La privatisation de la Française des Jeux est une décision aberrante pour les finances publiques et dangereuse pour la santé publique et la lutte contre le blanchiment d’argent.
La privatisation de l’acteur historique des loteries nationales prévue par la loi PACTE, ne répond à aucune des inquiétudes soulevées quant aux questions de santé, de la lutte contre le blanchiment d’argent. Bien au contraire, c’est une fois de plus, une logique de braderie des actifs publics au profit du secteur privé. L'intérêt public exige le maintien de la FDJ dans la main de l'Etat.
Pour la santé tout d'abord, l'enjeu c'est de lutter contre l'addiction aux jeux d'argent qui constitue un fléau et dont on mesure mieux aujourd'hui les désastres. Il ne faut pas laisser partir la FDJ dans les mains du privé qui recherchera la rentabilité et donc le développement des jeux d'argent afin d'accroître les dividendes des actionnaires privés. L'enjeu de santé publique ne sera pas une préoccupation des actionnaires privés alors qu'il faut se saisir de cette question importante. La privatisation, ce sont des risques accrus d'addiction aux jeux d'argent.
La lutte contre le blanchiment d'argent exige aussi le contrôle public de la FDJ par l'Etat. À l'heure où la lutte contre la fraude et la délinquance financière sont des réalités qui imposent de redoubler d'efforts, il est aberrant de privatiser la FDJ et de se priver d'un outil public indispensable pour surveiller les mouvements financiers liés aux jeux.
Pour mettre en avant son projet, le Ministre de l’Economie promettait la mise en place d’une autorité unique et indépendante chargée du contrôle des jeux. Dans les faits, on va de déception en déception. Finalement, ce seront 30% des mises qui échapperont au contrôle de cette nouvelle agence. En outre, l'actuel fichier des personnes interdites aux jeux n'est pas satisfaisant et mérite d'être renforcé pour être efficace.
La FDJ en chiffres : 15,8 milliards de chiffre d’affaires en 2018 correspondant aux mises des joueurs; 3,5 milliards de recettes issues des taxes. L’enjeu financier pour l’Etat, c’est la perte directe de dividendes reçus par l’actionnaire public : environ 130 millions d'euros que la Française des Jeux verse à l’Etat chaque année. C’est autant d’argent finançant notre système social qui finira dans les mains d’actionnaires privés.
Rien ne justifie cette privatisation à part une application orthodoxe de la doctrine libérale. Il s’agit d'une décision dangereuse qui fait fi de l'intérêt général et d’une vision de court terme. Elle rappelle clairement la privatisation des sociétés d’autoroute dont on mesure aujourd'hui la perte financière pour l'Etat. Cette nouvelle vente du patrimoine des Français doit être combattue fermement et totalement.
Privatiser la Française des Jeux, mais aussi Aéroports de Paris ou encore Engie, c’est brader nos bijoux de famille et spolier les Français !
Les sénateurs ont rejeté en nouvelle lecture le texte de la loi PACTE sur la base d'un refus des privatisations d’Aéroport de Paris, ENGIE, et de la Française des Jeux. Ce sont désormais les députés qui devront se prononcer en lecture définitive. Leur responsabilité est grande. Avec la Gauche Républicaine et Socialiste, je choisis le service de l’intérêt général et non les intérêts privés.