Il ne va pas de soi, pour un parti républicain, d’appeler les citoyens à bouder les urnes. C’est pourtant ce qu’a choisi le MRC à l’occasion des élections européennes qui se dérouleront le 25 mai prochain.
Car il semble nécessaire de revenir aujourd’hui à quelques fondamentaux pour justifier ce qui semble injustifiable a priori. A quoi servent les élections dans une démocratie ? Elles servent à désigner des représentants et à leur donner toute la force de légitimation nécessaire pour agir au nom de ceux qui les ont mandatés. La démocratie, comme mode d’organisation et comme instance de légitimation de la décision politique, veut dire souveraineté du peuple. Cette question n’est pas morale mais pratique : aucun choix politique, de surcroit en période de crise, ne saurait être efficace s’il n’est pas adossé à l’expression du corps des citoyens.
Dans le champ démocratique normal, l’abstention n’est pas une option : les absents ont toujours tort. Le suffrage universel fut une conquête dans l’histoire politique dont les Républicains, par définition, ne peuvent que se sentir redevables.
Mais c’est précisément parce que les élections européennes ne relèvent plus du champ démocratique normal que l’option du boycott du scrutin redevient pensable et même souhaitable. Car l’Union européenne est, depuis sa naissance, en dehors de tout processus démocratique. Maastricht, le traité constitutionnel et le pacte budgétaire européen ont été autant d’étapes décisives qui ont été engagées malgré les peuples, et souvent contre eux. Ce déni de souveraineté constitue un aveu stupéfiant : le suffrage universel est reconnu par les élites dirigeantes si et seulement si sa réponse est conforme aux préconisations de celles-ci. Dans les faits, le régime politique de l’Union européenne constitue une forme plus ou moins aboutie d’aristocratie, au sens étymologique du terme : le gouvernement est aux mains d’un petit nombre de personnes (les « meilleurs ») en raison de leur naissance, de leur fortune ou de leur qualification. Cette technostructure n’a de compte à rendre à personne. Et c’est à elle qu’ont été progressivement transférées la souveraineté monétaire puis la souveraineté budgétaire…
Car il semble nécessaire de revenir aujourd’hui à quelques fondamentaux pour justifier ce qui semble injustifiable a priori. A quoi servent les élections dans une démocratie ? Elles servent à désigner des représentants et à leur donner toute la force de légitimation nécessaire pour agir au nom de ceux qui les ont mandatés. La démocratie, comme mode d’organisation et comme instance de légitimation de la décision politique, veut dire souveraineté du peuple. Cette question n’est pas morale mais pratique : aucun choix politique, de surcroit en période de crise, ne saurait être efficace s’il n’est pas adossé à l’expression du corps des citoyens.
Dans le champ démocratique normal, l’abstention n’est pas une option : les absents ont toujours tort. Le suffrage universel fut une conquête dans l’histoire politique dont les Républicains, par définition, ne peuvent que se sentir redevables.
