Marianne : Lors d'une « réunion de majorité » organisée la semaine dernière à Solférino, le Parti socialiste a proposé la mise en place d'un comité national pour le droit de vote des étrangers. Dans un communiqué, vous expliquez pourquoi le MRC ne veut pas s'associer à cette démarche. Vous dénoncez notamment un débat « d’une autre époque ». Pourquoi serait-il d’un temps et pas d’un autre ?
Jean-Luc Laurent : On est en 2014 ! La promesse de 1981 est aujourd’hui inopportune, elle ne peut ni ne doit devenir réalité. Elle a été faite il y a plus de trente ans sans jamais être mise en œuvre, ni par François Mitterrand ni par Lionel Jospin. Et le président de la République avait pris acte qu’il n’existait pas de majorité pour mettre en œuvre une telle réforme ni au Parlement, ni parmi les citoyens. Pourtant, le PS propose la mise en place d’un comité national pour réaliser un travail de mobilisation en direction des citoyens. Nostalgique, la gauche cherche à courir derrière les breloques de 1981. C’est un nouveau subterfuge pour éviter les vrais problèmes des Français.
Comme toutes les réformes sociétales, estimez-vous...
Oui, c’est un débat parisien, un nouveau rideau de fumée qui vise à imposer un débat dépassé alors qu’il faudrait parler croissance, emploi, avenir de la France et reconstruction de l’Europe. C’est encore un projet sociétal loin des priorités de nos compatriotes. On a besoin de sens, de sentir un cap et de repères pour affermir la République et la citoyenneté.
Vous pointez le risque de la création d’une « citoyenneté de seconde zone »…
Tout à fait. L’octroi du vote aux élections locales pour les étrangers qui vivent en France est une proposition dangereuse qui reviendrait à créer une catégorie de citoyens de seconde zone à côté de citoyens ayant pleine et entière citoyenneté et qui, eux, pourraient voter à toutes les élections. Il ne faut ni broyer ni fractionner la nationalité : la République est une et indivisible. Les règles de la citoyenneté ne doivent pas être brouillées. Il faut absolument maintenir ce lien entre citoyenneté et nationalité.
Jean-Luc Laurent : On est en 2014 ! La promesse de 1981 est aujourd’hui inopportune, elle ne peut ni ne doit devenir réalité. Elle a été faite il y a plus de trente ans sans jamais être mise en œuvre, ni par François Mitterrand ni par Lionel Jospin. Et le président de la République avait pris acte qu’il n’existait pas de majorité pour mettre en œuvre une telle réforme ni au Parlement, ni parmi les citoyens. Pourtant, le PS propose la mise en place d’un comité national pour réaliser un travail de mobilisation en direction des citoyens. Nostalgique, la gauche cherche à courir derrière les breloques de 1981. C’est un nouveau subterfuge pour éviter les vrais problèmes des Français.
Comme toutes les réformes sociétales, estimez-vous...
Oui, c’est un débat parisien, un nouveau rideau de fumée qui vise à imposer un débat dépassé alors qu’il faudrait parler croissance, emploi, avenir de la France et reconstruction de l’Europe. C’est encore un projet sociétal loin des priorités de nos compatriotes. On a besoin de sens, de sentir un cap et de repères pour affermir la République et la citoyenneté.
Vous pointez le risque de la création d’une « citoyenneté de seconde zone »…
Tout à fait. L’octroi du vote aux élections locales pour les étrangers qui vivent en France est une proposition dangereuse qui reviendrait à créer une catégorie de citoyens de seconde zone à côté de citoyens ayant pleine et entière citoyenneté et qui, eux, pourraient voter à toutes les élections. Il ne faut ni broyer ni fractionner la nationalité : la République est une et indivisible. Les règles de la citoyenneté ne doivent pas être brouillées. Il faut absolument maintenir ce lien entre citoyenneté et nationalité.
De quelle manière ?
