L’élection d’Emmanuel Macron repose sur l’imposture d’une politique du « en même temps » de droite et de gauche qui est en réalité la fusion des libéraux de gauche et de droite. Cette politique a pu laisser croire à la disparition du clivage gauche-droite. Il n’en est rien !
La réalité rattrape Emmanuel Macron : cette politique clairement de droite ET de droite a pour objectif d’aligner la France sur le modèle du libéralisme.
Pourtant ces clivages politiques n’ont pas disparu. Le clivage gauche-droite ne s’est pas évaporé.
« Il faut être absolument moderne » nous dit Emmanuel Macron comme si nous ne l’étions pas. Ce mot de Rimbaud résonne un siècle et demi plus tard avec d’autant plus de force que nous assistons à la lutte sourde entre deux visions diamétralement opposées de la modernité. Il faut le dire, Emmanuel Macron est le parangon de la modernité libérale radicale, celle qui fait porter à l’individu seul le poids et la responsabilité de sa situation passée, présente et future, entrainant mépris pour les plus pauvres, les plus faibles et fascination pour les plus riches, les plus forts. Celle qui, conséquemment, oppose le marché à l’Etat, le privé au public, l’individu au collectif mais toujours au détriment du second. Face à cette modernité éreintante qui nous abîme collectivement, il demeure l’autre modernité, celle de la promesse républicaine toute entière saisie par Rousseau dans cette admirable phrase du Contrat social : « La liberté, parce que toute dépendance particulière est d’autant de force ôtée au corps de l’Etat ; l’égalité, parce que la liberté ne peut subsister sans elle. » Point de liberté sans égalité, point d’égalité sans un Etat fort et démocratique.
C’est ce qui rend d’autant plus urgente la construction d’une alternative qui doit être adaptée au 21e siècle. Cette alternative doit énoncer les orientations pour une politique de transformation sociale. A cet égard, pour le MRC, la gauche doit aborder franchement la question de la construction européenne dont les politiques d’austérité et ordo-libérales empêchent les politiques de transformation sociale. Gardons à l’esprit cette déclaration de Jean-Claude Juncker : « il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. » C’est la négation même de la démocratie.
C’est un nouveau cycle politique que nous devons ouvrir. Avec l’élection d’Emmanuel Macron c’est la fin du cycle ouvert à Epinay avec la stratégie d’Union de la gauche et le programme commun de gouvernement qui s’achève.
Le choix de l’unité est une exigence au regard de la politique du gouvernement qui attaque les couches populaires, met en cause les services publics et notre modèle social.
Nous ne devons pas être ceux qui s’opposent à la politique d’Emmanuel Macron sans agir concrètement pour bâtir une alternative politique, proposer un projet de transformation sociale et nous donner les moyens de le mettre en œuvre en s’engageant pour le rassemblement et pour la reconstruction de la gauche.
Nous devons joindre le geste à la parole. C’est dans cette perspective que le Mouvement Républicain et Citoyen co-organise cette rencontre aux côtés de l’Union et l’Espoir animé par Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann, et de République et Socialisme.
Réaffirmer notre appartenance commune à la pensée politique féconde et toujours en mouvement de la gauche républicaine, mettre l’accent sur les fondamentaux qui nous rassemblent plutôt que les détails qui nous divisent, c’est cela dont nous avons besoin et que les Citoyens attendent.
C’est une tâche difficile mais c’est une tâche exaltante qu’il nous faut mener avec confiance, exigence et volonté en gardant à l’esprit qu’en tant que républicains nous travaillons au service de l’intérêt général et pour l’intérêt de la France."