Sud Radio - Le grand référendum (41.93 Mo)
Verbatim express
- Reconnaître le burnout comme maladie professionnelle ne serait pas facteur de complication mais au contraire de simplification : le burnout est aujourd'hui considéré comme une simple maladie, la CPAM prend en charge les congés maladie. En revanche, si on le reconnaissait comme une maladie professionnelle, le régime d’assurance des maladies du travail, majoritairement financé par les employeurs, prendrait le relai. Cela n’occasionnerait aucune obligation supplémentaire de « paperasserie » pour l’employeur.
- Sur le burnout, le Ministère du travail a évolué, je pense, sous la pression de notre appel. Je crois qu’il avance plutôt dans l’idée de faire quelque chose ; c’est un acquis important.
- Je pense fortement que, in fine, tout cela est pour le bien de l’entreprise.
- Une entreprise qui traite correctement ses salariés n’a pas de burnout. Par conséquent la production se fait dans de meilleures conditions. Le patronat le comprend-il ? C’est la question qui sera posée.
- Il faut diffuser le message que le burnout ne doit pas aboutir à culpabiliser le salarié. La personne en question se surmène, elle travaille 10h par jour, 6 jours sur 7 et n’y arrive toujours pas. Elle veut en faire toujours plus : c’est un des premiers symptômes inquiétants qui permet de reconnaitre le burnout. On va trop loin et on finit par se consumer littéralement.
- Le salarié n’est pas responsable de quelque chose qui le déborde. Cela tient aux pratiques managériales, à une pression sur la productivité qui est particulièrement forte. Le salarié qui voit reconnaître cela n’est plus exclu.
- Il y a beaucoup de cas où la pression des objectifs quantifiés est telle que le salarié ne peut pas se mettre à distance de ce qu’il fait.
- Il faut qu’il y ait une remise en cause raisonnée de ce modèle managérial, qui est particulier à la France. Nous avons une culture du chef qui pèse particulièrement sur le salarié. Mais tout cela ne serait pas possible sans un environnement d’économie mondialisée et de pression de la rentabilité financière
- Si nous changeons la loi, nous donnerons le signal que le burnout devient autre chose qu’une simple maladie. Cela conduira à réflexion sur l’organisation même de l’entreprise.
- Nous avons lancé dans ce pays depuis 3 ans de grandes négociations entre patronat et syndicats sous le nom d’accord nationaux interprofessionnels. Le burnout est un sujet qui peut entrer dans ce cadre du dialogue social. Au-delà des modifications législatives, il faut qu’il y ait une réflexion constructive et qui débouche sur quelque chose.
- Sur le bore-out (épuisement par l’ennui) : Je pense que ça a toujours existé. C’est la déqualification au travail. C’est l’idée qu’on n’arrive pas à motiver suffisamment le salarié. Cela pose encore la question du modèle managérial.
- Je crois que le travail est une valeur. Il constitue parfois une fuite en avant mais cela est normal. Le problème est lorsqu’on surinvestit ou sous-investit. Comment faire que le travail ne déborde par l’individu par le haut ou par le bas ?
- Il faut être en faveur de tout ce qui implique le salarié dans l’entreprise. L’entreprise est un monde à soi tout seul. Plus le salarié est impliqué dans la direction de l’entreprise, plus les choses se passent bien pour lui. C’est la raison pour laquelle mon mouvement, le MRC, milite pour baisser les seuils de représentation dans l’entreprise. Cela oblige à faire connaître les objectifs, et éventuellement les problèmes, le plus en amont possible aux salariés, même si l’entreprise n’est pas de taille importante.
- Il y a une autre piste pour s’attaquer au burnout : le télétravail. Un cabinet américain a d’ailleurs chiffré des économies considérables à ce sujet.
- Sur la semaine de 32h : cela ne résoudrait rien dans le cadre du burnout. La réduction du temps de travail met les travaux dispersés dans le temps en grande difficulté. Le rapport entre pression sur la productivité et baisse du temps de travail ne me semble pas évident du tout.
- A propos des groupes de parole de salariés surmenés : tout ce qui libère la parole est excellent. Le problème est que vous avez parfois des rivalités de bureau entre collègues qui alimentent le burnout. Et c’est justement parce qu’on ne peut pas en parler collectivement que la pression s’accroit.