Congrès 2018 : Intervention de Clôture de Jean-Luc Laurent, Président du MRC




"Chers camarades,
 
Je veux remercier chaleureusement Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann pour leurs interventions qui témoignent, s'il en était encore besoin, des solides convergences de vue que nous avons. Nous avons raison de vouloir bâtir ensemble la maison de la gauche républicaine pour reconstruire la gauche et bâtir une alternative politique. 
 
Je veux aussi vous remercier pour votre confiance qui nous honore, mais surtout nous oblige, avec l’ensemble de la direction nationale. 73,50% pour les orientations proposées par la motion 1 et 74% des délégués qui ont approuvé le texte issu de la commission des résolutions. Ces résultats clairs et massifs nous donnent les moyens d'engager une nouvelle mutation pour notre mouvement politique avec détermination et enthousiasme pour ouvrir une nouvelle perspective et tracer un nouvel espoir. 
 
L’heure est grave. Pendant que nous tenions notre Congrès ce week end, des violences préoccupantes se sont produites durant la journée de mobilisation des gilets jaunes.
 
Nous atteignons un point critique, puisque force est de constater que loin de s’apaiser, l’exaspération populaire qui alimente ce mouvement s’accroît de semaine en semaine et nous place désormais dans une situation quasi insurrectionnelle que la France n’avait plus connue depuis près de 60 ans.
 
Avant d'envisager l'état d'urgence, le Président de la République devrait enfin dire qu'il a entendu et compris, et qu'il va prendre des décisions en réponse à la colère juste et légitime qui s'exprime. La République, c'est l'ordre public face à la violence mais c'est aussi l'ordre social. Au MRC, nous sommes des républicains conséquents : nous sommes les partisans de la République sociale. Je veux donner un conseil au Président de la République qui doit faire, pour une fois, du "En Même Temps" : assurer l'ordre public et l'ordre social. Le Président et le gouvernement ont pense qu'ils pouvaient enfumer le mouvement social qui s'exprime et faire le choix du pourrissement. Continuer à laisser pourrir la situation ne peut qu'entraîner de la violence. 
 
Cette violence qui s’exprime dans la rue est à la mesure de la violence du déclassement social que subit une large part de nos concitoyens que Christophe Guilluy a décrit dans son livre "La France périphérique" et dont il nous a parlé après la sortie de son livre à une Université de rentrée du MRC en 2014. Nous assistons au réveil des classes moyennes en voie de prolétarisation qui rejoignent les classes populaires. C’est une révolte pour la subsistance : comment peut-on accepter que des familles restreignent leur consommation de chauffage pour des raisons de coût ?
 
Nous devons prendre la mesure de la gravité de la situation. Ce mouvement spontané entretient une large méfiance, voire une défiance à l’égard du politique. C’est pourtant la vocation même des partis que de porter des propositions concrètes pour répondre aux aspirations populaires. Avec Aprés d'Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann, nous avons fait des propositions : suppression de la hausse des taxes sur l'essence et le gazole, hausse du pouvoir d'achat et de la fiche de paie ce qui permettrait de revaloriser le travail, tenir une conférence sociale, sorte de nouveau Grenelle pour négocier ces questions. Il faut aussi prendre en compte la question de la démocratie qui s'exprime aussi dans ce mouvement. La proposition de Bastien Faudot de la journée annuelle référendaire doit être mise à l'ordre du jour.  
 
Militants de la gauche sociale et républicaine, nous savons que cette colère est aussi un cri d'alerte et un appel à un espoir,
 
D’une part parce que cela acte un rejet du libéralisme et de la politique menée par    Emmanuel Macron. Cette politique inique consiste à financer 3,2 milliards de baisse d’ISF et 5 milliards avec la flat tax par une augmentation brutale de la fiscalité indirecte. Le Gouvernement finance sans aucune gêne les cadeaux aux riches en prenant directement dans les portefeuilles des pauvres, des couches populaires et des classes moyennes. Et demain la prélèvement à la source, l’augmentation des péages, et demain l’augmentation de l’électricité. Depuis 2008, les ménages ont perdu, selon l'OFCE, 440€. C'est insupportable !
 
