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Publié le Mardi 23 Août 2011

Cinq mesures pour soustraire la politique à l'empire de la finance


Mots-clés : finance

Tribune de Julien Landfried, secrétaire national du Mouvement Républicain et Citoyen, parue sur le site Rue89, mardi 23 août 2011.


Cinq mesures pour soustraire la politique à l'empire de la finance
Comment nommer un système politique dont les maîtres sont les grandes banques, les banques d'affaires et les compagnies d'assurance ? Il faut ici affirmer l'enjeu essentiel des prochaines années, pour un gouvernement français authentiquement républicain, de soustraire les politiques publiques et l'économie réelle à la prédation financière.

Les idées directrices ci-dessous pourraient inspirer un tel gouvernement.

1/ Réduire la dépendance de l'Etat aux marchés financiers par une politique de renationalisation de la dette publique
Il s'agit pour l'essentiel de financer les besoins de l'Etat et des organismes de Sécurité sociale par un appel direct à l'épargne des ménages français (mécanisme dit de « dette perpétuelle »). Ces derniers ne sont pas plus mauvais juges de la pertinence d'une politique économique que les opérateurs de marché, bien au contraire, et ils ne perçoivent pas l'Etat sous l'angle unique du débiteur.

2/ Ecarter les anciens dirigeants du secteur bancaire et financier des autorités ministérielles, des conseillers ou des postes de régulateur des autorités de contrôle
La porosité des institutions gouvernementales aux intérêts financiers doit être réduite au maximum, afin d'éviter les possibilités de manipulation, de lobbying ou de délit d'initié. Un certain secret doit entourer les décisions de politique économique et financière du gouvernement, car celles-ci devront sans doute frapper dans le futur le secteur bancaire et financier.

Il est donc crucial que les dirigeants de ces derniers soient tenus à l'écart de ces décisions et qu'ils en subissent le plein effet. Ce point est fondamental car l'épisode de la gestion de la crise financière illustre jusqu'à la caricature l'impunité totale dont ont bénéficié les fauteurs de troubles et la complaisance dont ils jouissent dans les milieux politiques.

3/ Face à la gigantesque crise bancaire qui s'annonce, mettre les banques sous tutelle par l'Etat et remplacer leurs dirigeants
Les dirigeants actuels des banques doivent être écartés et remplacés par des personnels au-dessus de tout soupçon. Des dirigeants de l'industrie, formés par l'économie réelle (c'est-à-dire par la production industrielle) ou des commis de l'Etat (indépendant par culture des habitus du monde de la finance) rempliraient idéalement ce rôle.

Il faut noter ici que ce sont les banques qui étaient managées par des « ringards » (dixit le monde de la finance) qui ont en définitive bien géré leurs affaires (le cas de la Banque Postale en France est emblématique).

4/ Réduire le poids de la finance dans l'économie et les élites en commençant par les grandes écoles
Le problème économique posé est celui de la prédation de la finance qui a crû plus vite que l'économie réelle. Une saine politique devrait consister à réduire son poids (en part du PIB comme en nombre de salariés) dans les prochaines années.

A ce titre, une politique indispensable de réorientation des jeunes élites diplômées doit être menée vigoureusement. Les grandes écoles financées par l'Etat doivent être réorientées vers les besoins fondamentaux de l'économie (santé, énergies renouvelables ou décarbonnées, Internet, enseignement, recherche, etc.). Les jeunes diplômés de ces grandes écoles qui ont vu financer leurs études par l'Etat (comme c'est par exemple le cas à l'Ecole polytechnique, à l'Ecole normale supérieure ou à l'ENA) doivent remplir leurs obligations auprès de celui-ci.

Les sanctions financières prévues en cas de manquement à ces devoirs doivent être à nouveau appliquées, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. Cette politique de bon sens réaffirmerait l'autorité de l'Etat républicain tout en rappelant les élites à un devoir de décence trop souvent oublié.

5/ Cesser de mentionner dans les discours gouvernementaux les avis des institutions financières et des agences de notations
Face aux entreprises de subversion menées par certaines institutions financières et agences de notation, le gouvernement doit cesser toute référence à leurs avis ou conseils. « La politique de la France ne se décide pas à la Corbeille », affirmait le général de Gaulle.

Le drame actuel est que, dans la tête des élites, domine le logiciel imposé par le monde de la finance. Il faut dès lors rendre étanches les discours des autorités gouvernementales de celui des institutions financières pour autonomiser la sphère de la décision politique.

« Ce n'est pas en cassant le thermomètre que l'on fait cesser la fièvre », diront certains. Mais ceux qui fournissent le thermomètre ne sont pas des médecins appliquant le principe « d'abord, ne pas nuire » (primum non nocere) mais les bandits des temps modernes ne perdant jamais une occasion de se servir sur la bête. Ce n'est pas en suivant les « avis » (en fait les injonctions) des princes de la finance que l'on reconstruira une économie robuste, au contraire.

Cette brève liste, par nature non exhaustive, mérite d'être largement complétée, car, telle une hydre, le secteur financier se débattra et d'autant plus que pour le moment, il nous écrase tous… ou presque.

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Source : Rue89

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