Nouvel Obs: Dans une tribune publiée sur le site Atlantico, vous critiquez violemment les propositions socialistes et estimez notamment que ce projet "n'augure rien de bon". Pourquoi ?
Julien Landfried: Ce qui frappe quand on lit les propositions du Parti socialiste, c'est qu'il s'agit d'une resucée des programmes de 2002 et de 2007. Pire, celui de 2012 est en retrait par rapport à celui de 2007. Ségolène Royal s'était alors notamment engagée à revenir sur les statuts de la Banque centrale européenne (BCE) en y intégrant l’objectif de l’emploi et de la croissance. Mais cette mesure n'apparait dans aucun des documents présentés mardi par le PS : ni dans le plan détaillé, ni dans le document résumé de 30 pages, ni dans celui, complet, de 75 pages. D'ailleurs, on peut s'étonner de devoir lire trois documents différents pour connaitre leur projet et leurs priorités. Par exemple, la question du rééquilibrage du taux de change de l'euro face au dollar et au yuan chinois n'apparait que dans le document le plus long. Cela montre bien qu'elle n'est malheureusement pas prioritaire pour le Parti socialiste.
Les principaux dirigeants du PS font comme si la zone euro n'était pas menacée d'éclatement comme en témoignent les graves difficultés que connaissent la Grèce, le Portugal et l'Espagne. Ils doivent pourtant expliquer comment ils pourraient sauver l'euro et le réorienter dans un sens favorable au monde du travail. La zone euro n'accélère pas la convergence économiques des pays, mais accroît les divergences internes à la zone, et fonctionne comme un mécanisme de déflation salariale. La France doit de toute urgence discuter avec l'Allemagne. Si elle ne le fait pas la zone euro va s’effondrer par le Sud. Le fonds de stabilisation engagé à l'heure actuelle ne suffit pas pour la sauver. Si la discussion avec l’Allemagne s’avérait impossible, un plan B s’imposerait à la France : quitter la zone euro.
Une autre question doit être posée au PS : celle de la cohérence de sa politique industrielle. La France, reconnaissent-ils enfin, est confrontée à une désindustrialisation dramatique. Au niveau européen, une politique industrielle existe déjà : c’est celle de la commission européenne ultralibérale, soit l’inverse de ce qu’il faudrait faire. Demander une politique industrielle européenne à l’heure actuelle, c’est donc poursuivre l'"irreal politik" européenne dénoncée par Hubert Védrine. Elle est complètement déconnectée de la réalité. Par ailleurs, les socialistes demandent une Banque Publique d’Investissement (BPI). Celle-ci existe déjà avec le Fonds Stratégique d’Investissement (FSI) créé par Nicolas Sarkozy (une de ses rares bonnes idées). En quoi leur BPI sera-t-elle différente du FSI ?
Au final, le sentiment qui domine à la lecture de ce projet est celui d’un certain provincialisme, notamment sur le plan économique.
Les limites des politiques européennes ne sont-elles pas des thèmes éloignés de ceux qui intéressent directement les Français au quotidien ?
Pas du tout, car la France est complètement intégrée dans la globalisation. Ne pas discuter de la situation de la zone euro par exemple, c'est ne pas affronter les réalités internes du pays qui se posent aux classes moyennes et populaires. Le Parti socialiste propose de nouvelles dépenses sociales mais sans crédibilité sur la question industrielle. Or les gens savent que pour financer une politique sociale, il faut avant tout une base industrielle solide.
Le MRC agiterait-il le spectre du "plombier polonais" ?
Nous n'agitons rien du tout. Nous disons simplement que le Parti socialiste fait comme si l'appauvrissement des Français n'était pas d’abord dû à la globalisation financière et à son cheval de troie, la construction européenne. Au sein de l'Union européenne, on a mis fin aux droits de douane, libéré les mouvements de capitaux, permis l’épanouissement de paradis fiscaux... nous laissant sans défense. Il serait sage pour le Parti Socialiste de s’en aviser enfin.
Les sévères critiques que vous adressez à ces "30 propositions", signifient-elles que vous n'envisagez aucune alliance en 2012 avec le PS ?
Il est trop tôt pour le dire. Par contre, ce qui est certain c'est que ce programme ne participe pas au sursaut nécessaire du PS. Appliqué ainsi, une majorité de gauche serait sans armes face à la réalité de l'économie française et internationale dans les premiers mois d'une présidence socialiste. La crise française et la crise de l'euro sévissent, c'est un fait. Le MRC compte peser sur le PS par un dialogue politique qui permettra de mettre la gauche à la hauteur de l’enjeu. Ce dont la France a besoin, ce n'est pas d'une simple alternance mais d'une vraie alternative. On ne peut pas faire comme si le monde n'avait pas changé. Le MRC a sérieusement travaillé sur ces questions et appellera à soutenir un candidat républicain pour 2012, qui ne peut pas être aujourd’hui celui du projet du PS.
