dernière est conçue comme un projet politique à vocation fédérale. Sauf à dire et à refuser de voir ce qui crève les oreilles et les yeux: ce fédéralisme-là ne peut se faire qu'aux conditions de l'Allemagne et de ses intérêts. Dans cette perspective, ce qui est à craindre n'est pas la force de l'Allemagne, mais la faiblesse de la France. Il s'agira d'une hégémonie douce. Aucun conflit militaire n'est à craindre entre nos deux pays et c'est heureux, mais tous les discours sur la «germanophobie» des uns ou des autres sont ridicules et en réalité démagogiques. Leur seule fonction est classique: nous empêcher d'évoquer l'essentiel.
L'essentiel, c'est la disparition de la liberté des peuples et de la démocratie. C'est la mise en place de l'austérité, de la rigueur et de la mise en coupe réglée de l'héritage issu des luttes sociales et de la Seconde guerre mondiale au profit du marché.
Il faut reconnaître qu'à la fin des années 80, suite à l'effondrement du Mur de Berlin, on nous a vendu l'Europe au nom de l'amitié, de la paix perpétuelle et de la fraternité entre les peuples, alors qu'en réalité on achetait le néo-libéralisme des néo-conservateurs. Il y a eu tromperie sur la marchandise. On se souvient de la phrase de François Mitterrand: «La France est notre patrie, l'Europe est notre avenir.» Qu'en reste t-il aujourd'hui? François Hollande peut-il se faire l'héritier de cet effondrement?
Peut-il être élu sans tenir compte des arguments des partisans du «non» à Maastricht et au Traité constitutionnel européen? Peut-il être élu dans quelques mois sans s'adresser aux Français qui ont voté «non» à 55% le 29 mai 2005? Date historique, alors que tout a été fait pour en effacer l'importance. Je comprends la difficulté politique et intellectuelle dans laquelle François Hollande se trouve. Il doit en quelque sorte faire une révolution copernicienne. Pourquoi la désindustrialisation? Pourquoi la fuite de l'électorat populaire et ouvrier? Pourquoi cette profonde crise nationale? Pourquoi ce rejet des «élites»? Ignorer le «non» sera se condamner à la défaite politique et condamner la France aux dangereuses aventures.
La situation actuelle n'est que le résultat d'un long processus. Celui qui de la fin des années 70 à aujourd'hui a tout fait pour déréguler, abaisser les droits de douanes, déséquilibrer les rapports de forces entre monnaies. L'euro n'est pas responsable de tout cela. Il n'a été que l'instrument efficace d'une idéologie, un outil parmi d'autres, dans la boite des néo-libéraux.
Or les contradictions sont aujourd'hui d'une telle puissance qu'elles finiront par l'emporter. La réaffirmation de la souveraineté allemande, éclatante suite à la décision du tribunal constitutionnel de Karlsruhe du 30 juin 2009, pose une question existentielle à la construction européenne, si cette dernière est conçue comme un projet politique à vocation fédérale. Sauf à dire et à refuser de voir ce qui crève les oreilles et les yeux: ce fédéralisme-là ne peut se faire qu'aux conditions de l'Allemagne et de ses intérêts. Dans cette perspective, ce qui est à craindre n'est pas la force de l'Allemagne, mais la faiblesse de la France. Il s'agira d'une hégémonie douce. Aucun conflit militaire n'est à craindre entre nos deux pays et c'est heureux, mais tous les discours sur la «germanophobie» des uns ou des autres sont ridicules et en réalité démagogiques. Leur seule fonction est classique: nous empêcher d'évoquer l'essentiel.
L'essentiel, c'est la disparition de la liberté des peuples et de la démocratie. C'est la mise en place de l'austérité, de la rigueur et de la mise en coupe réglée de l'héritage issu des luttes sociales et de la Seconde guerre mondiale au profit du marché.
Il faut reconnaître qu'à la fin des années 80, suite à l'effondrement du Mur de Berlin, on nous a vendu l'Europe au nom de l'amitié, de la paix perpétuelle et de la fraternité entre les peuples, alors qu'en réalité on achetait le néo-libéralisme des néo-conservateurs. Il y a eu tromperie sur la marchandise. On se souvient de la phrase de François Mitterrand: «La France est notre patrie, l'Europe est notre avenir.» Qu'en reste t-il aujourd'hui? François Hollande peut-il se faire l'héritier de cet effondrement?
Peut-il être élu sans tenir compte des arguments des partisans du «non» à Maastricht et au Traité constitutionnel européen? Peut-il être élu dans quelques mois sans s'adresser aux Français qui ont voté «non» à 55% le 29 mai 2005? Date historique, alors que tout a été fait pour en effacer l'importance. Je comprends la difficulté politique et intellectuelle dans laquelle François Hollande se trouve. Il doit en quelque sorte faire une révolution copernicienne. Pourquoi la désindustrialisation? Pourquoi la fuite de l'électorat populaire et ouvrier? Pourquoi cette profonde crise nationale? Pourquoi ce rejet des «élites»? Ignorer le «non» sera se condamner à la défaite politique et condamner la France aux dangereuses aventures.