Mais c’est précisément parce que les élections européennes ne relèvent plus du champ démocratique normal que l’option du boycott du scrutin redevient pensable et même souhaitable. Car l’Union européenne est, depuis sa naissance, en dehors de tout processus démocratique. Maastricht, le traité constitutionnel et le pacte budgétaire européen ont été autant d’étapes décisives qui ont été engagées malgré les peuples, et souvent contre eux. Ce déni de souveraineté constitue un aveu stupéfiant : le suffrage universel est reconnu par les élites dirigeantes si et seulement si sa réponse est conforme aux préconisations de celles-ci. Dans les faits, le régime politique de l’Union européenne constitue une forme plus ou moins aboutie d’aristocratie, au sens étymologique du terme : le gouvernement est aux mains d’un petit nombre de personnes (les « meilleurs ») en raison de leur naissance, de leur fortune ou de leur qualification. Cette technostructure n’a de compte à rendre à personne. Et c’est à elle qu’ont été progressivement transférées la souveraineté monétaire puis la souveraineté budgétaire…
Cette abdication est le produit d’une histoire qui a été le principal point de rencontre pour tous les libéraux de gauche comme de droite qui font régulièrement appel à quelques figures tutélaires communes parmi lesquelles Jean Monnet, Jacques Delors ou encore Pierre Mendès-France. Je recommande d’ailleurs vigoureusement la lecture du discours de ce dernier pour rendre raison de son opposition au traité de Rome en janvier 1957. Ce fait est régulièrement « oublié » de ceux qui se prévalent pourtant de l’héritage de Pierre Mendès-France :
« L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, soit le recours à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit la délégation de ces pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle, au nom de la technique, exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement « une politique », au sens le plus large du mot, nationale et internationale. »
Le retournement de l’histoire est tel que ce sont précisément les prétendus démocrates, sociaux-démocrates à gauche ou démocrates-chrétiens à droite, qui tentent aujourd’hui de culpabiliser le citoyen récalcitrant ! Ce sont ceux-là même qui ont piétiné sans vergogne et à plusieurs reprises le choix des citoyens qui leur reprochent aujourd’hui de ne pas daigner se rendre aux urnes. Mais pour quelles raisons les citoyens viendraient-ils offrir sur un plateau un semblant de légitimité à un parlement dont ils savent d’expérience qu’il n’y a rien à attendre ? Les peuples européens, et singulièrement le peuple français, connaissent les vrais lieux de décision politique en Europe. La commission européenne, la cour de justice européenne et la banque centrale de Francfort détiennent les principaux leviers du pouvoir. Ce sont elles qui rédigent les directives, surveillent les budgets, disent le droit et fixent les orientations de politique économique et monétaire.
Dans l’agrégat institutionnel européen, le parlement de Strasbourg est une simulation de démocratie représentative. Malgré les affirmations désespérées de quelques europhiles aveugles, il ne détient pas le pouvoir législatif pour la simple raison qu’il ne détient pas l’initiative en matière législative dont la commission a le monopole. En matière budgétaire, s’il vote les dépenses, il n’a aucun contrôle du volet recettes. Ironie de l’histoire, son rôle est aujourd’hui réduit à celui de la Douma du temps de l’Union soviétique : le corps législatif a un pouvoir formel, c’est-à-dire une apparence de pouvoir. Puisqu’il faut être précis, l’impuissance du parlement européen est compilée dans l’article 225 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne qu’il suffit ici de citer pour prendre toute la mesure l'illusion : « Le Parlement européen peut, à la majorité des membres qui le composent, demander à la Commission de soumettre toute proposition appropriée sur les questions qui lui paraissent nécessiter l'élaboration d'un acte de l'Union pour la mise en œuvre de la Constitution. Si la Commission ne soumet pas de proposition, elle en communique les raisons au Parlement européen. » CQFD.
On ne peut pas se satisfaire de réduire le vote à un rendez-vous quinquennal devant les urnes. Encore convient-il de se préoccuper des règles du jeu qui président à son organisation. De ce point de vue, le scrutin des européennes est un OVNI : 8 grandes circonscriptions qui ne signifient rien pour quiconque. Qui connaît seulement ses députés européens ? Qui sait quoi de leur action, de leur positionnement politique ? Quelle lisibilité politique offre un scrutin qui verra 25 à 30 listes candidates dans chacune de ces circonscriptions ?
Le boycott auquel s’est résolu le MRC est un acte de pédagogie et de courage politique. Lorsque la règle du jeu est viciée, il faut avoir l’audace et la volonté de la dénoncer. Le décalage qu’il y a entre les véritables enjeux économiques et sociaux auxquels sont confrontés les peuples européens d’une part, et le simulacre des élections européennes d’autre part, ne fait qu’aggraver l’incompréhension entre les citoyens et leurs représentants. L’urgence, dans la crise politique et morale que nous traversons, consiste à restaurer l’autorité et la capacité d’action du politique, pas à consacrer son impuissance au terme d’un scrutin pour rien.