Source : NouvelObs.com
Julien Landfried: Ce qui frappe quand on lit les propositions du Parti socialiste, c'est qu'il s'agit d'une resucée des programmes de 2002 et de 2007. Pire, celui de 2012 est en retrait par rapport à celui de 2007. Ségolène Royal s'était alors notamment engagée à revenir sur les statuts de la Banque centrale européenne (BCE) en y intégrant l’objectif de l’emploi et de la croissance. Mais cette mesure n'apparait dans aucun des documents présentés mardi par le PS : ni dans le plan détaillé, ni dans le document résumé de 30 pages, ni dans celui, complet, de 75 pages. D'ailleurs, on peut s'étonner de devoir lire trois documents différents pour connaitre leur projet et leurs priorités. Par exemple, la question du rééquilibrage du taux de change de l'euro face au dollar et au yuan chinois n'apparait que dans le document le plus long. Cela montre bien qu'elle n'est malheureusement pas prioritaire pour le Parti socialiste.
Les principaux dirigeants du PS font comme si la zone euro n'était pas menacée d'éclatement comme en témoignent les graves difficultés que connaissent la Grèce, le Portugal et l'Espagne. Ils doivent pourtant expliquer comment ils pourraient sauver l'euro et le réorienter dans un sens favorable au monde du travail. La zone euro n'accélère pas la convergence économiques des pays, mais accroît les divergences internes à la zone, et fonctionne comme un mécanisme de déflation salariale. La France doit de toute urgence discuter avec l'Allemagne. Si elle ne le fait pas la zone euro va s’effondrer par le Sud. Le fonds de stabilisation engagé à l'heure actuelle ne suffit pas pour la sauver. Si la discussion avec l’Allemagne s’avérait impossible, un plan B s’imposerait à la France : quitter la zone euro.
Une autre question doit être posée au PS : celle de la cohérence de sa politique industrielle. La France, reconnaissent-ils enfin, est confrontée à une désindustrialisation dramatique. Au niveau européen, une politique industrielle existe déjà : c’est celle de la commission européenne ultralibérale, soit l’inverse de ce qu’il faudrait faire. Demander une politique industrielle européenne à l’heure actuelle, c’est donc poursuivre l'"irreal politik" européenne dénoncée par Hubert Védrine. Elle est complètement déconnectée de la réalité. Par ailleurs, les socialistes demandent une Banque Publique d’Investissement (BPI). Celle-ci existe déjà avec le Fonds Stratégique d’Investissement (FSI) créé par Nicolas Sarkozy (une de ses rares bonnes idées). En quoi leur BPI sera-t-elle différente du FSI ?
Au final, le sentiment qui domine à la lecture de ce projet est celui d’un certain provincialisme, notamment sur le plan économique.
Les limites des politiques européennes ne sont-elles pas des thèmes éloignés de ceux qui intéressent directement les Français au quotidien ?
Pas du tout, car la France est complètement intégrée dans la globalisation. Ne pas discuter de la situation de la zone euro par exemple, c'est ne pas affronter les réalités internes du pays qui se posent aux classes moyennes et populaires. Le Parti socialiste propose de nouvelles dépenses sociales mais sans crédibilité sur la question industrielle. Or les gens savent que pour financer une politique sociale, il faut avant tout une base industrielle solide.
Le MRC agiterait-il le spectre du "plombier polonais" ?
Nous n'agitons rien du tout. Nous disons simplement que le Parti socialiste fait comme si l'appauvrissement des Français n'était pas d’abord dû à la globalisation financière et à son cheval de troie, la construction européenne. Au sein de l'Union européenne, on a mis fin aux droits de douane, libéré les mouvements de capitaux, permis l’épanouissement de paradis fiscaux... nous laissant sans défense. Il serait sage pour le Parti Socialiste de s’en aviser enfin.
Les sévères critiques que vous adressez à ces "30 propositions", signifient-elles que vous n'envisagez aucune alliance en 2012 avec le PS ?
Il est trop tôt pour le dire. Par contre, ce qui est certain c'est que ce programme ne participe pas au sursaut nécessaire du PS. Appliqué ainsi, une majorité de gauche serait sans armes face à la réalité de l'économie française et internationale dans les premiers mois d'une présidence socialiste. La crise française et la crise de l'euro sévissent, c'est un fait. Le MRC compte peser sur le PS par un dialogue politique qui permettra de mettre la gauche à la hauteur de l’enjeu. Ce dont la France a besoin, ce n'est pas d'une simple alternance mais d'une vraie alternative. On ne peut pas faire comme si le monde n'avait pas changé. Le MRC a sérieusement travaillé sur ces questions et appellera à soutenir un candidat républicain pour 2012, qui ne peut pas être aujourd’hui celui du projet du PS.
Source : NouvelObs.com