Nous devons nous poser la question : pourquoi en sommes-nous arrivés là ?
 
Évidemment, c'est une décision effarante du Président de la République qui a fait le choix au nom du ruissèlement de distribuer des cadeaux fiscaux au plus riches. Mais il y a une autre raison sur laquelle le MRC alerte depuis des années et qui concerne la politique de l'Union européenne. Il s'agit de la règle d'or de la réduction de la dépense publique , du totem des 3% , et des politiques d'austérité imposées avec la perte de la souveraineté budgétaire. Il faut changer ces dispositions inscrites dans les traités qui sont articulées avec la monnaie unique. Il faut rappeler ce qu'est la conséquence de la monnaie unique. Depuis la monnaie unique, il n'y a plus d'ajustement par la monnaie. L'ajustement intervient par la dévaluation sociale. 
 
 D’autre part parce qu’il s’agit d’une remobilisation des citoyens que nous appelions de nos vœux. Les gilets jaunes interrogent avec brutalité mais non sans pertinence toutes les forces de gauche. À la structuration des luttes sociales, les gilets jaunes ont opposé un mouvement spontané, sans figure de proue, qui a rassemblé près d’un demi-million de citoyens dans la rue.
 
Cette colère exhibe les multiples fractures qui traversent la France : d’abord la fracture sociale, cette sécession des élites, avec un fossé qui se creuse chaque jour entre les très riches et tous les autres. La fracture territoriale qui crée des ghettos : les ghettos défavorisés évidemment, en banlieue, mais aussi dans les campagnes, mais pire encore, des ghettos de privilégiés qui créent un apartheid social. Le résultat, c’est toujours plus de repli communautaire. Notre réponse à cette colère juste et légitime c’est la République : la liberté plutôt que le libéralisme, l’égalité plutôt que le communautarisme, la fraternité plutôt que les fractures.
 
Le combat que nous menons, c’est la République une et indivisible. Elle n’a rien de théorique, elle n’a rien d’une incantation, c’est la République de la cohésion qui ne cède pas un pouce au communautarisme, car elle est ferme sur ses principes : laïcité et universalisme. C’est aussi la République de tous les jours : le bureau de poste dans ma commune, la gare SNCF encore desservie, l’hôpital à proximité.
 
Nos élites ont fait le choix de la social-démocratie, du libéralisme mais n’ont jamais fait le choix de cette République, de ce qu'elle suppose pour faire la République en vraie et pour tous. 
 
Notre combat idéologique s’inscrit dans le temps long qui permet d'éclairer l'avenir. Le propre de la politique est de faire coïncider ce temps long avec le temps court des échéances électorales. Les élections européennes de 2019 seront décisives pour l’avenir de la gauche. Deux ans après l’élection d’Emmanuel Macron, les Français sont appelés à s’exprimer par leur vote. Depuis 2 ans, la colère s’intensifie. 5 millions de Français vivent avec moins de 850 € par mois, les étudiants connaissent de plus en plus la précarité, les associations caritatives sont débordées. Pire encore, le président de la République ajoute à cette anxiété sociale un mépris des aspirations populaires, de ce que disent ceux qu’il appelle avec condescendance les « classes laborieuses ». En mai, l’isoloir doit aussi permettre aux Français d’exprimer largement et massivement cette colère.
 
Aujourd’hui, nous sommes seuls, mais nous ne sommes pas isolés. Nos idées sont majoritaires dans le pays. La force du MRC, c’est d’avoir toujours œuvré au rassemblement. C’est le choix que nous avons fait avec la France insoumise pour gagner en mai prochain.
 
Face à la décomposition de la gauche, les alliances partisanes ne suffiront pas. Il est urgent d’amorcer une dynamique nouvelle, d’ouvrir un nouveau cycle. Notre congrès a fait un choix clair : créer une force politique en bâtissant les fondations de la maison de la gauche républicaine dès 2019. "
 
 

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