Le bulletin de vote est un instrument qui doit être producteur d’histoire, de décisions, d’orientations politiques qui ont un impact sur la réalité. Voter aux élections européennes, c’est octroyer au parlement européen le prestige d’une légitimité qu’il ne mérite pas.
« L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, soit le recours à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit la délégation de ces pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle, au nom de la technique, exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement « une politique », au sens le plus large du mot, nationale et internationale. »
Le retournement de l’histoire est tel que ce sont précisément les prétendus démocrates, sociaux-démocrates à gauche ou démocrates-chrétiens à droite, qui tentent aujourd’hui de culpabiliser le citoyen récalcitrant ! Ce sont ceux-là même qui ont piétiné sans vergogne et à plusieurs reprises le choix des citoyens qui leur reprochent aujourd’hui de ne pas daigner se rendre aux urnes. Mais pour quelles raisons les citoyens viendraient-ils offrir sur un plateau un semblant de légitimité à un parlement dont ils savent d’expérience qu’il n’y a rien à attendre ? Les peuples européens, et singulièrement le peuple français, connaissent les vrais lieux de décision politique en Europe. La commission européenne, la cour de justice européenne et la banque centrale de Francfort détiennent les principaux leviers du pouvoir. Ce sont elles qui rédigent les directives, surveillent les budgets, disent le droit et fixent les orientations de politique économique et monétaire.
Dans l’agrégat institutionnel européen, le parlement de Strasbourg est une simulation de démocratie représentative. Malgré les affirmations désespérées de quelques europhiles aveugles, il ne détient pas le pouvoir législatif pour la simple raison qu’il ne détient pas l’initiative en matière législative dont la commission a le monopole. En matière budgétaire, s’il vote les dépenses, il n’a aucun contrôle du volet recettes. Ironie de l’histoire, son rôle est aujourd’hui réduit à celui de la Douma du temps de l’Union soviétique : le corps législatif a un pouvoir formel, c’est-à-dire une apparence de pouvoir. Puisqu’il faut être précis, l’impuissance du parlement européen est compilée dans l’article 225 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne qu’il suffit ici de citer pour prendre toute la mesure l'illusion : « Le Parlement européen peut, à la majorité des membres qui le composent, demander à la Commission de soumettre toute proposition appropriée sur les questions qui lui paraissent nécessiter l'élaboration d'un acte de l'Union pour la mise en œuvre de la Constitution. Si la Commission ne soumet pas de proposition, elle en communique les raisons au Parlement européen. » CQFD.
On ne peut pas se satisfaire de réduire le vote à un rendez-vous quinquennal devant les urnes. Encore convient-il de se préoccuper des règles du jeu qui président à son organisation. De ce point de vue, le scrutin des européennes est un OVNI : 8 grandes circonscriptions qui ne signifient rien pour quiconque. Qui connaît seulement ses députés européens ? Qui sait quoi de leur action, de leur positionnement politique ? Quelle lisibilité politique offre un scrutin qui verra 25 à 30 listes candidates dans chacune de ces circonscriptions ?
Le boycott auquel s’est résolu le MRC est un acte de pédagogie et de courage politique. Lorsque la règle du jeu est viciée, il faut avoir l’audace et la volonté de la dénoncer. Le décalage qu’il y a entre les véritables enjeux économiques et sociaux auxquels sont confrontés les peuples européens d’une part, et le simulacre des élections européennes d’autre part, ne fait qu’aggraver l’incompréhension entre les citoyens et leurs représentants. L’urgence, dans la crise politique et morale que nous traversons, consiste à restaurer l’autorité et la capacité d’action du politique, pas à consacrer son impuissance au terme d’un scrutin pour rien.
Le bulletin de vote est un instrument qui doit être producteur d’histoire, de décisions, d’orientations politiques qui ont un impact sur la réalité. Voter aux élections européennes, c’est octroyer au parlement européen le prestige d’une légitimité qu’il ne mérite pas.