En fabriquant de nouveaux Français ! Mieux vaut favoriser une citoyenneté pleine et entière en facilitant l’accès à la citoyenneté pour tous ceux qui le souhaitent et ne pas passer par des chemins de traverse d’une sous-citoyenneté. Il faut au contraire se donner la possibilité de peser sur le cours des choses par la citoyenneté en assouplissant les modalités d’accès à cette dernière. Aujourd’hui encore, il y a trop de freins administratifs à la citoyenneté : ça prend des années ! La République doit être plus généreuse dans son admission à la nationalité pour que la France soit ce qu’elle a toujours été : une terre de brassage. Et il faut faire en sorte que ce soit encore plus le cas. Parce qu’on sait très bien que dans le passé il y a eu des périodes où l’on a freiné l’accès à la nationalité et aux titres de séjour. Comme sous Sarkozy…
Votre idée de « nationalité pour tous » est étonnante de la part du MRC ?
Il n’est pas question de naturaliser tous les étrangers qui résident en France, il y a tout de même des conditions à remplir pour pouvoir accéder à la nationalité. Notamment un critère d’ancienneté de résidence significative. Et le témoignage de son attachement à la France républicaine.
Mais comment s’assurer de cet attachement ?
C’est aux services de l’Etat de le vérifier. Ils le font systématiquement. Il faut exposer sa situation, donner son état civil, être en mesure de répondre à certaines questions… Ça existe mais il y a trop de bureaucratie.
Aujourd’hui, les Français votent de moins en moins. Pourquoi cela intéresserait-il davantage les étrangers nouvellement devenus Français ? Vous avez vous-même appelé à l’abstention aux dernières élections européennes…
Le MRC a choisi l’abstention car les élections européennes ne permettent pas de changer l’Europe. Si les citoyens n’ont pas voté c’est parce qu’on leur a proposé une Europe dont ils ne veulent pas. Sans compter tous les déçus de la majorité de gauche et les orphelins du discours du Bourget de François Hollande qui n’a pas tenu les promesses qu’il avait faites pour réorienter l’Europe. Pour que les gens votent, il faut leur proposer un projet susceptible de les mobiliser, comme c’est le cas aux élections présidentielles où plusieurs projets politiques alternatifs s’affrontent et où les citoyens participent en nombre.
Propos recueillis par Kevin Erkeletyan
Source : Marianne.net
En fabriquant de nouveaux Français ! Mieux vaut favoriser une citoyenneté pleine et entière en facilitant l’accès à la citoyenneté pour tous ceux qui le souhaitent et ne pas passer par des chemins de traverse d’une sous-citoyenneté. Il faut au contraire se donner la possibilité de peser sur le cours des choses par la citoyenneté en assouplissant les modalités d’accès à cette dernière. Aujourd’hui encore, il y a trop de freins administratifs à la citoyenneté : ça prend des années ! La République doit être plus généreuse dans son admission à la nationalité pour que la France soit ce qu’elle a toujours été : une terre de brassage. Et il faut faire en sorte que ce soit encore plus le cas. Parce qu’on sait très bien que dans le passé il y a eu des périodes où l’on a freiné l’accès à la nationalité et aux titres de séjour. Comme sous Sarkozy…
Votre idée de « nationalité pour tous » est étonnante de la part du MRC ?
Il n’est pas question de naturaliser tous les étrangers qui résident en France, il y a tout de même des conditions à remplir pour pouvoir accéder à la nationalité. Notamment un critère d’ancienneté de résidence significative. Et le témoignage de son attachement à la France républicaine.
Mais comment s’assurer de cet attachement ?
C’est aux services de l’Etat de le vérifier. Ils le font systématiquement. Il faut exposer sa situation, donner son état civil, être en mesure de répondre à certaines questions… Ça existe mais il y a trop de bureaucratie.
Aujourd’hui, les Français votent de moins en moins. Pourquoi cela intéresserait-il davantage les étrangers nouvellement devenus Français ? Vous avez vous-même appelé à l’abstention aux dernières élections européennes…
Le MRC a choisi l’abstention car les élections européennes ne permettent pas de changer l’Europe. Si les citoyens n’ont pas voté c’est parce qu’on leur a proposé une Europe dont ils ne veulent pas. Sans compter tous les déçus de la majorité de gauche et les orphelins du discours du Bourget de François Hollande qui n’a pas tenu les promesses qu’il avait faites pour réorienter l’Europe. Pour que les gens votent, il faut leur proposer un projet susceptible de les mobiliser, comme c’est le cas aux élections présidentielles où plusieurs projets politiques alternatifs s’affrontent et où les citoyens participent en nombre.
Propos recueillis par Kevin Erkeletyan
Source : Marianne.net